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Présidentielle 2007

Ségolène Royal reprend son souffle aux Antilles

Ségolène Royal accueillie le 27 janvier par le maire de Pointe-À-Pitre, Henri Bangou. 

		(Photo : AFP)
Ségolène Royal accueillie le 27 janvier par le maire de Pointe-À-Pitre, Henri Bangou.
(Photo : AFP)
Après une semaine difficile où les attaques de la droite, les critiques au sein du Parti socialiste et les mauvais résultats des sondages ont conjugué leurs effets, Ségolène Royal a repris du poil de la bête sous le soleil des Antilles. En Martinique d’abord, en Guadeloupe ensuite, elle a adopté un ton combatif pour défendre des valeurs de gauche, se présenter comme la vraie candidate «de la France métissée», et appeler les électeurs des deux îles à la soutenir.

A la pêche aux voix. La visite de trois jours effectuée par Ségolène Royal aux Antilles était destinée avant tout à donner envie aux habitants de Martinique et de Guadeloupe d’aller déposer leur bulletin dans l’urne les 21 avril et 5 mai prochains (on votera un jour plus tôt qu’en métropole dans les départements et territoires d’outre-mer). La candidate socialiste estime qu’il y a un vivier de voix dans cette région qui compte environ 630 000 électeurs. Et elle espère bien ne pas y pâtir des mêmes handicaps que Lionel Jospin en 2002. L’ancien Premier ministre avait subi non seulement la concurrence de la candidate du Parti radical de gauche (PRG), la députée de Guyane Christiane Taubira, qui l’avait devancé en Guadeloupe et talonné en Martinique, mais aussi les effets d’un taux d’abstention plus élevé que la moyenne nationale (64 %).

L’équipe de Ségolène Royal espère bien qu’en 2007, les choses se dérouleront plus favorablement. D’abord, parce que la candidate socialiste a réussi à rallier Christiane Taubira, qui a été intégrée à son staff. Ensuite, parce qu’elle a tout fait pour mobiliser les électeurs. Elle a rencontré Aimé Césaire, l’incontournable, qui lui a apporté son soutien. Elle a aussi réuni tous les socialistes locaux autour d’elle, et notamment le président de la Région Guadeloupe, Victorin Lurel, qui l’a accompagnée dans ses déplacements.

Des promesses électorales

Mais surtout Ségolène Royal a abordé, lors de sa visite, les thèmes importants pour les habitants de Martinique et de Guadeloupe. Et en premier lieu celui de l’accès au logement social qui touche un pourcentage élevé de la population (60 % en Guadeloupe). Elle s’est engagée à rétablir les crédits du logement outre-mer après avoir dénoncé l’attitude de la droite qui, dit-elle, les «a réduits depuis cinq ans». Elle a aussi promis d’apurer les dettes locales de l’Etat, de relancer les investissements publics et de réserver aux Antillais une part des postes administratifs.

La candidate socialiste a, par ailleurs, affirmé son engagement à faire de l’outre-mer une question centrale. Elle a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un impératif pour que la France soit «fière et riche de sa diversité». Elle a dénoncé «une lecture révisionniste de l’histoire dont une certaine droite s’est fait une spécialité» et a mis en avant l’apport de la Guadeloupe et de la Martinique à l’histoire de France en rappelant qu’elles y avaient contribué «parfois depuis plus longtemps que certains territoires de métropole (…) y compris en payant l’impôt du sang». Elle a donc plaidé en faveur d’une République qui «ouvre les bras à tous ses enfants».

Pour mobiliser les électeurs, Ségolène Royal s’est aussi adressée en créole à ses supporters en déclarant aux Abymes, près de Pointe-à-Pitre : «Moin se en fanm doubout ! Nou kay cassé ça !», «Je suis une femme debout ! On va tout casser !». Une phrase critiquée par la droite qui y a vu une incitation à briser la République mais qui, dans le langage local, était plutôt un encouragement à «changer» les choses. Ségolène Royal a, en effet, déclaré dans la foulée : «Ne vous abstenez pas, venez voter. Décidez de votre avenir ! J’ai besoin de vous. Nous nous redresserons ensemble». Un appel et une promesse.

C’est aussi en se référant à des personnalités locales qui se sont illustrées dans le combat politique, comme Gerty Archimède, première Guadeloupéenne députée et inscrite au Barreau, que Ségolène Royal a répondu aux attaques dont elle été victime ces derniers jours. Elle a repris ses mots : «Mon pire ennemi, c’est la médiocrité». Une manière de critiquer les méthodes de ses adversaires après la divulgation d’informations sur son patrimoine, la publication par le Canard enchaîné d’un article révélant l’existence d’une enquête des Renseignements généraux sur l’un de ses collaborateurs, Bruno Rebelle, sollicitée, selon l’hebdomadaire, par le cabinet de Nicolas Sarkozy. Mais aussi le canular téléphonique de Gérald Dahan dans lequel elle a évoqué l’indépendance de la Corse. Une nouvelle «gaffe» largement médiatisée. Ségolène Royal a affirmé : «Malgré les mauvais coups j’avance et j’ai besoin de vous».

«Ma maison sera solide»

A ses amis du Parti socialiste, qui ont émis des critiques sur sa manière de faire campagne en commençant par une «phase d’écoute» sans programme, Ségolène Royal a aussi envoyé un message. Elle a réaffirmé : «J’ai la profonde certitude que je parle juste et que demain j’agirai juste pour redresser la France qui mérite mieux que ce qu’elle a». Elle a résumé sa campagne participative en quelques mots : «J’ai posé mes fondations, donc ma maison sera solide. C’est comme un arbre qui étend ses racines. Après, la plante peut s’élever vers le ciel».

Ségolène Royal est donc repartie des Antilles «regonflée». La candidate a donné un ton plus chaleureux à sa campagne. Elle goûté les joies du contact direct avec la population et s’en est trouvée très satisfaite : «La ferveur est là, les gens viennent là, ils ont envie que je sois à leur contact et pas séparée d’eux par un cordon de caméras et de photographes». Elle a même failli esquisser un pas de danse sur une tribune en entendant le zouk qui a rythmé tout son séjour : «Sé-sé-sé-Ségolène» !

par Valérie  Gas

Article publié le 29/01/2007 Dernière mise à jour le 29/01/2007 à 15:59 TU

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