Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Estonie

Elections électroniques

Les électeurs estoniens avaient la possibilité de voter électroniquement avant la date du scrutin. 

		(Photo : Reuters)
Les électeurs estoniens avaient la possibilité de voter électroniquement avant la date du scrutin.
(Photo : Reuters)
Dimanche 4 mars, les 940 000 électeurs estoniens ont été appelés aux urnes pour renouveler le Riigikogu, leur Parlement. 3,4% d’entre eux s'étaient acquittés de leur devoir de citoyen entre le 26 et le 28 février en votant par internet. Une première mondiale. Avant cet Etat balte, aucun pays n’avait offert la possibilité à ses citoyens de se prononcer électroniquement pour une élection nationale.

De notre correspondante dans les pays baltes

Rainer, la trentaine, s’est installé dans un café du centre ville de Tallinn. Il lui reste encore quelques heures devant lui avant que le vote en ligne ne soit clos. Il sort son ordinateur. Exception qui confirme la règle, la connexion internet sans fil est plutôt lente ce mercredi soir. Mais il ne faut pas obligatoirement s’appeler Rainer et travailler comme informaticien pour pouvoir voter en ligne. La procédure, extrêmement simple, est à la portée de tout Estonien qui dispose d’un ordinateur et d’une carte d’identité à puce, délivrée depuis 2002 aux citoyens estoniens.

Une fois sur le site du vote en ligne, un premier code sert à s’identifier. La puce de la carte d’identité sélectionne les candidats de la circonscription du votant. Il ne reste plus qu’à valider son choix en entrant un deuxième code, celui de la signature électronique, livré avec la carte d’identité et déjà utilisé en Estonie pour signer, en ligne, tous les documents administratifs officiels.

Le grand avantage d’utiliser son clavier pour voter est qu’il est possible de se prononcer autant de fois que souhaité ; si, par exemple, vous estimez vous être trompé ou avoir été influencé lors du vote. Et même si vous vous étiez déjà acquitté de votre devoir de citoyen en ligne, il vous est encore possible d’aller glisser, manuellement, votre bulletin dans l’urne, dimanche. Seul le dernier vote sera comptabilisé lors du décompte des voix.

Pour Rainer, voter en ligne tombe sous le sens, «de toute façon, je passe déjà ma journée devant l’ordinateur, pourquoi encore se déplacer dans un bureau de vote et faire la queue, il faut vivre avec son temps ». Pour son amie Triinu, la procédure est tout à fait sécurisée. «Nous sommes tellement habitués à effectuer de nombreuses opérations quotidiennes grâce à internet, comme des virements bancaires, que nous ne pensons même plus que l’on puisse se servir de nos informations personnelles».

Les nouvelles technologies, dès l’indépendance

Le développement des technologies de l’information et leur application à de nombreux domaines fait partie de la stratégie de développement de l’Estonie, comme le rappelle Jaak Anton, président du Conseil de la fondation pour les technologies de l’information en Estonie. «Quand l’Estonie est redevenue indépendante, nous avons dû nous mettre à la recherche de moyens pour assurer un développement de meilleure qualité et rapide. Les technologies de l’information nous ont semblé être le moyen d’être plus efficace. Un  facteur important est que nous avions beaucoup de personnes avec une formation technique, héritage de l’époque soviétique et puis le deuxième facteur est le voisinage de la Finlande. Nous avons pu bénéficier de l’expérience du développement des technologies de l’information en Finlande».

Le vote électronique a été testé pour la première fois en Estonie lors des élections municipales d’octobre 2005. 2% des électeurs avaient choisi la procédure en ligne. Ils sont 3,4%, soit 30 000 électeurs, à l’avoir fait lors de ces législatives, proportion escomptée par le gouvernement. Pour Marek Taam, sociologue, «le vote par internet va renouveler l’intérêt des jeunes pour la chose politique. C’est un moyen formidable pour donner un nouvel élan aux relations entre les citoyens et l’Etat».

L’agitation autour du vote par internet permet, au moins, de rappeler que des élections se dérouleront ce dimanche en Estonie. La loi en vigueur interdit les affiches électorales 40 jours avant le vote. Les villes sont donc vides de tout slogan. Aucun candidat n’affiche sa mine réjouie et bronzée, en grand format sur les murs.

Pour l’élection de ce 11e Parlement, l’économie a été au cœur de la campagne électorale. Les uns proposant de baisser l’impôt sur le revenu de 22 à 18%, les autres de tripler les salaires des fonctionnaires et de doubler les retraites. Grâce aux Verts, présents pour la première fois dans une campagne électorale estonienne, la question de l’énergie et son corollaire, l’indépendance des sources d’approvisionnements, se sont invitées dans le débat.

Les problèmes sociaux, à l’exception des moyens nécessaires pour booster le taux de natalité, ont brillé par leur absence. Pourtant, l’intégration des russophones, l’important taux de prévalence du sida, le manque de plus en plus criant de main d’œuvre, notamment dans le secteur du bâtiment, restent préoccupants. Pas ou peu de débats non plus entre les hommes politiques sur l’avenir de l’Estonie.

«L’économie est excellente, elle résoudra tous les problèmes», tel semble être le credo du Parti du centre et du Parti de la réforme qui gouvernent actuellement et qui sont en tête dans les sondages. C’est l’analyse du politologue Vello Pettai. En effet, le pays connaît une croissance économique fabuleuse, 11% en 2006 et un taux de chômage aux environs de 5%.  La coalition au pouvoir a de fortes chances d’être reconduite.



par Marielle  Vitureau

Article publié le 02/03/2007 Dernière mise à jour le 02/03/2007 à 15:46 TU

Audio

Estonie: vote en réseau

Par Patrick Adam

«Le vote électronique est une opération banale dans un pays où 82% des déclarations d'impôt se font par Internet.»

[02/03/2007]