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Europe

Un demi-siècle de construction européenne

25 mars 1957 : signature du Traité de Rome. 

		© Communauté européenne
25 mars 1957 : signature du Traité de Rome.
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Le Traité de Rome, marquant officiellement le début de l’aventure européenne, a été paraphé le 25 mars 1957 dans la capitale italienne par les représentants des six gouvernements qui ont voulu mettre définitivement un terme à des siècles de conflits et «établir les fondements d’une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens». Il a fallu 9 mois de négociations pour aboutir à cet accord. 50 ans après cette réunion historique des «Pères fondateurs» au palais du Capitole, l’Europe, maintenant à 27 membres et à l’âge de la maturité, évalue les gains acquis qui ont été remarquables. Mais il y a eu, également, quelques revers sérieux.

Jean Monnet. © Communauté européenne
Jean Monnet.
© Communauté européenne

Douze personnalités ont apposé leur signature au traité de Rome qui est devenu historique : Konrad Adenauer et Walter Hallstein pour l’Allemagne, Paul-Henri Spaak et Jean-Charles Snoy d’Oppuers pour la Belgique, Christian Pineau et Maurice Faure pour la France, Antonio Segni et Gaetano Martino pour l’Italie, Joseph Bech et Lambert Schaus pour le Luxembourg, Joseph Luns et Johannes Linthorst Homan pour les Pays-Bas. Ainsi fut crée le Marché commun européen, conjointement avec l’Euratom, la Communauté de l’énergie. Cet ambitieux traité de Rome résultait de l’esprit visionnaire de Jean Monnet et de Robert Schuman, qui avait créé la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Mais les médias de l’époque n’ont pas donné un grand relief à cet événement historique,  ne pouvant pas imaginer les conséquences futures de la cérémonie qui s’est déroulée dans la grande salle du Capitole.

Robert Schuman. © Communauté européenne
Robert Schuman.
© Communauté européenne

L’objectif initial était de créer un marché réunissant les six Etats signataires, permettant bien modestement la libre circulation des marchandises. Ce petit pas allait aboutir ensuite à un ensemble très vaste, voire complexe, de politiques à l’échelle du «vieux continent», après tant de siècles de guerres et de crises. Le Marché commun résultait, tout d’abord, de la réconciliation franco-allemande. Le rêve des fondateurs de la CEE était de construire une sorte d’Etats-Unis d’Europe, indépendants des Américains et des Soviétiques. Le traité de Rome stipulait que, pour devenir membre de la Communauté, le pays candidat devait être, tout simplement, un «Etat européen». Une autre exigence, celle-là non écrite, obligeait les candidats à se doter d’un régime démocratique, ce qui excluait évidemment les dictatures qui existaient alors en Europe, à l’Ouest et à l’Est.

Un demi-siècle pour réunir les Européens

50 ans après, il faut constater que l’Europe a vraiment réussi à faire des pas de géant. Tout d’abord, ce sont les droits de douane qui ont été abolis, entre les six partenaires initiaux, ouvrant la porte aux politiques communes dans les secteurs de l’agriculture et du commerce. En 1970 l’Europe communautaire est devenue autosuffisante en produits alimentaires et les échanges commerciaux se sont développés à un rythme remarquable. Ces succès ont convaincu d’autres Etats de rejoindre la Communauté. C’est ainsi qu’en 1973 le Danemark, l’Irlande et le Royaume-Uni sont devenus des membres à part entière de la CEE. 

Les responsables de la Commission de Bruxelles soulignent que ce premier élargissement s’est accompagné d’une série de mesures politiques de grande ampleur, notamment dans le domaine social et dans le cadre des régions. En 1975, allait être créé le Fonds européen de développement régional (FEDER) et l’Europe se dotait, également, de mesures concernant la protection de l’environnement.

L’année 1979 est présentée comme une date capitale pour la construction (politique) de l’Europe, avec la tenue de la première élection du Parlement européen au suffrage universel direct. La CEE passe alors à dix membres avec l’entrée de la Grèce, en 1981. En 1985, ont été adoptés les accords de Schengen permettant la libre circulation des personnes à travers l’espace communautaire. Et la CEE a poursuivi son ouverture, cette fois vers le sud, avec l’adhésion, en 1986, de l’Espagne et du Portugal, qui étaient devenus entre-temps des Etats démocratiques. En 1987, entrait en vigueur l’Acte unique, un texte fondamental pour la relance de la dynamique européenne.

La CEE devient une Union

Jacques Delors. © Communauté européenne
Jacques Delors.
© Communauté européenne

La CEE allait devenir l’Union européenne (UE), en 1993, avec le traité de Maastricht, se dotant de plusieurs institutions ayant un caractère supranational. Outre le Parlement, la Commission et le Conseil européens, ce traité prévoyait une politique étrangère et de sécurité commune (PESC), avec une coopération renforcée dans les domaines de la justice et des affaires intérieures (JAI). Cette évolution, non aboutie, suscita des polémiques animées dans plusieurs Etats, au sujet des risques que l’entité Europe pouvait porter aux souverainetés nationales. Le traité de Maastricht fait entrer le principe de subsidiarité dans le droit communautaire, pour protéger les compétences des Etats, mais permet l’intervention de la Communauté si «les objectifs [d’une] action envisagée ne peuvent pas être réalisés de manière suffisante » par les États. Les débats entre souverainistes et fédéralistes, qui perdurent, n’ont pas empêché un nouvel élargissement, en 1995, avec l’adhésion de l’Autriche, de la Finlande et de la Suède.  

L’année 2002 est considérée comme étant également une année charnière pour l’Europe, avec la mise en circulation d’une monnaie commune, adoptée par 12 Etats. L’euro est devenu ensuite une grande monnaie à l’échelle de la planète, comme le dollar. L’UE a également décidé d’adopter de nouvelles politiques économiques, pour faire face aux contraintes de la globalisation et tout particulièrement à la concurrence des Etats-Unis et des pays nouvellement industrialisés. 

L’UE profite de l’effondrement de l’URSS          

La chute du mur de Berlin, en 1989, suivie de la réunification allemande et de la décomposition de l’Union soviétique, est considérée comme étant un élément de grand impact dans la perspective de l’ouverture de l’UE à l’Est. Cette nouvelle donne géopolitique a permis l’ouverture des portes de l’UE, le 1er mai 2004, à huit pays qui avaient appartenu au Pacte de Varsovie : la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie, ainsi que les Etats baltes (Lettonie, Estonie et Lituanie), ancienne Républiques soviétiques. Chypre et Malte ont aussi profité de ce grand élargissement.

L’UE est passée à 27 membres, le 1er janvier 2007, avec l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie. Un vif débat est en cours, depuis quelques années, concernant la demande d’adhésion de la Turquie. Les négociations promettent d’être longues et difficiles, en absence d’un consensus. Des divergences existent, également, concernant l’entrée de l’Ukraine et de certains Etats des Balkans. A cela se rajoute le «non» des électeurs français et néerlandais à la Constitution européenne, en 2005.

L’Europe risque ainsi de se figer en quelque sorte, ce qui serait  contraire aux ambitions initiales du projet européen. Quoi qu’il en soit, 50 ans après la signature du Traité de Rome, il est clair que la réalité européenne dépasse, de loin, les rêves des «pères fondateurs».



par Antonio  Garcia

Article publié le 19/03/2007 Dernière mise à jour le 19/03/2007 à 14:40 TU

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