Proche-Orient
Israël récuse le nouveau cabinet palestinien
Le Premier ministre palestinien désigné, Ismaïl Haniyeh, a formellement présenté, jeudi, au président Mahmoud Abbas, la liste du gouvernement d'union. Il est composé de dix ministres du Hamas, outre le Premier ministre Ismaïel Haniyeh et un ministre d’Etat, contre six pour le Fatah du président Mahmoud Abbas. Le cabinet compte aussi huit ministres «indépendants» agréés par les deux mouvements. Israël a annoncé officiellement qu'il refusait de traiter avec ce nouveau gouvernement.
(Photo : Reuters)
Après de longues et difficiles tractations, le Premier ministre palestinien issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a présenté, ce jeudi, la liste du futur gouvernement d’union nationale censé mettre fin à la crise politique interne sans précédent entre le Hamas et le Fatah. Plusieurs mois de violences interpalestiniennes ont fait des dizaines de morts. Le nouveau cabinet palestinien devrait, aussi, œuvrer pour la levée des sanctions diplomatiques et financières occidentales imposées après la victoire du Hamas aux élections en mars 2006, les Etats-Unis et l’Union européenne ayant inclus le Hamas dans la liste des organisations terroristes.
Le nouvel exécutif palestinien, le premier au sein duquel cohabitent le Fatah et le Hamas depuis la création de l’Autorité palestinienne en 1994, compte 25 ministres. Le Hamas du Premier ministre Ismaïl Haniyeh garde dix ministères, dont les portefeuilles de l’Economie, de la Justice et de l’Education. Il compte aussi un ministre d’Etat (Wasfi Qabha). Pour sa part, le Fatah dispose de six portefeuilles dans le nouveau gouvernement, dont un poste de vice-Premier ministre (Azzam Al- Ahmad).
Les portefeuilles de l’Intérieur et des Affaires étrangères ont été confiés à des indépendants. Hani Al-Qawasmeh, un haut responsable du ministère de l’Intérieur, a été désigné à la tête de ce ministère. Le choix du titulaire de ce portefeuille-clé avait constitué le principal point d’achoppement pendant les négociations entre le Hamas et le Fatah. Aux Affaires étrangères a été nommé Ziad Abou Amr, député indépendant, ancien conseiller du défunt dirigeant Yasser Arafat. Le portefeuille des Finances a été confié à Salam Fayyad, du petit parti Troisième Voie, poste qu’il avait déjà occupé dans le passé.
Refus israélien
A peine le cabinet était-il rendu public qu'Israël refusait de le reconnaître. «La position israélienne reste inchangée. Nous ne reconnaîtrons pas ce gouvernement ni ne traiterons avec lui», a déclaré Miri Eisin, la porte-parole de la présidence du Conseil. Israël considère que «la plateforme de ce gouvernement n’inclut, ni explicitement ni implicitement, les trois principes internationaux de la reconnaissance d'Israël, de l'acceptation des accords passés et le renoncement au terrorisme», a souligné Miri Eisin tout en exprimant le souhait que la communauté internationale «fasse preuve de fermeté» en exigeant du nouveau gouvernement palestinien qu'il s'engage à respecter ces trois principes.
Cette première réaction officielle israélienne à l'annonce de la formation du cabinet palestinien d'union est venue contredire des déclarations d'un haut responsable israélien. Celui-ci avait estimé qu’Israël adopterait une «approche «pragmatique» en cas de libération du soldat Gilad Shalit, enlevé en juin 2006, et si cessent les tirs de roquettes contre le territoire israélien.
Attentisme américain
Avant de le juger, Washington attend de voir le programme du nouveau gouvernement palestinien, selon le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. De son côté, la Maison Blanche a exhorté le président palestinien «à trouver les moyens de remplir les conditions posées par le Quartette afin qu'il y ait des discussions avec le gouvernement d'Israël», selon le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow. La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, qui se rendra la semaine prochaine au Proche-Orient, devrait rencontrer le président palestinien, Mahmoud Abbas, à Ramallah, les 24 et 25 mars.
Réaction française : «L'investiture du nouveau gouvernement palestinien est de nature à ouvrir une page nouvelle dans les relations entre la communauté internationale et ce gouvernement», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, dans un message de félicitations adressé à son homologue palestinien, Ziad Abou Amr. Le chef de la diplomatie française a souligné que cette investiture «conduira aussi, naturellement, la communauté internationale à se montrer très exigeante vis-à-vis des autorités palestiniennes pour lutter contre les groupes terroristes et faire cesser toutes les formes de violence contre Israël et ses citoyens».
Pour la France, comme pour le Royaume-Uni, la mise en place du futur gouvernement doit être récompensée par un geste, même si Israël et les Etats-Unis exigent le respect de toutes les conditions. Selon des observateurs, l’Union européenne envisagerait de reprendre l’aide directe aux Palestiniens. Une des possibilités pourrait être de donner l’aide au ministre des Finances, Salam Fayyad, un modéré qui a déjà occupé ces mêmes fonctions de 2002 à 2005 dans un gouvernement du Fatah. Pour l'Union européenne, le futur gouvernement palestinien devra être jugé sur son programme et ses actes. «Nous ne prendrons aucune décision avant de pouvoir juger le programme et les actes du nouveau gouvernement», a souligné la porte-parole de la Commission pour les relations extérieures, Emma Udwin.
Samedi prochain, le nouveau gouvernement palestinien va présenter son programme politique devant le Parlement. Le Premier ministre, Ismaïl Haniyeh, issu du Hamas, devrait s’engager à «respecter les résolutions internationales et les accords signés par l’OLP», comme le prévoit l’accord de La Mecque, conclu le 8 février sous les auspices de l'Arabie saoudite.
par Elisa Drago
Article publié le 15/03/2007 Dernière mise à jour le 15/03/2007 à 12:26 TU