Présidentielle 2007
Veaux, vaches, cochons… et élections
(Photo : Marc Verney/RFI)
Il y a un candidat paysan, et c’est lui qui a décidé de se dispenser de visite au Salon de l’agriculture. José Bové a organisé un «contre-salon» en ouvrant les portes de son exploitation dans le Larzac au moment où la plus grande ferme de France réunit, à Paris, les représentants de ce secteur d’activité. C’est sa manière à lui de défendre ce qu’il appelle «l’agriculture paysanne» et non «productiviste» : donner à voir sa bergerie et sa maison 100% écologique plutôt que d’aller taper «sur le cul des vaches», en file indienne avec les autres candidats à la présidentielle.
Il est vrai aussi que José Bové sait qu’il n’a peut-être pas beaucoup à attendre des agriculteurs en terme électoral. Les sondages indiquent que, parmi ces derniers, les deux candidats qui tiennent la tête sont Nicolas Sarkozy et François Bayrou. Quelque 32% des agriculteurs affirment se sentir proches du premier et 26% du second. Arrivent ensuite Jean-Marie Le Pen (13%) et Ségolène Royal (10%). José Bové est un cran en-dessous avec 6%, au coude à coude avec Philippe de Villiers.
Chirac donne le ton
Les enquêtes ne citent pas Jacques Chirac dont on connaît l’attachement au monde agricole. Le président de la République, qui a participé une trentaine de fois au salon depuis 1974, est hors course. Non pas tant parce qu’il n’est pas candidat -on ne connaît toujours pas sa décision- mais plutôt parce que, de toute manière, il n’a plus rien à prouver à des agriculteurs dont il a toujours pris grand soin. Il a d’ailleurs montré qu’il était encore prêt à s’enflammer pour défendre la cause agricole à l’occasion de l’inauguration du Salon 2007. Le chef de l’Etat a saisi l’occasion pour se fâcher tout rouge contre le commissaire européen Peter Mandelson, négociateur à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il l’a accusé sans ménagement de ne pas défendre assez bien les intérêts des agriculteurs bénéficiaires de la Politique agricole commune (PAC) face aux Etats-Unis, dans les négociations internationales en cours. Une fois de plus, Jacques Chirac a su tenir le langage que les professionnels du secteur attendaient.
Les candidats en lice pour prendre la suite à l’Elysée auront donc fort à faire pour s’assurer le même succès que le chef de l’Etat dans les allées du salon. Certains, comme François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, ont déjà préparé le terrain en rencontrant Jean-Michel Lemétayer, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), avant même l’ouverture de la ferme couverte du Parc des expositions de Paris. Le dirigeant du principal syndicat de la profession leur a dit clairement ce qu’il attendait : «Je compte sur le futur chef de l’Etat pour porter haut et fort les couleurs de l’agriculture dans le débat international et européen». L’un des principaux enjeux étant celui de la renégociation de la PAC et des subventions dont bénéficient les paysans français.
Même si les agriculteurs sont moins nombreux qu’auparavant, ce secteur qui fournit environ deux millions d’emplois pèse encore lourd dans l’économie française. La France est le premier producteur agricole de l’Union européenne et le deuxième exportateur mondial de produits agroalimentaires derrière les Etats-Unis. Pas question donc pour les candidats, de donner l’impression de sous-estimer leur poids et leur influence avant une élection présidentielle.
Ce que proposent les principaux candidats :
Ségolène Royal veut développer «des filières de qualité» et concilier l’agriculture avec l’écologie. Elle propose entre autres de réorienter la PAC vers les aides agro-environnementales et d’arrêter les essais OGM en plein champ. Mais aussi de faire en sorte que les aides soient mieux réparties entre gros et petits exploitants, notamment en régionalisant leur gestion.
François Bayrou s’intéresse au niveau de vie des agriculteurs. Il défend les «prix garantis» et une meilleure organisation de la profession pour améliorer les conditions du marché et contrebalancer la puissance des centrales d’achat. Il prône un moratoire sur les OGM.
Nicolas Sarkozy entend s’attaquer à la renégociation de la PAC pour l’après 2013, afin de trouver les moyens d’assurer une rémunération des professionnels en rapport avec les prix de leur production. Il désire déconcentrer la grande distribution et permettre la transparence des prix.
Jean-Marie Le Pen propose de mettre à parité les retraites agricoles avec les autres retraites, de créer une caisse chargée «d’amortir la dette paysanne» et un fonds d’intervention pour la campagne.par Valérie Gas
Article publié le 06/03/2007 Dernière mise à jour le 06/03/2007 à 14:27 TU