Présidentielle 2007
Audience record pour le «grand oral» de Ségolène Royal
(Photo : AFP)
Il y a une image qui pourrait résumer cette émission, et la personnalité de Ségolène Royal. Celle d'un homme handicapé, en fauteuil roulant, extrêmement ému au moment de délivrer son témoignage ; il s'effondre en larmes en posant sa question à Ségolène Royal. Le présentateur de l'émission, Patrick Poivre d'Arvor, veut alors enchaîner avec une autre question, mais la candidate socialiste, elle, préfère quitter sa place sur le plateau, pour aller le réconforter... Voilà, tout est montré, en quelques secondes : Ségolène Royal, figure maternelle et compassionnelle de cette campagne.
Ségolène Royal
Extrait de l'émission «J'ai une question à vous poser» du 19/02/07
«N'importe quel homme, qui aurait mon itinéraire professionnel, ne verrait pas mis en cause en permanence sa compétence et sa légitimité.»
Sans doute parce qu'elle est une femme. Elle le dira plus tard : «J'assume mon identité féminine». Ségolène Royal l'a même confié un jour : «j'aime aller dans les maisons de retraites».
Alors face aux questions, aux intérêts très particuliers de ces cent Français recrutés par un institut de sondage, Ségolène Royal était à son aise, elle qui a toujours joué la carte de la proximité en politique ; la seule, quand elle était ministre, qui mettait un talent appliqué à parler des questions de la vie quotidienne, jugées subalternes par certains de ses collègues masculins.
Et d'ailleurs, ce mardi matin, le Premier ministre Dominique de Villepin lui a fait la leçon sur ce thème, en l'invitant à «prendre de la hauteur».
Dominique de Villepin
Réaction au lendemain de l'émission «J'ai une question à vous poser» du 19/02/07
«Gouverner, c'est bien sûr répondre aux préoccupations quotidiennes des Français, mais c'est aussi être capable de prendre des décisions difficiles.»
C'est le principal reproche fait par la droite ce matin : l'absence de «vision globale» et l'absence de chiffrage sur toutes les mesures promises hier soir. A un détail près : le Smic. A Villepinte, il y a dix jours, Ségolène Royal avait promis un salaire minimum à 1 500 euros le plus tôt possible. Ce ne sera finalement que dans cinq ans, parce que, dit-elle, «je ne veux promettre que ce qui est possible», précisément.
Audience et sondages
Cette émission va-t-elle suffire à rompre la spirale dépressive des sondages ? Pour savoir cela, il faudra attendre plusieurs jours. Voir si les sondages s'améliorent. Pour l'heure, ça ne va pas fort. Il y a quelques semaines, alors que les sondages commençaient à dévisser, l'entourage de Ségolène Royal assurait qu'au dessus de 25 % au premier tour, ce n'était pas inquiétant. Il se trouve que la dernière enquête qui a été publiée tombe à 23 % d'intentions de vote au premier tour (c'est à peu près le niveau attribué à Lionel Jospin il y a 5 ans à la même époque).
Plus inquiétant encore, le total des intentions de vote pour l'ensemble de la gauche au premier tour, qui plafonne à 40 % : une réserve de voix évidemment trop limitée pour espérer aujourd'hui l'emporter au second tour.
Alors dans le marasme de ces chiffres, le réconfort est venu de l'émission elle-même : Ségolène Royal a battu le record d'audience, 8,9 millions de téléspectateurs en moyenne, contre 8,2 millions pour Nicolas Sarkozy, lui qui se veut pourtant le champion des Français et des médias.
par Florent Guignard
Article publié le 20/02/2007 Dernière mise à jour le 20/02/2007 à 13:47 TU