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Russie

Poutine à la conquête du Moyen-Orient

Le président russe,Vladimir Poutine (gauche), et le roi Abdallah d'Arabie Saoudite, à Ryad. Les deux pays entendent développer leurs relations. 

		(Photo : AFP)
Le président russe,Vladimir Poutine (gauche), et le roi Abdallah d'Arabie Saoudite, à Ryad. Les deux pays entendent développer leurs relations.
(Photo : AFP)
Le président russe était arrivé dimanche en Arabie Saoudite pour une visite de deux jours, à l’invitation du roi Abdallah. Vladimir Poutine a quitté lundi Ryad pour poursuivre au Qatar et en Jordanie sa tournée au Moyen-Orient. Avec ce voyage officiel, le maître du Kremlin compte relancer l’influence diplomatique et énergétique de son pays dans la région.

C’est une réception en grande pompe que le roi Abdallah d’Arabie Saoudite avait réservée à son invité, Vladimir Poutine, arrivé dimanche à Ryad. Dans le protocole d’accueil, rien n’a été laissé au hasard pour montrer l’importance de cette visite, la première d’un dirigeant russe en Arabie Saoudite depuis la création du royaume. Vladimir Poutine a souligné le «changement radical» dans les relations bilatérales entre les deux pays, donnant ainsi le signal d’une nouvelle phase de rapprochement entre Moscou et Ryad.

Même tonalité côté saoudien où le souverain a mis l’accent sur la solidité des rapports entre son peuple et le peuple russe, en rappelant que la Russie, alors soviétique, était le premier pays à avoir reconnu le royaume saoudien en 1926. Depuis ce temps - et surtout depuis la fin de l’URSS - le Kremlin a perdu beaucoup de son influence au Proche et au Moyen-Orient. Pour tenter de regagner du terrain, Vladimir Poutine a choisi de courtiser trois pays alliés traditionnels des Etats-Unis, avec, à l’ordre du jour de ses entretiens à Ryad, Doha et Amman : les relations commerciales et les dossiers brûlants du moment.

Iran, Irak et Palestine au menu

Pour sa part, l’Arabie Saoudite s’inquiète de l’émergence de l’Iran dans la région, sur fond de menace nucléaire. La Russie, traditionnellement proche de Téhéran, peut donc s’affirmer comme un interlocuteur rassurant dans ce contexte. La situation en Irak figure aussi au menu des discussions entre le président russe et les dirigeants arabes. Dans une interview à la chaîne al-Jazira, le 10 février, Poutine avait estimé que la situation était pire aujourd’hui que sous Saddam Hussein. Ses propos avaient suscité l’indignation des Etats-Unis.

Au programme également : le conflit israélo-palestinien. La Russie milite pour la levée des sanctions financières contre le gouvernement palestinien et s’est félicitée de l’accord, signé le 8 février par le Fatah et le Hamas, pour la formation d’un gouvernement d’union nationale, accord conclu sous médiation saoudienne à La Mecque. A Amman, une rencontre avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, devrait également permettre à Vladimir Poutine de montrer que désormais les Etats-Unis ne sont plus les seuls interlocuteurs importants dans le processus de paix au Moyen-Orient. Mais Vladimir Poutine n’est pas seulement dans la région du Golfe pour parler géopolitique. Une délégation d’environs 60 hommes d’affaires russes accompagne le président, espérant profiter du voyage pour conclure des accords sur le plan énergétique et financier.

Pétrole, gaz et matériel militaire

La Russie s’apprête à franchir la dernière marche pour rejoindre l’Arabie Saoudite en tête des producteurs mondiaux de pétrole. A cette fin, Moscou et Ryad avaient déjà conclu en 2003 un accord de coopération pour garantir la stabilisation du marché pétrolier. Le 1er février dernier, dans la persepective de sa tournée au Moyen-Orient, M. Poutine avait de plus évoqué l’intérêt de créer une Opep du gaz. Mais cette initiative n’a pas rencontré le succès espéré côté saoudien où tout projet d’adhésion éventuelle est démenti.

La vente de matériel militaire russe aux Saoudiens semble en revanche beaucoup plus réaliste. D’après une source diplomatique de l’AFP, il s’agirait de quelque 150 chars T-90 et d’une défense anti-missile.



par Stefanie  Schuler

Article publié le 12/02/2007 Dernière mise à jour le 12/02/2007 à 16:34 TU

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Isabelle Facon

Spécialiste des politiques de sécurité et de défense russes

«La Russie a perdu beaucoup des positions qu'elle avait du temps de l'Union soviétique au Proche et Moyen-Orient. »

[12/02/2007]