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Russie

Noël orthodoxe

La cathédrale Saint-Nevsky à Novgorod. 

		(Photo : <a href="http://www.novgorod.ru" target="_blank">ville de Novgorod</a>)
La cathédrale Saint-Nevsky à Novgorod.
(Photo : ville de Novgorod)

Après les feux d’artifice de fin d’année et le passage du Ded Moroz, le «Père Gel» (le Père Noël russe), le 31 décembre, la Russie célèbre le Noël orthodoxe, le 7 janvier, selon le calendrier julien. Avec le retour des aumôneries dans l’armée, et même, une «Déclaration des droits et de la dignité de l’homme» adoptée cette année, l’Eglise orthodoxe se fait de plus en plus présente dans la vie politique et sociale de la Russie. Avec la bénédiction du Kremlin, elle s’érige, de plus en plus, en défenseur de la patrie russe. Reportage dans la ville de Nijni-Novgorod, à 400 kilomètres à l’est de Moscou.


De notre envoyée spéciale à Nijni-Novgorod 

Les cloches du carillon résonnent à l’entrée du Centre des expositions de Nijni-Novgorod. Les baboushkas (grand-mères en russe), les chaussures pleines de boue et un foulard solidement noué autour de la tête, se bousculent à l’arrivée d’une procession en provenance de la cathédrale Alexandre Nevski, popes en robes jaunes et icônes en tête. Les vieilles femmes couvent une dernière fois du regard l’Archevêque Gueorgui, serré de près par les responsables politiques locaux. Bienvenue à la «Huitième exposition orthodoxe de la ville de Nijni-Novgorod, territoire du Saint Serafim de Sarov».

Située au confluent de la Volga et de l’Oka, à plus de 400 kilomètres de Moscou, la ville de Nijni-Novgorod, avec ses églises restaurées, ses nombreux dômes et bulbes dorés,  est représentative du souffle nouveau que connaît la religion orthodoxe en Russie. L’année prochaine ouvrira le premier jardin d’enfant orthodoxe de la région, sous la bénédiction des autorités locales.

Disques, litterature et miel… orthodoxes

De part et d’autre des allées du centre d’exposition, les visiteurs peuvent trouver, pêle-mêle, de la littérature religieuse, des DVD, des disques de chants traditionnels orthodoxes, des reproductions d’icônes, mais aussi... des produits de consommation courante, comme des vêtements et du miel de pays. Un mélange des genres pour attirer les ouailles ? Une longue barbe rousse, l’air grave dans sa longue robe noire, le père Alexandre, 26 ans, a fait le déplacement depuis la région voisine d’Ivanovo pour représenter la cathédrale de l’intercession de la Vierge.

«J’ai toujours rêvé d’être moine, explique le père Alexandre. Tout petit, ma grand-mère m’emmenait déjà à l’Eglise.» Mais sous l’URSS, il n’en a pas toujours été ainsi. Debout derrière le stand nº103, Zinaïda Kravtchenka représente la toute nouvelle cathédrale de Sergueï le Vénérable, située sur les hauteurs de la ville. Fermé dans les années 30, puis occupé par des peintres officiels qui s’en servaient comme atelier, le bâtiment est ensuite tombé à l’abandon, avant d’être restauré à partir de photos d’époque. Les travaux ont été achevés au mois de novembre. 

Le temps des persécutions est révolu

Vierge Hodegetria (non datée) (Photo : <a href="http://www.novgorod.ru" target="_blank">ville de Novgorod</a>)
Vierge Hodegetria (non datée)
(Photo : ville de Novgorod)

«Cela a commencé sous Gorbatchev», explique Zinaïda, économiste à la retraite qui a décidé de vouer désormais sa vie à Dieu, en travaillant huit heures par jour à l’accueil des visiteurs et à l’entretien de la cathédrale. «Les églises ouvrent à nouveau, l’époque des persécutions est terminée», ajoute-t-elle. Agée de 56 ans, cette grand-mère de deux petites filles explique avoir toujours cru en Dieu, «même si on nous a éduqués comme des athées». Mais Zinaïda affirme avoir eu une révélation il y a quatre ans seulement. «On a apporté une icône de la vierge de Potchaïev [du monastère Saint Job de Potchaïev, en Ukraine] à Nijni-Novgorod. Il y avait beaucoup de monde pour la voir, les gens ont fait la queue pendant 8 heures pour lui rendre hommage. Je me suis approchée, j’ai prié, et là, j’ai reçu la foi

Un peu plus loin, le long des allées, des grappes de baboushkas, amassées devant une icône de la Vierge à trois bras écoutent, les yeux écarquillés à force de concentration, des explications sur comment soigner les douleurs aux articulations. «Cette icône fait des miracles, explique une femme, Vera. Quand vous avez mal aux articulations des bras et des jambes, vous la priez, et elle vous aide.» Au milieu de l’allée, l’archevêque passe, entouré du maire de la ville et d’un représentant du gouverneur de la région. Les grand-mères baissent les yeux et se signent pour marquer leur respect. Parmi les politiques russes, il est devenu de plus en plus courant de s’afficher lors de tels évènements.



par Virginie  Pironon

Article publié le 06/01/2007 Dernière mise à jour le 06/01/2007 à 15:26 TU