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Irak

Une conférence internationale pour sortir du chaos

Nouri al-Maliki, le Premier ministre irakien. 

		(Photo : Reuters)
Nouri al-Maliki, le Premier ministre irakien.
(Photo : Reuters)
Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, organise une conférence internationale à Bagdad, le 10 mars prochain, sur l’avenir de l’Irak. Seront principalement invités les membres permanents du Conseil de sécurité ainsi que les pays voisins de l’Irak. Cette première rencontre préparera une conférence au niveau ministériel qui pourrait se tenir en avril, à Istanbul. Objectif affiché de l’initiative: stabiliser l’Irak qui sombre dans le chaos. Objectif implicite : briser la glace entre les Etats-Unis d’un côté et l’Iran et la Syrie de l’autre.

Joie et satisfaction : telles ont été les réactions des élus démocrate ce mardi au Congrès, à Washington, à l’annonce faite par la secrétaire d’Etat américaine : Condoleezza Rice révélait alors la tenue prochaine d’une conférence internationale à Bagdad sur la sécurité en Irak. La responsable de la diplomatie américaine a assuré le chef du gouvernement irakien, Nouri al –Maliki, du plein soutien à son initiative, qui consiste à inviter une bonne partie des grandes puissances internationales au chevet de l’Irak pour trouver enfin une sortie à l’impasse militaire actuelle. Mais ce qui a réellement provoqué la surprise au Congrès américain c’est bien la liste exacte des invités : en fait, le Premier ministre irakien souhaiterait voir réunis, à Bagdad, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu – à savoir les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine – ainsi que les grandes organisations du monde arabe - telles que la Ligue arabe et l’Organisation de la Conférence islamique – et enfin, les pays voisins de l’Irak : la Turquie, la Jordanie, l’Arabie Saoudite, le Koweït, l’Egypte, la Syrie et l’Iran.  

Des contacts déjà souhaités par le plan Baker

La seule idée d’un possible face à face entre des représentants américains et iraniens ou syriens a suffi à redonner un nouveau souffle aux Démocrates à Washington. Ces derniers se sont félicités de la tenue annoncée d’une telle conférence internationale sur l’Irak en soulignant l’importance «de comprendre que la guerre sera gagnée diplomatiquement, pas militairement». Les députés démocrates n’ont également pas manqué l’occasion pour rappeler les recommandations du prestigieux Groupe d’étude sur l’Irak, conduit par l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker. Celui-ci avait en effet conseillé, en décembre dernier, au gouvernement américain, d’inclure l’Iran et la Syrie dans le processus de paix pour l’Irak.

Mais ces recommandations avaient rencontré, jusqu’à présent, un refus le plus total au sein de l’équipe de George W. Bush. L’administration du président américain avait en effet toujours posé des conditions très fermes préalablement à chaque négociation.

De plus, l’initiative de l’Irakien Nouri al-Maliki arrive à un moment où Washington durcit ses accusations contre Téhéran et Damas. Les Etats-Unis accusent l’Iran de soutenir militairement les milices chiites irakiennes et critiquent la Syrie, l’accusant de laisser passer des extrémistes sunnites qui combattent les GIs américains et commettent des attentats en Irak. Le gouvernement irakien de son côté attend de ces deux voisins puissants de faire pression sur les groupes armés, qu’ils soient chiites ou sunnites, pour faire cesser la violence.

Pour l’Iran et la Syrie, l’invitation irakienne tombe à pic : Les deux pays pourraient, par ce biais, imposer leurs rôles respectifs dans la stabilisation de l’Irak. Une telle conférence internationale leur offrirait, de plus, la plateforme idéale pour enfin pouvoir s’afficher comme puissances incontournables dans la région. C’est la raison pour laquelle personne n’a été surpris que Damas aussi bien que Téhéran aient, d’ores et déjà annoncé leur participation aux discussions de Bagdad, le 10 mars.

En même temps, l’administration Bush fait comme si de rien n’était et se défend vigoureusement d’avoir changé de stratégie envers ses deux ennemis traditionnels. Sean McCormack par exemple, porte-parole du département d’Etat, se plaît à faire des jeux de mots sur le sujet : il a déclaré que Washington n’allait absolument pas abandonner son refus de toute négociation avec Téhéran et Damas, mais qu’en l’occurrence, il s’agirait de simple «discussions» et non de «négociations» pendant les rencontres prévues dans la capitale irakienne.

La France a décidé de «répondre favorablement» à l'invitation, a annoncé le ministère des Affaires étrangères. 



par Stefanie  Schüler

Article publié le 28/02/2007 Dernière mise à jour le 28/02/2007 à 17:42 TU