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Idées

Jean Baudrillard ou «la disparition de la vérité»

Le sociologue et philosophe français Jean Baudrillard - ici en 2001 - est décédé mardi à Paris, à 77 ans. 

		(Photo : AFP)
Le sociologue et philosophe français Jean Baudrillard - ici en 2001 - est décédé mardi à Paris, à 77 ans.
(Photo : AFP)
Jean Baudrillard est mort mardi à l’âge de 77 ans des suites d’une longue maladie. Philosophe et sociologue, il avait élaboré au cours des quarante dernières années une critique radicale des médias et de la société de consommation. Il est l'auteur de plus d’une cinquantaine d’ouvrages traduits dans plusieurs langues.

Même si Jean Baudrillard est surtout connu pour son analyse des médias, la portée de son œuvre s’étend à d’innombrables sujets, de la consommation aux relations de couple, de la compréhension sociale de l’histoire à la Guerre du Golfe ou aux attentats du 11 septembre 2001. L’une des idées maîtresses de son œuvre, très inspirée par l’écrivain argentin Jorge Luis Borges, mais aussi les penseurs Marshall McLuhan et Roland Barthes, repose sur le concept de virtualité. Pour Baudrillard, la société contemporaine a remplacé l’original par le simulacre. Une théorie qu’il a notamment développée pendant la deuxième Guerre du Golfe, conflit lors duquel, écrivait-il, les images télévisées avaient fini par prendre le pas sur la guerre véritable.

«Intellectuel dégagé» pour les uns, «fossoyeur des utopies» pour les autres, Jean Baudrillard est un penseur inclassable : prolifique, brillant et incisif, faisant feu de tout bois pour alimenter ses ouvrages. Ainsi, en 1986, un voyage aux Etats-Unis dont il rentre subjugué lui inspire Amérique, un feu d’artifices de formules et de théories parfois sauvages.

Un philosophe contesté

Son goût du paradoxe, de même que son style souvent difficile, lui avaient d’ailleurs attiré de nombreuses critiques. Ainsi son rejet complet de l’œuvre de Michel Foucault (Oublier Foucault, 1977) lui avait valu d’être rejeté par une partie de la communauté intellectuelle française, qui lui a parfois dénié le nom de philosophe. Dans un autre registre, Alan Sokal et Jean Bricmont ont dénoncé dans leur ouvrage sur les impostures intellectuelles (1997) son usage abusif de termes et de concepts scientifiques : «En fin de compte, on peut se demander ce qu’il resterait de la pensée de Baudrillard si l’on retirait tout le vernis qui la recouvre».

Auteur de plus d’une cinquantaine d’ouvrages traduits dans plusieurs langues, Jean Baudrillard était très apprécié aux Etats-Unis, où son œuvre a percé bien au-delà des milieux intellectuels. C’est ainsi que les cinéastes Andy et Larry Wachowski l’ont cité comme source d’inspiration pour leur trilogie Matrix. Inspiration paradoxale - puisque Matrix est avant tout un film d’action à gros budget – que Jean Baudrillard n’a jamais voulu commenter.

par Elisabeth  Lequeret

Article publié le 07/03/2007 Dernière mise à jour le 07/03/2007 à 13:46 TU