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Art

René Lalique : bijoux d’exception pour femmes hors du commun

Epingle de chapeau Guêpes : or, émail, opale, diamants taille rose. 

		(Photo : Ole Woldbye, Copenhague/Adagp, Paris 2006)
Epingle de chapeau Guêpes : or, émail, opale, diamants taille rose.
(Photo : Ole Woldbye, Copenhague/Adagp, Paris 2006)
En donnant leurs lettres de noblesse à de nouvelles pierres, en réinventant des matériaux, en créant des formes inspirées par la faune et la flore et en élevant le corps et le visage féminins au rang de motif, René Lalique (1860-1945) a inventé le bijou moderne. Véritables hymnes à la femme, ces créations exceptionnelles et parfois jugées provocatrices, ne pouvaient être portées que par des personnalités d’exception dont l’actrice Sarah Bernhardt est la plus connue.

Sarah Bernhardt sera la plus prestigieuse ambassadrice, jusqu’aux Etats-unis et au Brésil de l’art de René Lalique, qui commence à travailler en 1894 pour la tragédienne, en réalisant les bijoux qu’elle porte dans «Gismonda», une pièce de Victorien Sardou. Une occasion pour Lalique de donner libre cours à sa passion pour la haute époque byzantine.

Ornement de corsage Scarabées : or, émail, chrysoprase, diamants ou brillants. 

		(Photo : Lalique/Adagp, Paris 2006)
Ornement de corsage Scarabées : or, émail, chrysoprase, diamants ou brillants.
(Photo : Lalique/Adagp, Paris 2006)

Une passion qui est loin d’être exclusive, puisque l’art de Lalique s’est nourri d’un écclectisme qui va de l’art égyptien à la renaissance gothique, en passant par la faune et la flore, observées  dans sa champagne natale, mais aussi sur les estampes japonaises. Un écclectisme qui est aussi celui de son époque, la fin du XIXe siècle, mais «à partir duquel il va se faire un répertoire qui lui est propre», précise Anne Eschapasse, directrice des productions du Musée du Luxembourg. 

Inventeur du bijou moderne  

Pendant de cou Femme Libellule, ailes ouvertes : or, émaux polychromes. 

		(Photo : J.L. Stadler/Adagp, Paris 2006)
Pendant de cou Femme Libellule, ailes ouvertes : or, émaux polychromes.
(Photo : J.L. Stadler/Adagp, Paris 2006)

Un répertoire de motifs mais aussi de matériaux  avec lesquels ce joaillier va bouleverser les codes en vigueur, et d’artisan se muer en véritable artiste. «Jusqu’à Lalique, explique Dany Sautot, co-commissaire de l’exposition, les pierres avaient plus de valeur que le bijou lui-même». Or, diamants, pierres précieuses et perles faisaient le prix du bijou. A ces matériaux traditionnels, Lalique va préférer  l’émail, l’opale, la pierre de lune, ou encore la corne, l’ivoire artificiel et le verre. «Imaginez de la corne incrustée de diamants : il bouleverse les traditions», déclare Yvonne Brunhammer, commissaire de l’exposition. C’est à Yvonne Brunhammer, alors conservatrice en chef  du Musée des Arts décoratifs à Paris, qu’on doit l’exposition qui en 1991 restituait à René Lalique son statut «d’inventeur du bijou moderne» auprès d’un grand public plus familier jusque là de son travail sur le verre auquel il se consacre exclusivement après 1914. 

Novateur par les matériaux, il l’est aussi par les motifs, qui suscitent parfois la polémique: une épingle à chapeaux où butinent des guêpes, un pendentif avec des scarabées ou des chauves-souris sur un peigne. «Les clientes ne pouvaient qu’être des femmes exceptionnelles pour porter des bijoux aussi singuliers», affirme Anne Eschapasse, soulignant que les deux ans de préparation de l’exposition ont permis aux organisateurs de rencontrer «des personnalités extraordinaires, dans l’univers féérique» que constituent les collectionneurs de l’œuvre de Lalique. 

Un hymne à la femme

Flacon de parfum pour Coty. 

		(Photo : Lalique/Adagp, Paris 2006)
Flacon de parfum pour Coty.
(Photo : Lalique/Adagp, Paris 2006)

Des bijoux d’exception pour des femmes qui ne le sont pas moins. Des bijoux qui sont aussi un véritable hymne à la femme pour laquelle René Lalique ne cesse d’exprimer sa vénération : femmes ailées, papillons ou libellules, femmes au cou de cygne, mi-florale, mi-animale la femme est présente sur les bijoux. Si la passion de la féminité est partagée par les artistes de l’art nouveau, représenter la femme sur des bijoux portés par des femmes est une hérésie dans la joaillerie du XIXe siècle qui proscrit toute représentation humaine … Une femme inspire toutes celles que Lalique sculpte sur ses bijoux : sa muse et compagne, Augustine-Alice Ledru, dont le père et le frère sont eux-mêmes sculpteurs.

La participation de René Lalique aux expositions universelles de 1900 à Paris, et 1904 à Saint-Louis aux Etats-unis, vont contribuer à asseoir sa renommée internationale, comme son amitié avec le collectionneur Calouste Gulbenkian. Une renommée internationale qui s'exprime par la diversité des horizons d'où sont venues les quelque 400 oeuvres rassemblées au Musée du Luxembourg. Citons le musée Calouste Gulbenkian de Lisbonne, le Metropolitan Museum of Art à New York ou  le musée Lalique à Hakone au Japon. En rassemblant ces œuvres – études, dessins, modèles, bijoux, photographies, peintures et  sculptures – réalisées entre 1890 et 1912 par René Lalique et ses contemporains, l’exposition présentée au Musée du Luxembourg permet de prendre toute la mesure de la dimension de cet artiste qui, du bijou à la verrerie, imprimera sa marque dans l’histoire des Arts décoratifs du début du XXe siècle.

L'affiche de l'exposition. 

		(Photo : Musée des Beaux-Arts de Quimper/Adagp, Paris 2006)
L'affiche de l'exposition.
(Photo : Musée des Beaux-Arts de Quimper/Adagp, Paris 2006)


par Danielle  Birck

Article publié le 06/03/2007 Dernière mise à jour le 06/03/2007 à 18:21 TU