Nucléaire iranien
Téhéran, intraitable, poursuit son programme
(Photo : supinfo-projects.com)
L'Agence internationale de l'énergie atomique l'a constaté : l'Iran n'a pas mis fin à son programme d'enrichissement d'uranium, ce qui lui était pourtant demandé par la résolution 1737 du Conseil de sécurité de l'Onu, votée le 23 décembre dernier. Jeudi, l'AIEA a transmis son rapport au Conseil des gouverneurs de l'Agence (qui regroupe 35 Etats-membres) et au Conseil de sécurité de l'Onu. Celui-ci pourrait donc réfléchir à une nouvelle série de sanctions contre l'Iran. Le rapport n'a pas été rendu public, mais des fuites permettent d'en savoir un peu plus sur les avancées réelles du programme nucléaire iranien.
Le rapport de l'AIEA confirme un chiffre jusque là officieux : l'Iran dispose, actuellement, d'un peu plus de 300 centrifugeuses. Ces appareils, installés en cascades, permettent d'enrichir l'uranium, c'est-à-dire d'en obtenir une version suffisamment concentrée pour un usage civil ou militaire.
Il reste beaucoup d'inconnues
Pour l'AIEA, Téhéran s'achemine donc, clairement, vers le stade industriel de la production d'uranium enrichi. D'autant que deux nouvelles cascades de centrifugeuses seraient sur le point d'être installées.
Toujours selon le rapport, les Iraniens ont apporté plus de 8 tonnes de gaz d'uranium sur le site de Natanz (centre du pays), où sont installées les centrifugeuses. C'est-à-dire que le produit destiné à être enrichi se trouve désormais à proximité des machines qui devront l'enrichir. Enfin, dernier point, Téhéran a restreint les opérations de contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
Malgré les sanctions de l'Onu, adoptées en décembre, l'Iran a donc poursuivi son programme d'enrichissement. Et celui-ci avance.
Cela dit, il reste beaucoup d'inconnues. Pour les Iraniens eux-mêmes, qui ne seraient pas encore parvenu à enrichir de l'uranium à hauteur de 5%, le seuil nécessaire pour une industrie nucléaire civile. Quant à la bombe atomique, il faut de l'uranium enrichi à 90% pour la produire. Il faudrait encore des années à l'Iran pour y parvenir.
Quelles sanctions ?
En décembre dernier, le Conseil de sécurité de l’Onu avait adopté une résolution ciblée, la résolution 1737, visant des entreprises ou des ressortissants iraniens travaillant sur les programmes nucléaires et balistiques de leur pays. Il s'agissait, par exemple, de restreindre la circulation des individus concernés par le texte.
On était donc dans un système de sanctions graduelles, pour ne pas dire symboliques.
La résolution 1737 envisageait, aussi, une nouvelle série de sanctions plus dures si l'Iran ne se pliait pas à ses obligations internationales. Et, aujourd'hui, on sait effectivement que Téhéran a poursuivi sur la voie de l'enrichissement.
La France, ou encore les Etats-Unis, appellent d'ores et déjà à de nouvelles sanctions contre l'Iran. Mais, pour les faire adopter, il faudra convaincre la Russie et la Chine, deux pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, mais aussi deux pays traditionnellement proches de l'Iran. Il avait fallu des mois de négociations pour les convaincre de voter la résolution 1737 en décembre dernier. Toute la question, aujourd'hui, est de savoir si Pékin et Moscou voudront s'associer à un durcissement du bras de fer avec Téhéran.
par Nicolas Falez
Article publié le 23/02/2007 Dernière mise à jour le 23/02/2007 à 11:27 TU