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Présidentielle 2007

Le PS face à Bayrou

Ségolène Royal et François Bayrou. 

		(Photo : AFP)
Ségolène Royal et François Bayrou.
(Photo : AFP)
François Bayrou, troisième homme de la présidentielle, ça n’est pas forcément une bonne nouvelle pour Ségolène Royal. Tout indique, en effet, que le candidat centriste va chercher des voix plutôt vers la gauche et risque d’empiéter sur l’électorat de la candidate socialiste. La riposte a donc été engagée depuis quelques jours par les ténors du PS et par Ségolène Royal elle-même. Avec un objectif : rappeler que François Bayrou est un homme de droite et qu’il n’est pas question de répondre à son appel de gouvernement d’union nationale.

Tous derrière Ségolène Royal. C’est un peu le message que tentent de faire passer les ténors du Parti socialiste, ces derniers jours. A commencer par Dominique Strauss-Kahn, l’homme dont François Bayrou avait affirmé dans une interview qu’il pourrait être son Premier ministre. L’ancien ministre socialiste de l’Economie a déclaré qu’il n’envisageait nullement de devenir chef du gouvernement dans l’hypothèse d’une élection du candidat de l’UDF. Dans un entretien avec le quotidien Le Monde, Dominique Strauss-Kahn a ainsi estimé : «Cette question ne se posera pas. Je suis un homme de gauche et l’union nationale telle que la propose François Bayrou ferait avant tout l’affaire des extrêmes». Il a par la suite poussé l’argumentation un peu plus loin en essayant de placer François Bayrou face aux contradictions de son discours : «Si la rupture que François Bayrou a voulu montrer avec Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac est sincère, alors il faut qu’il aille au bout de sa rupture et qu’il rejoigne le pacte présidentiel [de Ségolène Royal]».

En coupant court rapidement aux spéculations et en affirmant qu’il n’y avait pas d’alliance possible avec François Bayrou, Dominique Strauss-Kahn a ôté une épine du pied de Ségolène Royal. Car toute ambiguïté aurait encore accentué le flou dans la campagne socialiste où les rumeurs de dissensions entre les éléphants et la candidate n’ont cessé de ressurgir. Les autres ténors du parti ont, eux aussi, participé à la contre-attaque. François Hollande a défini l’objectif prioritaire : faire en sorte que Ségolène Royal ait le maximum de voix au premier tour pour créer une dynamique en vue du second. Le Premier secrétaire a donc mis en garde les électeurs de gauche contre une mauvaise évaluation de la situation : «Je dis aujourd’hui que tout va se jouer au premier tour parce que je ne l’avais pas dit assez tôt en 2002».

Un homme de droite

Le premier axe d’attaque des socialistes a visé à présenter François Bayrou comme un candidat de droite, donc comme un mauvais recours pour tous ceux qui voudraient faire barrage à Nicolas Sarkozy. Jack Lang, l’un des porte-parole de Ségolène Royal, a déclaré que la stratégie de campagne du candidat de l’UDF était «de vaincre la gauche et de constituer un mouvement de droite avec l’UMP». Il a jugé que François Bayrou était un homme «clairement de droite, situé par ses comportements et ses actes à droite».

Les socialistes ont aussi essayé de mettre en valeur les limites des propositions du candidat centriste. François Rebsamen, le co-directeur de campagne de Ségolène Royal, a ainsi estimé : «François Bayrou est aujourd’hui dans la posture de n’avoir aucune proposition, d’être le candidat du ni ni, de l’immobilisme». C’est aussi l’idée que Ségolène Royal a elle-même défendue . Elle a déclaré : «Cela plaît à tout le monde (…) les discours consensuels, seulement après, il faut passer à l’action (…) La démagogie qui consiste à dire : on va régler les problèmes simplement en effaçant les clivages politiques, je crois que c’est une forme d’imposture. Je crois à la politique par la preuve et par les actes, pas par les bla-bla ni les discours».

«La ligne, c’est moi qui la trace»

La candidate socialiste a aussi fait une mise au point à usage interne et externe à la fois. Elle a affirmé concernant la riposte à François Bayrou : «La ligne, c’est moi qui la trace». Il est vrai qu’il y avait eu confrontation d’idées au sein du Parti socialiste sur l’attitude à adopter face au positionnement de François Bayrou et à sa montée fulgurante dans les sondages depuis quelques semaines. Certains menés par Laurent Fabius étaient partisans d’une ligne dure, un affrontement frontal et un recentrage à gauche. D’autres autour de Dominique Strauss-Kahn étaient plutôt favorables à une stratégie d’ouverture. C’est le choix de la clarté et de l’explication des enjeux qui a finalement été fait. Les socialistes ont attaqué mais sans dénigrer. Jean-Christophe Cambadélis, un proche de Dominique Strauss-Kahn, a résumé la tactique : «Au premier tour, Ségolène Royal est le vote utile. Si nous sommes au deuxième tour, nous appellerons Bayrou et les Français à battre Sarkozy».

De là à imaginer que cette contre-offensive des socialistes aurait déjà eu un impact sur l’ascension de François Bayrou dans les sondages, c’est peut-être aller un peu vite en besogne. Mais de fait, pour la première fois depuis plusieurs semaines, une enquête de l’institut CSA pour Le Parisien et i-télé publiée le 15 mars, indique une chute des intentions de vote en faveur du candidat centriste. François Bayrou perd trois points en une semaine et se situe à 21%. Alors que Ségolène Royal en gagne un à 26%, de même que Nicolas Sarkozy à 27%. Palier ou arrêt ? Il est trop tôt pour le dire.



par Valérie  Gas

Article publié le 15/03/2007 Dernière mise à jour le 15/03/2007 à 17:14 TU

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