France
Bourde contre bourde sur le nucléaire iranien
(Photo : AFP)
Le chef de l’Etat recevait lundi à l'Elysée trois journalistes, du Nouvel Observateur, du New York Times et de l'International Hérald Tribune. Et c'est au cours de cet entretien que Jacques Chirac a eu des mots et une analyse pas vraiment «politiquement correct» sur l'Iran et le nucléaire. Le président aurait déclaré : «Que l'Iran possède une bombe nucléaire ne serait pas dangereux, car où l'Iran enverrait-il cette bombe ? Sur Israël ? Elle n'aurait pas fait 200 mètres que Téhéran serait rasée».
Pas dangereux que l'Iran possède la bombe nucléaire ? L'analyse, reprise par les journaux, a provoqué un tollé. La position officielle de la France est que l'Iran ne doit pas fabriquer de bombe atomique, comme le prévoit le traité de non-prolifération, mais que le pays a en revanche accès au nucléaire civil.
Le chef de l'Etat pensait s'être exprimé «off», c’est-à-dire sans que les journalistes puissent le citer. Le lendemain, marche arrière toute : le président invitait mardi ces mêmes journalistes à une séance d'explication détaillée. «Evidemment je n'imagine pas que l'on puisse raser Téhéran» a rectifié le président français. Son entourage explique que le chef de l'Etat a eu un raisonnement «condensé». Condensé et schématique. Jacques Chirac a retiré ses propos. L'Elysée dénonce ce jeudi après-midi une «polémique honteuse» et critique les médias américains qui n'hésitent pas «à faire feu de tout bois contre la France».
Dans la classe politique française, les socialistes se sont engouffrés dans la brèche. On est en campagne électorale et la droite s'est beaucoup moquée des «bourdes» de Ségolène Royal et de sa légèreté sur les questions : Québec, Chine... Retour à l'envoyeur, donc. «Heureusement que ce n'est pas un candidat qui tient ce type de propos» déclare le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande. Jack Lang, porte-parole de la candidate Royal, parle de «très grave faute diplomatique», d'«incompétence», de «folie» et d'«irresponsabilité» du chef de l'Etat et de son délégué dans la campagne, Nicolas Sarkozy.
Sur la scène internationale pas d'énormes réactions. La Maison Blanche minimise la portée des mots de Jacques Chirac et déclare n'avoir «aucun doute» sur la détermination de la France à empêcher l'Iran de se doter d'une arme nucléaire.
par Isabelle Chenu
Article publié le 01/02/2007 Dernière mise à jour le 01/02/2007 à 14:23 TU