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Présidentielle 2007

Parrainages : la fin du suspense, ou presque

La liste officielle des candidats à l’élection présidentielle sera annoncée lundi 19 mars par le Conseil constitutionnel et publiée mardi au <em>Journal officiel</em>. 

		(Photo : AFP)
La liste officielle des candidats à l’élection présidentielle sera annoncée lundi 19 mars par le Conseil constitutionnel et publiée mardi au Journal officiel.
(Photo : AFP)
Ils seront onze ou douze candidats à l’élection présidentielle. Tout dépend de José Bové. Le candidat du mouvement anti-libéral n’était pas en mesure de certifier, à la fin du délai légal pour le dépôt des signatures auprès du Conseil constitutionnel, qu’il avait réuni les 500 parrainages. Il faudra donc attendre la publication, mardi prochain, de la liste officielle pour avoir le verdict. En revanche, on sait déjà que François Bayrou (UDF), Olivier Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire), Marie-George Buffet (Parti communiste), Arlette Laguiller (Lutte ouvrière), Jean-Marie Le Pen (Front national), Frédéric Nihous (Chasse, pêche, nature et tradition), Ségolène Royal (Parti socialiste), Nicolas Sarkozy (UMP), Gérard Schivardi (Parti des travailleurs), Philippe de Villiers (Mouvement pour la France) et Dominique Voynet (Verts) devraient être dans la course.

La rue Montpensier, à Paris, est une rue plutôt calme en temps normal. Mais cette semaine, elle a été le théâtre d’un défilé incessant de candidats à la présidentielle et le lieu de rassemblement des médias. Philippe de Villiers, Jean-Marie Le Pen, Dominique Voynet, Frédéric Nihous, José Bové se sont succédé devant les locaux du Conseil constitutionnel pour venir déposer en personne les derniers paraphes recueillis auprès des élus. Même Marie-George Buffet a fait le déplacement le 16 mars, alors qu’elle était depuis longtemps assurée d’avoir les parrainages. La candidate communiste a saisi l’occasion de ce moment clef de la campagne pour faire une petite déclaration devant la presse et recadrer les enjeux de cette élection pour la gauche.

Il est vrai que c’est de ce côté de l’échiquier politique que l’on observe un embouteillage de candidats. Ils devraient être sept (avec Bové) à se disputer les voix des électeurs de gauche au premier tour, le 22 avril prochain. Soit presque autant qu’en 2002, lors de la dernière élection présidentielle, où le candidat socialiste, Lionel Jospin, avait été devancé par Jean-Marie Le Pen et n’avait pas accédé au second tour. Un souvenir douloureux au PS qui a motivé les appels récurrents depuis plusieurs mois à voter utile, c’est-à-dire à mettre le bulletin Ségolène Royal dans l’urne dès le premier tour.

Des parrainages à l’arraché

Mais à en croire certains candidats de la gauche de la gauche qui ont beaucoup peiné à obtenir leurs signatures, le Parti socialiste a essayé de se prémunir contre un nouveau 21 avril 2002, en donnant des consignes strictes à ses élus afin qu’ils ne parrainent pas les adversaires de Ségolène Royal. C’est ce qui expliquerait les difficultés rencontrées notamment par Olivier Besancenot, Arlette Laguiller et José Bové.

Le candidat du mouvement anti-libéral a mené une véritable course contre la montre en envoyant des collaborateurs aux quatre coins de la France pour convaincre les élus de signer pour lui. A l’expiration du délai, vendredi soir, il a annoncé qu’il pensait avoir réuni les 500 signatures nécessaires mais que cela se jouerait à quelques paraphes près et qu’il préférait attendre la confirmation officielle du Conseil constitutionnel, en début de semaine prochaine. Exaspéré de cette situation, José Bové avait vivement critiqué l’attitude du Parti socialiste ces derniers jours en menaçant de lui «faire payer très cher» une éventuelle exclusion de la course à l’Elysée. Autrement dit d’appeler ses électeurs potentiels à ne pas voter pour Ségolène Royal.

A droite, le principal duel aura lieu entre deux concurrents de poids : Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen. Dans cet affrontement, ils devront tout de même compter avec la présence de Philippe de Villiers, qui pourrait venir jouer le rôle de trublion, même si pour le moment il reste très bas dans les sondages. Finalement, c’est au centre que se trouve la principale nouveauté de l’élection présidentielle de 2007. Elle vient, non pas de la présence de François Bayrou, mais de sa position par rapport aux principaux concurrents en lice. Le candidat centriste, qui n’avait réalisé que 6,84% en 2002, flirte actuellement avec les 20% d’intentions de vote. Il talonne Ségolène Royal, voire Nicolas Sarkozy, et devance Jean-Marie Le Pen.

Un rapport de forces dur à évaluer

Cette situation rend la campagne peut-être plus ouverte qu’en 2002 parce qu’il y a encore plus d’inconnues. Ségolène Royal doit gérer à la fois la concurrence sur sa gauche des six candidats qui ont obtenu les parrainages (Buffet, Besancenot, Bové, Laguiller, Schivardi, Voynet) et éviter qu’un éparpillement des voix n’affaiblisse trop significativement son score potentiel. Mais elle doit aussi prendre en compte sur sa droite la menace de François Bayrou qui se positionne pour séduire un électorat de centre-gauche et pourrait apparaître comme un choix crédible pour ceux qui veulent critiquer le système sans aller vers les extrêmes. Nicolas Sarkozy est dans la même configuration, avec d’un côté un Jean-Marie Le Pen plus déterminé que jamais à aller au deuxième tour, et de l’autre un François Bayrou persuadé qu’il peut incarner une alternative séduisante pour les électeurs de droite qui n’adhèrent pas aux propositions du candidat de l’UMP.

Dans ce contexte, le rapport de forces entre les candidats de la droite et de la gauche censé donner une indication du report des voix pour le deuxième tour est difficile à évaluer pour le moment. Notamment en raison du positionnement hors des clivages traditionnels de François Bayrou qui ne permet d’avoir aucune visibilité sur les alliances éventuelles. Ségolène Royal -qui se situe elle-même aux alentours de 25%- devrait a priori pouvoir compter sur les voix des «petits» candidats de la gauche qui représentent environ 10% des intentions de vote. A droite, la base semble plus solide puisque Nicolas Sarkozy se situe entre 25 et 30%, Jean-Marie Le Pen aux alentours de 14%, Philippe de Villiers entre 1 et 3% et Frédéric Nihous à 0,5%. Mais les reports sont tout sauf automatiques. Rien n’est joué.



par Valérie  Gas

Article publié le 16/03/2007 Dernière mise à jour le 16/03/2007 à 17:35 TU

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