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Présidentielle 2007

Sarkozy et la politique internationale

 Nicolas Sarkozy a donné sa vision de la politique étrangère de la France. 

		(Photo : Reuters)
Nicolas Sarkozy a donné sa vision de la politique étrangère de la France.
(Photo : Reuters)

Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy a présenté, mercredi à Paris, sa vision de la politique extérieure de la France. Au cours d’une conférence de presse il a défini ses priorités en matière de politique étrangère : assurer la sécurité et l’indépendance de la France ; promouvoir les libertés et les droits de l’homme ; promouvoir les intérêts économiques et commerciaux. Le candidat de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) à la présidence de la République a refusé la rupture avec la politique étrangère de Jacques Chirac. Pour Sarkozy, les grandes décisions internationales doivent faire l’objet d’une concertation avec les grands pays ; les relations entre les Etats devront être plus transparentes et il faudra, également, «bâtir une Union de la Méditerranée». La dissuasion nucléaire reste un «impératif absolu».


Dans son discours d’introduction, Nicolas Sarkozy a souligné que «la politique étrangère de la France ne peut plus se concevoir dans le seul secret des chancelleries et des cabinets» et que «la perspective d’un nouveau quinquennat est l’opportunité de procéder à un diagnostic de notre politique étrangère». Après avoir rappelé que «plusieurs événements ont fait basculer notre monde dans une autre époque», tels que la chute du mur de Berlin, le ministre de l’Intérieur a rendu hommage à l’action de Jacques Chirac qui, selon lui, a «été, à bien des aspects, exemplaire». Il a ainsi souligné le rôle de la France en Bosnie et au Kosovo, tout en rappelant que «les Français savent aussi qu’ils doivent beaucoup à la lucidité de Jacques Chirac de ne pas les avoir entraînés dans une entreprise incertaine, celle d’une guerre en Irak qui était une erreur historique».  

Traité européen simplifié

La politique européenne est la grande priorité de Nicolas Sarkozy et tout particulièrement le règlement de la crise institutionnelle qui dure depuis bientôt deux ans, après le vote négatif des électeurs français et néerlandais, lors des référendums sur la Constitution en mai 2005. Pour le candidat de l’UMP à l’élection présidentielle, «l’urgence, c’est de débloquer les institutions. La première urgence de notre politique internationale, c’est de résoudre la crise institutionnelle européenne ouverte par le ‘non néerlandais et le ‘non’ français». Nicolas Sarkozy a voulu ainsi envoyer un message d’apaisement en direction des capitales européennes qui n’ont pas compris la bouderie des électeurs français : «si je suis élu président de la République, je proposerai à nos partenaires européens un traité simplifié. Il n’aura pas pour but de refondre l’Europe politique, il aura pour but que les institutions européennes se remettent à fonctionner».

Le candidat de l’UMP propose ainsi une série de mesures dans le cadre d’un «traité simplifié», dont la mise en place d’une présidence stable, la création d’un ministre européen des Affaires étrangères et l’extension des compétences en matière judiciaire, pénale et d’immigration, ainsi que l’augmentation du rôle du Parlement européen. Dans ce contexte, Nicolas Sarkozy souhaite «changer la règle de l’unanimité en Europe», car il n’est pas concevable «qu’un seul Etat membre, voire deux, puissent empêcher l’Union d’avancer». Nicolas Sarkozy a également rappelé son opposition à l’adhésion de la Turquie à l’UE. 

Relations transatlantiques

Dans son discours, le candidat de l’UMP s’est également exprimé au sujet des rapports entre Paris et Washington : «L’amitié entre l’Europe et les Etats-Unis est une nécessité pour l’équilibre du monde». Mais il a aussi souligné que «l’amitié c’est d’être avec ses amis quand ils ont besoin de vous et d’être capable de leur dire la vérité quand ils ont tort. L’amitié c’est le respect, la compréhension, l’affection mais ce n’est pas la soumission. Je veux une France libre et une Europe libre. Je demande à nos amis américains de nous laisser libres, libres d’être leurs amis».

Le ministre de l’Intérieur s’est ainsi permis de rappeler que l’Europe n’est plus au centre des préoccupations stratégiques de Washington et que «le renforcement de la défense européenne doit donc être pour nous une absolue priorité». En septembre dernier, lors de sa rencontre avec George Bush à Washington, Sarkozy avait affirmé que la France n’était pas «exempte de reproches» dans sa relation avec les Etats-Unis, ce qui lui a valu des critiques, même dans les rangs de la droite.

Droits des Palestiniens, des Israéliens et des Libanais

«Je mets sur le même plan le droit d’Israël à la sécurité – Israël créée par l’Onu – et le droit des Palestiniens à avoir un Etat viable», a déclaré Nicolas Sarkozy lors de sa conférence de presse. Il a rappelé qu’il refuse de transiger concernant le droit à la sécurité d’Israël. Pourtant, selon lui, «la réaction du gouvernement israélien dans la tragédie libanaise a été disproportionnée. Je ne me sens pas moins ami d’Israël en disant cela». Nicolas Sarkozy s’est engagé, une fois élu, à défendre «avec beaucoup d’énergie le Liban», qui est selon lui «un exemple pour la région». Il a souhaité que la commission d’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri puisse aller jusqu’au bout et que «la Syrie veuille bien considérer que le Liban est un pays libre». Nicolas Sarkozy souhaite enfin que le Hezzbollah «redevienne une organisation politique, accepte d’être désarmé et modifie ses relations avec son partenaire iranien».

Nicolas Sarkozy a également affirmé que l’Iran ne doit pas avoir l’arme atomique, ce qui «ouvrirait la voie à une course aux armements dans la région et deviendrait une menace constante pour l’existence d’Israël et le sud-est de l’Europe». Il a ainsi appelé Téhéran à «choisir entre les sanctions et la coopération avec la communauté internationale». Il a également proposé un programme de coopération avec l’Algérie dans le domaine du nucléaire civil. 

Réduire la présence militaire française en Afrique

Pour Nicolas Sarkozy la présence militaire française en Afrique «devra être limitée au strict minimum, lorsque l’Union africaine sera dotée d’une capacité stratégique et militaire de rétablir elle-même la légalité internationale sur le continent». Pourtant, «l’armée française reste au service de la sécurité en Afrique». Il faudra ainsi «réfléchir davantage aux moyens d’anticiper les crises», conjointement avec l’Union africaine qui est un «partenaire incontournable».

Sarkozy souhaite, néanmoins, que «l’armée française reste au service de la sécurité de l’Afrique mais de préférence sous mandat de l’Onu et de l’Union africaine», soulignant que la présence de bases militaires françaises «est de moins en moins comprise par la jeunesse africaine». Pour le ministre français de l’Intérieur, «la première fonction de ces bases, c’est d’aider l’Union africaine à construire une architecture de paix et une sécurité régionale. Mais aujourd’hui, elles conduisent parfois la France à devoir s’impliquer dans une crise à titre humanitaire pour préserver la sécurité des populations civiles et des ressortissants étrangers. Ces interventions, je le sais, sont parfois mal comprises en Afrique, comme en France», a-t-il ajouté.

Evoquant le conflit du Darfour, Sarkozy a déclaré qu’il y avait «urgence à agir». Pour le candidat de l’UMP, «notre silence face aux 200 000 morts du Darfour n’est pas acceptable». Il a également affirmé que s’il était élu en mai, la politique africaine de la France ne serait plus fondée sur des relations personnelles privilégiées, ce qui peut être une critique voilée à la politique chiraquienne. 

par Antonio  Garcia

Article publié le 28/02/2007 Dernière mise à jour le 28/02/2007 à 19:15 TU