Côte d'Ivoire
Sortir de la crise avant la fin de l’année
(Photos: AFP)
Un grand pas en avant, et quelques questions à régler. Voila comment l’on pourrait résumer l'accord signé ce dimanche à Ouagadougou. Le grand pas en avant, c'est bien évidement la question de l'identification, qui est au coeur de la crise ivoirienne. Afin d'actualiser les listes électorales, l'accord prévoit de relancer les audiences foraines. Elle débuteront dans 7 semaines, et dureront 3 mois. La procédure est simplifiée : lors de ces audiences, les magistrats délivreront des certificats de naissance, certificats qui serviront ensuite à la Commission électorale indépendante pour former la nouvelle liste électorale. Entre les Ivoiriens ayant atteint la majorité depuis le dernier scrutin et ceux qui n'ont pas - ou plus - de papiers, le corps électoral devrait augmenter de près de 3 millions de personnes.
En ce qui concerne l'autre dossier, à savoir le programme de désarmement et de démobilisation, tout n'est pas encore réglé. Les deux parties se donnent deux semaines pour créer un centre de commandement intégré. Aucune date n'est donnée pour le début du désarmement.
Autre point important dans cet accord : la disparition de la zone de confiance. De fait, la communauté internationale est priée de partir. L'accord prévoit le remplacement de cette zone de confiance par une ligne verte, qui suivra à peu près le même tracé. Des patrouilles mixtes, FDS (Forces de sécurité et de défense, loyalistes) et FN (Forces nouvelles) patrouilleront dans la zone. Quand aux forces impartiales, casques bleus et Licorne, il leur est demandé de réduire progressivement leurs effectifs jusqu'à leur départ définitif.
Quant à l'autre pilier de l'implication de la communauté internationale, le Groupe de travail international (GTI), il n'est même pas cité dans l'accord. Le groupe de travail est remplacé par un Comité d'évaluation et d'accompagnement. Ce CEA a, en gros, les mêmes missions que le GTI, à savoir évaluer périodiquement la mise en oeuvre de l'accord, mais il n'est composé que d'Ivoiriens, à l'exception du président Burkinabé.
L'accord met aussi de coté un certain nombre d'acteurs de la vie politique ivoirienne. A commencer par le Premier ministre. Le sort de Charles Konan Banny semble scellé. Un nouveau gouvernement doit voir le jour dans 5 semaines, et il y a peu de chances pour qu'il soit reconduit à la primature. Son nom n'est d'ailleurs même pas cité dans le texte de l'accord. Ce n'est pas le cas des deux leaders de l'opposition Henri Konan Bédié et Alassanne Ouattara. Ils feront partie, tout comme Guillaume Soro et Laurent Gbagbo, d'un cadre permanent de concertation, un nouvel organisme créé pour favoriser le dialogue entre Ivoiriens. Son rôle sera d'examiner toute question relative à l'accord. Sans plus de précisions. Voila qui ressemble fort à des postes honorifiques.
Signalons enfin que les signataires de l'accord n'ont pas oublié de demander à l'ONU de lever les sanctions frappant les acteurs de la crise ivoirienne.
Quant à la France, elle estime que le retrait de la communauté internationale est envisageable progressivement. Sur RFI, Brigitte Girardin, la ministre de la Coopération a estimé que «maintenant, les conditions sont réunies pour que les Ivoiriens eux-mêmes arrivent à surmonter leurs difficultés. C'est une très grande satisfaction pour nous de voir que les Ivoiriens ont retrouvé cette confiance entre eux et se sont appropriées toutes les solutions que la communauté internationale avait préconisées».
par RFI
Article publié le 05/03/2007 Dernière mise à jour le 05/03/2007 à 08:07 TU
