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Tunisie

Mystérieuses fusillades

Douze personnes ont été tuées par les forces de sécurité, selon un bilan officiel. D’autres sources parlent de 25 tués. La fusillade a eu lieu mercredi au sud de Tunis et a été attribuée au même groupe de «criminels» qui avait déjà affronté les forces de l’ordre le 23 décembre dernier. Selon d’autres informations, cette attaque serait une action politique, menée par des «islamistes». Affaire de banditisme ou de terrorisme? C’est la grande question, dans un pays qui affiche une image de calme et de tranquillité.


La fusillade a eu lieu mercredi 3 janvier, à l’aube, à Soliman, près de Nabeul. 

		(Carte : Nicolas Catonné / RFI)
La fusillade a eu lieu mercredi 3 janvier, à l’aube, à Soliman, près de Nabeul.
(Carte : Nicolas Catonné / RFI)

La fusillade aurait eu lieu ce mercredi, 3 janvier, à l’aube, à Soliman, une petite ville touristique de quelque 20 000 habitants, près de Nabeul, à 45 Km au sud de Tunis, et aurait duré deux heures. Le bilan du ministère de l’Intérieur fait état de douze tués, présentés comme de «dangereux criminels» et de quinze personnes arrêtées. Ce bilan officiel ne correspond toutefois pas aux  informations qui ont circulé dans la presse. Ainsi, l’agence Reuters, citant une source proche du même ministère, a fait état de vingt-cinq tués. Ce groupe serait donc le même qui avait été à l’origine d’un premier accrochage dix jours auparavant.

Tout aurait commencé dans la nuit du 23 décembre dernier. Une fusillade avait alors opposé les forces de l’ordre à ce même groupe dans la localité d’Hammam-lif, dans la proche banlieue sud de Tunis. Deux membres de ce groupe y avaient été abattus et deux agents de sécurité blessés dont un grièvement. Depuis, les forces de sécurité traquaient ceux qui s’étaient échappés. Un dispositif exceptionnel de forces de sécurité, y compris d’effectifs de la garde nationale et de militaires avait été déployé sur l’autoroute reliant Tunis au sud du pays. Des barrages de police ont été installés de façon permanente aux entrées des principales villes et dans la capitale pour procéder à des contrôles.

La plupart des journaux avaient évoqué l’incident du 23 décembre comme un fait divers, lié à un trafic d’armes ou de drogue. Seule la presse privée tunisienne, le quodien Assariah et le journal Assabah ont évoqué l’hypothèse d’un groupe terroriste. Cette version serait également soutenue par l’opposition tunisienne. Ce jeudi, le grand quotidien panarabe Al-Hayat affirme que la fusillade du 3 janvier a fait vingt-cinq morts et que «ces hommes armés se seraient infiltrés dans le pays à partir de l’Algérie».

L’année dernière, l’armée algérienne avait arrêté plusieurs Tunisiens lors d’un coup de filet dans une opération de ratissage dans les monts boisés de l’Eddough, dans l’est de l’Algérie .Ceux-ci auraient avoué être «en formation paramilitaire depuis quelques semaines» auprès du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), avec l’objectif de rentrer au pays pour y créer des «foyers du djihad».

En 2002, un attentat avait fait 22 morts (dont 14 touristes allemands) dans la très touristique île tunisienne de Djerba, dans le sud du pays,  revendiqué par la nébuleuse terroriste al-Qaida. La cour d’appel de Tunis vient de confirmer, le 18 décembre dernier, la condamnation à vingt ans de prison prononcée, pour complicité, contre l’oncle de l’auteur de l’attentat-suicide contre la synagogue de Djerba.



par Elisa  Drago

Article publié le 04/01/2007 Dernière mise à jour le 04/01/2007 à 18:22 TU

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Vincent Geisser

Chargé de recherche au CNRS

«La stratégie de répression systématique des opposants en Tunisie finit par produire une sorte de radicalisme que personne ne maîtrise.»

[05/01/2007]