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Proche-Orient

Un sommet pour rien à Charm el-Cheikh

Ehud Olmert et Hosni Moubarak ont campé sur leurs positions respectives à Charm el-Cheik. 

		(Photo : AFP)
Ehud Olmert et Hosni Moubarak ont campé sur leurs positions respectives à Charm el-Cheik.
(Photo : AFP)
Jeudi, à Charm el-Cheikh, le président égyptien Hosni Moubarak et le Premier ministre israélien Ehud Olmert se sont donnés rendez-vous dans la même ville pour un sommet quadripartite avec l’autorité palestinienne et la Jordanie. La date reste à fixer et à Charm el-Cheikh le face-à-face d'hier s'est traduit par une opération de relations publiques où chacun a campé sur ses positions et où personne n’a trouvé son compte. Il est vrai que la rencontre qui devait se pencher sur une relance des négociations de paix a débuté sous de biens mauvais auspices : une violente incursion militaire israélienne à Ramallah où les Palestinien ont payé leur tribut de morts et de blessés, journalistes compris.

De notre envoyé spécial à Charm el-Cheikh

L'opération militaire israélienne à Ramallah est un affront pour Hosni Moubarak qui a pu voir en direct la place centrale de la capitale administrative de l’autorité palestinienne saccagée par des blindés israéliens et par les bulldozers. Signe apparent de cette colère égyptienne, alors qu'Hosni Moubarak et Ehud Olmert venaient à peine d’entamer leurs entretiens, un porte-parole de la présidence égyptienne s’est empressé d’annoncer aux médias que le raïs avait  «fermement rejeté l’opération militaire israélienne».

Chacun campe sur ses positions

A l'heure de leur conférence de presse, les deux hommes sont tendus, surtout Ehud Olmert, car Hosni Moubarak démarre par un assaut frontal. «J’ai exprimé au Premier ministre ma profonde préoccupation et mon mécontentement après ce qui s’est passé à Ramallah. La sécurité ne peut pas être obtenue par la force mais par la paix. J’ai donc appelé M. Olmert à arrêter les actes de violence», assène le raïs. Sur la défensive, le Premier ministre israélien entreprend alors de justifier l’opération de Ramallah par «le droit de l’Etat hébreux à défendre ses citoyens et à poursuivre les terroristes». Toutefois, Ehud Olmert «regrette que des innocents aient été parmi les victimes de l’incident».

Deux concepts différents pour relancer le processus de paix. Pour l’Egypte il faut engager les négociations, y compris avec le Hamas, et ne pas tout geler à chaque violation du cessez-le-feu, en cas de tir de missiles Qassam par exemple. Pour Israël la priorité et d’établir un cessez-le-feu durable au terme duquel des négociations seront engagées avec l’autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Pas question en revanche de discuter avec le Hamas qualifié «d’organisation terroriste qui ne reconnaît pas Israël». A la plainte d’Ehud Olmert contre la contrebande d’armes et d’argent à travers la frontière entre l’Egypte et Gaza, Hosni Moubaraket donne une réponse polie: «on verra ce qu'on peut faire».

Divergence aussi sur le nucléaire. «Israël ne sera pas le premier Etat à introduire les armes nucléaires dans la région»: C’est par cette affirmation ambiguë que le premier ministre israélien répond à une journaliste égyptienne qui l’interroge sur l’arsenal nucléaire israélien. Ehud Olmert s’attaque ensuite au programme nucléaire iranien estimant que c’est Téhéran qui constitue un danger. «L’Iran cherche à introduire des armes nucléaires dans la région et menacerait alors Israël et l’Egypte», estime Olmert.

Pour sa part, le président Hosni Moubarak réitère son appel à l’élimination de toutes les armes de destruction massive du Moyen-Orient. «La question du nucléaire doit être résolue pour éviter une course aux armements. On ne peut pas rester désarmé quand l’autre est armé», déclare le raïs avant de conclure que le Moyen-Orient a besoin de paix, de stabilité et de développement et non pas d’armes nucléaires. Plusieurs pays du Golfe dont l’Egypte est l’alliée ont de leur côté discrètement exprimé leur inquiétude face à une nucléarisation du grand voisin iranien.

Pas de progrès non plus dans l’affaire de l’échange de prisonniers palestiniens contre le caporal israélien Gilad Shalit, enlevé en juin. Le chef de la diplomatie égyptienne avait indiqué avant la conférence de presse que les Palestiniens «n’étaient pas encore mûrs». Seule réalisation de la rencontre : le sommet va donner naissance à un nouveau sommet. Quadripartite cette fois avec l’Egypte, Israël, l’autorité palestinienne et la Jordanie. Le lieu est fixé : Charm el-Cheikh, mais pas la date.



par Alexandre  Buccianti

Article publié le 05/01/2007 Dernière mise à jour le 05/01/2007 à 11:18 TU