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Europe

Le 25 mars 1957 dans la presse internationale

Le 25 mars 1957, au Capitole, à Rome, les ministres des «Six» signent les traités instituant la CEE et l'Euratom.  

		(Photo: AFP)
Le 25 mars 1957, au Capitole, à Rome, les ministres des «Six» signent les traités instituant la CEE et l'Euratom.
(Photo: AFP)
Les traités instituant la Communauté économique européenne (CEE) et l'Euratom ont été signés à Rome le 25 mars 1957. Une journée historique abondamment commentée par les médias du monde entier. Revue de la presse internationale de l'époque.

Les cloches de Rome ont sonné à toute volée pour saluer la naissance du Marché commun et de l'Euratom titre France Soir. Son envoyé spécial décrit la cérémonie de signature : un président du Conseil italien au profil de médaille monté sur un cou d'oiseau, un jeune secrétaire d'Etat français aux Affaires étrangères un peu ému et distrait qui s'exerce pendant les discours à tracer sur son buvard la signature qu'il va, au nom de la France, apposer sur les traités... Le Populaire du dimanche, la presse dominicale française, très inspiré se lance dans de la science-fiction, saluant un acte historique qui crée une nouvelle civilisation celle de l'atome et de l'automatisation. Elle doit libérer l'homme de tout effort physique pour faire de lui un créateur et un animateur de robots industriels à son service.

Réticences françaises

En France, les réticences sont nombreuses.. le Comte de Paris se fend d'un éditorial pour expliquer que le principe d'une zone de libre échange recueille son entière adhésion mais qu'il est foncièrement hostile à l'Europe politique à six, trop petite pour sa prétention européenne, trop grande pour son patriotisme. L'envoyé spécial du journal Le Monde décrit l'ambiance de fête qui règne à Rome. Une ambiance qui le  surprend car il rencontre souvent chez lui en France, à l'évocation des traités, des mines compassées et des oreilles distraites.

Le contenu des traités n'enthousiasme personne, le journaliste du Monde  le qualifie de macédoine assez extraordinaire où s'affrontent les règles et les exceptions... L'Aurore salue le Marché commun, excellent dans son principe, mais qui ne doit pas devenir une machine à broyer l'économie française. Le Figaro, au lendemain de la signature, publie le produit national brut par habitant des pays membres du Marché commun, avec en tête le Luxembourg suivi de près par la Belgique. La France est loin devant l'Allemagne et la Hollande. Les Italiens disposent de revenus deux fois moins important que les Français

La presse belge enthousiaste

La presse belge la plus enthousiaste reprend les déclarations de Paul Henri Spaak, le ministre belge des Affaires étrangères qui a beaucoup oeuvré pour ce Marché commun:  «Cette fois, les hommes d'Occident n'ont pas manqué d'audace et ils ne sont pas arrivés trop tard»... Les réactions de la presse étrangère sont reprises dans les télégrammes qu'envoient les diplomates au quai d'Orsay. Voilà par exemple ce qu'écrit Maurice Couve de Murville, ambassadeur de France à Berlin : Les Allemands considèrent que la France a remporté un succès et la presse souligne les sacrifices qu'une Allemagne souvent qualifiée de trop généreuse a fait à la France...

La création d'un fonds commun pour les pays d'Outre-Mer déplait en outre à l'Allemagne qui y voit de lourdes dépenses dans des pays troublés. Et cela, pour un résultat incertain. Cette décision est vécue par certains journaux comme si la France associait  l'Allemagne à une cause compromettante et par ailleurs perdue d'avance, celle du colonialisme...

Satisfaction et soulagement

Satisfaction et soulagement prédominent malgré tout, la signature des traités est présentée comme un succès de la politique européenne et franco-allemande du chancelier Adenauer. Les Néerlandais craignent un renchérissement des coûts de production avec les projets d'harmonisation sociale et comptent sur leurs facultés d'adaptation. Le grand quotidien italien, Il Corriere della Serra rappelle que la France est alors le pays le plus riche de la communauté et l'Allemagne celui qui a le plus grand potentiel de développement car les Allemands ont démontré après la guerre qu' ils avaient la volonté de s'en sortir...Les Britanniques tanguent entre leur envie de rallier cette Europe qui est en train de naître, pour ne pas rater l'occasion de rejoindre un ensemble économique en pleine expansion, et la préférence impériale qui les lie aux pays du Commonwealth.     

Moscou propose l'abandon des traités et la création d'organismes à l'échelle paneuropéenne... Le Japon craint de perdre des débouchés économiques en Europe, une inquiétude que ne partagent pas les Américains. La presse américaine salue la signature des traités, le Wall Street journal parie sur la réalisation rapide du marché européen. Le New York Times, qui titre : «Un pas en avant vers les Etats-Unis d'Europe», espère que cela va contribuer à l'unification du continent. Enfin, pour le Herald Tribune, c'est la preuve que l'Europe, loin d'être sur le déclin, ne fait que commencer ! 



par Béatrice  Leveillé

Article publié le 23/03/2007 Dernière mise à jour le 23/03/2007 à 14:01 TU

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