Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Présidentielle 2007

Bayrou fait son Zénith

François Bayrou a fait une entrée de rock-star, en fendant la foule de la salle du Zénith de Paris. 

		(Photo : Reuters)
François Bayrou a fait une entrée de rock-star, en fendant la foule de la salle du Zénith de Paris.
(Photo : Reuters)
François Bayrou a organisé, au Zénith, le premier grand meeting parisien de sa campagne électorale. Devant une salle comble parsemée de petites taches oranges -les tee-shirts des militants-, il a parlé pendant environ une heure et demi. Le temps d’appeler à la «révolution pacifique», sa manière à lui de renvoyer les «puissants» de droite et de gauche dos à dos et de militer pour la rupture avec l’ordre politique établi. Plus que jamais et avant tout, François Bayrou veut se présenter comme le candidat anti-système UMP-PS, l’alternative à Ségolène Royal et surtout à Nicolas Sarkozy. Lui parle d’être le «président du peuple».

C’est le printemps ! Et cela met François Bayrou en joie. Il l’a dit et redit durant son meeting organisé à Paris ce 21 mars, et on a fini par comprendre que tous les signes d’encouragement sont bons à prendre : même un changement de saison. Est-ce parce qu’il enregistre ces derniers jours une légère baisse dans les sondages -la première depuis le début de son envolée il y a un mois- que le candidat centriste cherche à optimiser ? Il n’en a bien évidemment rien dit devant les quelque 7 000 personnes qui étaient venues l’écouter au Zénith.

Le Zénith, l’une des grandes salles parisiennes qui reçoit plus habituellement des chanteurs comme Johnny Hallyday. Une salle de spectacle donc. Et du spectacle François Bayrou en a fait. Telle une rock star, il est arrivé en fendant la foule. Ou plutôt en zigzagant dans les gradins pour serrer le plus de mains possible. Un bain de militants d’un quart d’heure avant de commencer son discours, c’est ce que le candidat centriste s’est offert sous les projecteurs des caméras friandes de ces scènes de campagne. Musique, crépitements des appareils photo et bousculades bon enfant, tout y était. Et pendant ce temps, des jeunes, plein de jeunes investissaient l’estrade pour former une haie d’accueil pour le candidat. Une mise en scène très étudiée avant d’en arriver au discours.

Le tracteur contre le CAC 40

Autrement dit avant de passer au plat de résistance. Et dans le cas de François Bayrou, c’est bien de cela qu’il s’agit : lutter contre les alliances de pouvoir qui ont, selon lui, contaminé la vie politique. Le candidat centriste a choisi de s’en prendre une nouvelle fois aux liens qui unissent «les grands groupes de médias, de grands groupes industriels et l’Etat». Une occasion pour lui de dénoncer l’attitude de ses deux principaux adversaires dans l’élection présidentielle, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, qu’il a accusé «d’épargner les puissants» pour ménager leurs intérêts.

Il semble clair que la ligne d’attaque de François Bayrou est de se positionner dans le créneau : «je connais la vie, ce n’est pas le cas de tout le monde». A commencer par le candidat de l’UMP qu’il s’est appliqué à décrire comme le représentant des plus nantis, l’ami «des milliardaires du CAC 40 et des vedettes du show-bizz». Ce qui lui a permis d’affirmer qu’il préférait, pour sa part, «être le président des ouvriers, des paysans, des enseignants…», bref «le président du peuple». Ce qui lui a aussi permis de mettre en avant son parcours personnel difficile, de parler de la petite retraite de sa mère (640 euros), de revendiquer ses origines rurales et de répondre aux attaques de Nicolas Sarkozy sur son fameux tracteur : «Je suis fier d’avoir travaillé de mes mains». Même si, dans la salle, il y avait incontestablement une majorité de représentants des classes aisées urbaines, cela n’a pas empêché François Bayrou d’être applaudi avec enthousiasme lorsqu’il a ajouté, un rien sarcastique, à l’adresse de Nicolas Sarkozy : «Il arrive que ceux qui travaillent de leurs mains pensent».

Dénoncer les incohérences de ses adversaires, critiquer l’incapacité de l’UMP et du PS, qui se sont succédé au pouvoir pendant les 25 dernières années, à sortir la France de la crise : c’est à cela que François Bayrou s’est appliqué au Zénith. Une bonne raison pour lui de plaider pour une «révolution pacifique», seul moyen de rendre son véritable objectif au «projet républicain», trop longtemps «caricaturé».

Des valeurs, des idées mais pas de promesses. François Bayrou s’y refuse. Il ne veut pas faire comme les autres et multiplier «les chèques en bois». Il promet simplement une autre manière de gouverner, avec une autre majorité : «La seule majorité stable, la seule majorité constructive, c’est la majorité centrale». François Bayrou balaie d’un revers de main les attaques de ses adversaires qui affirment qu’il n’a personne avec qui gouverner. Sa majorité, il l’aura, les Français la lui donneront. Et lui, il leur rendra la place qu’ils méritent, à savoir «le rôle de citoyens et non pas la condition de sujets».

Changer, jamais

S’il refuse les promesses, François Bayrou a quand même un certain nombre d’objectifs. Il veux faire des «jeunes Français les jeunes les mieux formés du monde» et s’engage à «garantir les moyens» pour y parvenir. Il entend mener le combat contre la dette pour rétablir l’équilibre des finances publiques. Il sait que s’il doit avoir «un ennemi», cela ne peut être que le chômage. Il est persuadé que la France et le monde ont «besoin d’Europe» et entend bien recréer le lien rompu lors du débat sur la Constitution. Il proposera donc aux Français un nouveau texte «court, lisible, compréhensible par tous, simple, direct» et leur demandera de l’approuver lors d’un nouveau référendum. Mais tout Européen convaincu qu’il est, François Bayrou semble avoir retenu la leçon de 2005. Il a affirmé au Zénith, qu’il saurait «résister à l’Europe quand cela s’impose». C’est-à-dire quand les directives de Bruxelles aboutissent à rendre la vie des Français plus difficiles. Bref il s’engage à mettre de l’humain dans le technocratique.

Lui qui s’applique à ne rien promettre qu’il ne pourra tenir, a tout de même pris un engagement ferme au Zénith, avant de repartir en serrant des mains encore, et encore: «Si je suis élu président de la République, je ne changerai pas». Les Français sont prévenus.



par Valérie  Gas

Article publié le 22/03/2007 Dernière mise à jour le 22/03/2007 à 12:18 TU

Dossiers