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Présidentielle 2007

Sarkozy, c’est parti

«<em>Je veux être le président d'une France réunie</em>» 

		(Photo : AFP)
«Je veux être le président d'une France réunie»
(Photo : AFP)
Nicolas Sarkozy a été plébiscité par les militants de l’Union pour un mouvement populaire. Sur les 233 779 adhérents qui ont participé au vote (le taux de participation est de 69%), 229 779 se sont exprimés en sa faveur. Il peut donc lancer sa campagne en sachant que les troupes sont mobilisées derrière lui. Il peut aussi être satisfait d’avoir réussi à obtenir sur son nom le rassemblement des cadres du parti qui sont tous venus au congrès. Dans une ambiance festive, Nicolas Sarkozy a donc endossé les habits de candidat officiel de sa famille politique et a prononcé un discours programme d’une heure et demi dans lequel il a décliné sa vision de la France et de la République. En terminant par une Marseillaise chantée avec une chorale de jeunes enfants.

Ils sont venus, ils sont tous là. Les militants d’abord. En autocar, en train, en voiture et même, pour les plus chanceux, à pieds : les adhérents de l’UMP ont donné la preuve de leur mobilisation autour de Nicolas Sarkozy en venant nombreux (environ 80 000) à Paris pour le congrès d’investiture de leur champion. Car c’est bien de cela qu’il s’agissait : donner les ailes de l’engouement populaire au candidat de l’UMP, au moment où celui-ci entre véritablement dans la campagne pour l’élection présidentielle.

A perte de vue, dans le hall 1 du Parc des expositions où était organisé le rassemblement, il y avait des militants. Assis, et surtout debout, en vêtements de ville ou harnachés des tee-shirts «objectif 2007», «jeunes populaires», déclinés en rose, jaune, blanc, bleu, orange, certains estampillés d’une formule toute simple : «Nicolas Sarkozy», ils ont manifesté leur enthousiasme en chantant et surtout en applaudissant à chaque fois que le nom du président de l’UMP était cité. Pas de doute, les militants sont venus pour faire la fête avec «Nicolas». Car dans les allées, pas de Sarkozy qui tienne. En famille, on ne s’appelle que par son prénom. «Il est là Nicolas ?», «Nicolas est arrivé ?» Les militants sont venus pour lui, alors la première question était de savoir combien de temps ils allaient attendre pour l’apercevoir, en vrai ou sur l’un des écrans géants disposés dans l’immense hall (une dizaine).

Chauffer la salle

En bon père de famille, Nicolas est venu dès le matin pour chauffer la salle. Sans cravate, simplement pour faire un petit coucou à ses militants, au début du défilé des ténors prévu pour faire monter la mayonnaise jusqu’à l’annonce des résultats du vote électronique.

Quand il est réapparu sur la scène, quelques heures après, Nicolas était redevenu Sarkozy. Il avait revêtu sa panoplie de candidat, digne et sobre : costume sombre, cravate sombre, chemise blanche. Il a pris la parole pour dire son engagement à mener la bataille électorale jusqu’au bout et à mettre en pratique la politique du résultat qui lui tient tant à cœur : «Je n’ai pas le droit de vous décevoir, pas le droit d’hésiter, tout simplement pas le droit d’échouer. Je dois gagner».

Il est vrai qu’après le concert d’éloges auquel il a eu droit, il se devait de manifester une détermination sans faille. Car de Jean-François Copé à Philippe Douste-Blazy, en passant par Edouard Balladur, Pierre Lellouche, Yves Guéna, Xavier Bertrand, Christine Boutin, Renaud Dutreil, et d’autres encore, tous les intervenants du congrès ont insisté sur les qualités du candidat Sarkozy. Courage, énergie, expérience, Nicolas Sarkozy a, selon eux, tout ce qu’il faut pour être président. Tout ce que Ségolène Royal n’a pas. Car au fil des allocutions, l’ennemie a été désignée sans ambiguïté. La candidate socialiste a été piquée, attaquée, parfois raillée. A l’UMP, on le sait, c’est elle qu’il faut combattre. Et le congrès d’investiture a permis aux lieutenants de commencer la bataille. Yves Guéna a parlé de ses propos «qui s’égrènent au fil de la couleur des tailleurs que l’on porte ce jour-là». Christine Boutin a dénoncé «l’insoutenable légèreté de la candidate socialiste» pour mieux mettre en valeur les atouts du programme de l’UMP.

L’ennemie, c’est Ségolène Royal

Même les trois poids lourds qui sont montés à la tribune juste avant Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie, Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé ont tapé sur elle. La ministre de la Défense lui a donné une leçon de politique : «La politique, ça n’est pas une flânerie entre sondages et pages des magazines». Mais c’est Jean-Pierre Raffarin qui a été le plus incisif. Il a déclaré se résoudre à ce qu’elle reste présidente de la Région Poitou-Charentes, qu’elle lui a prise, puisque cela voudrait dire qu’elle a échoué à la présidentielle. Il a ironisé en affirmant qu’elle avait un «grand talent» pour savoir ce que les Français penseront «demain matin». Et d’ajouter que c’était une vision «un peu courte».

Même si Dominique de Villepin n’a réalisé qu’une visite éclair au congrès en compagnie de Jean-Louis Debré, et n’a pas participé à l’ode au président de l’UMP, le camp de la résistance à Sarkozy ne semble plus désormais pouvoir être qu’un club de combattants d’arrière-garde. Après le ralliement de Michèle Alliot-Marie - qui a obtenu un record à l’applaudimètre en l'évoquant devant les militants - et avec le soutien d’Alain Juppé - que celui-ci a placé dans «la continuité» de son engagement politique -, la candidature de Nicolas Sarkozy devient difficile à remettre en cause. Comme l’a dit Michèle Alliot-Marie, en sachant de quoi elle parle puisqu’elle envisageait d’être candidate à la présidentielle : «Il y a un temps pour le débat. Il a eu lieu. Il y a un temps pour la bataille. Il commence aujourd’hui.»

Le combat, Nicolas Sarkozy y est prêt. Et il veut le mener pour une France dans laquelle tout serait possible. C’est d’ailleurs son slogan de campagne. Durant tout son discours, il s’est appliqué à mettre en avant les convictions qui l’animent. Il a plaidé pour le respect des valeurs de la République : liberté, laïcité, fraternité. Il a affirmé son désir de revaloriser le travail pour remettre en marche l’ascenseur social et pour que ceux qui travaillent plus puissent gagner plus. Il a promis d’aider les plus démunis s’ils manifestent le désir de s’en sortir, de moraliser le capitalisme, de privilégier la compétence. Il a décrit la République «réelle», celle dans laquelle il doit y avoir un droit opposable au logement, à la garde d’enfants, à la scolarisation des enfants handicapés. Il a aussi évoqué les devoirs des citoyens. Car dans la France selon Nicolas Sarkozy, on n’a rien sans rien.

«J’ai changé»

Nicolas Sarkozy a donné sa vision de l’Europe et du monde. Il s’est présenté en «Européen convaincu» et s’est engagé à faire en sorte que l’Union puisse fonctionner malgré le rejet de la Constitution, grâce à l’adoption par la voie parlementaire d’un traité simplifié. Il a réaffirmé son opposition à l’entrée de la Turquie dans l’Europe et à un élargissement «sans limite». Il a insisté sur l’enjeu géopolitique pour les Européens d’avoir de bonnes relations avec les pays de la Méditerranée. Nicolas Sarkozy a aussi évoqué les Etats-Unis. Lui auquel on a beaucoup reproché d’avoir critiqué la politique de la France en Irak, lors de sa rencontre avec George W. Bush en septembre dernier, a rectifié le tir. Il a salué le choix du président Chirac qui a refusé de suivre les Etats-Unis dans la guerre et a affirmé que la France ne devait pas hésiter à dire à ce pays qu’il a tort, quand c’est le cas.

Avec ce discours fleuve, Nicolas Sarkozy a placé ses pions. Il a fixé ses objectifs, pris des engagements face aux militants de l’UMP et face aux Français. Mais il a aussi essayé de montrer quel homme il est devenu. Car il sait que la présidentielle est «une épreuve de vérité» dans laquelle il faut donner plus qu’un programme. Il faut convaincre que l’on est la bonne personne pour le conduire. Alors Nicolas Sarkozy a affirmé plusieurs fois au début de son allocution : «J’ai changé». Une manière de dire qu’il a mûri à cause «des épreuves de la vie» et qu’il est prêt.



par Valérie  Gas

Article publié le 14/01/2007 Dernière mise à jour le 14/01/2007 à 18:35 TU

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