Union européenne
Cinquantenaire: un difficile consensus politique
(Photo: Regierungonline/Steins)
Les célébrations organisées dimanche, dans les 27 pays de l’Union européenne (UE), tenteront de masquer les incertitudes politiques qui taraudent l’Europe depuis les «non» français et néerlandais au Traité constitutionnel européen, au printemps 2005. Un peu partout en Europe, des festivités, des concerts sont prévus pour ce 50e anniversaire du Traité de Rome, à commencer par Berlin. Samedi soir, au cours d’un dîner officiel, et dimanche, lors de la cérémonie solennelle, les dirigeants des 27 pays de l'UE se retrouveront autour de la chancelière allemande, Angela Merkel, qui préside l'Union jusqu'en juin prochain.
Mais la déclaration censée célébrer la construction européenne et qui doit être, dimanche, le couronnement du cinquantenaire de l’Union, aura essuyé des critiques jusqu'au dernier moment. Préparé en secret par Berlin et des conseillers désignés par chaque capitale, ce texte se voulait, dès le départ, consensuel. Il s’agissait de ne pas froisser les Etats membres avant le grand débat sur la relance de la Constitution, prévu après les élections présidentielle et législatives françaises du printemps.
D’où la nécessité, pour la chancelière allemande, de contourner les obstacles en taisant les sujets de divergences. Le premier de ceux-ci demeure le rejet de la Constitution européenne par les électeurs français et néerlandais, en 2005. Aussi la présidence allemande de l’Union avait-elle prévenu que le mot de Constitution ne serait pas prononcé. Le texte fait allusion à la nécessité de négocier un nouveau traité en soulignant qu’«il faut constamment renouveler la forme politique de l’Europe en fonction des réalités. C'est pour cela que, 50 ans après la signature du Traité de Rome, nous partageons l'objectif d'asseoir l'Union européenne sur de nouvelles bases institutionnelles communes d'ici aux élections au Parlement européen de 2009».
Les 27 divergent sur le contenu du «modèle social européen»
Même la partie a priori la plus consensuelle, celle célébrant les succès remportés depuis la création du marché commun par les six fondateurs jusqu'à son extension à 27 Etats et l'établissement de politiques communes, a suscité des frictions. Ce qui explique le recours à des termes généraux : «Pendant des siècles, l'Europe a été une idée, un espoir de paix et de compréhension. Cet espoir est devenu réalité. La construction européenne nous a apporté paix et prospérité. Elle a favorisé la coopération et dépassé les contradictions. Chaque Etat membre a contribué à unifier l'Europe et à renforcer la démocratie et l'Etat de droit. Grâce à l'amour pour la liberté des populations d'Europe centrale et orientale, la division contre nature de l'Europe a été surmontée».
Malgré les insistantes demandes polonaises déjà formulées, en vain, lors de la rédaction du projet de Constitution, la déclaration du cinquantenaire ne fait aucune référence aux valeurs chrétiennes de l’Europe. Dans un premier temps, la mention de l’euro, la monnaie unique qui regroupe treize pays (la Belgique, l'Allemagne, la Grèce, l'Espagne, la France, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Autriche, la Slovénie, le Portugal et la Finlande), avait été contestée par la Grande-Bretagne, qui reste en dehors de la zone monétaire. Finalement, le texte se contente de mentionner que «le marché unique et l'euro nous rendent forts».
Les 27 divergent, également, sur le contenu du «modèle social européen». Toutefois, à l’intention des Etats qui, comme la France, insistaient pour que le terme soit mentionné, le texte précise : «Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons préserver à l'avenir notre modèle européen de société pour le bien de tous les citoyens et citoyennes de l'Union. Ce modèle européen associe réussite économique et solidarité sociale».
D’autres difficultés, pourtant, attendent Angela Merkel. Au cours du déjeuner de travail des 27, dimanche, elle devra entrer dans le concret et dire à ses partenaires comment elle compte procéder, d'ici au sommet de juin, où elle doit présenter les solutions possibles pour sortir l’Union européenne de l’impasse institutionnelle où elle se trouve.par Philippe Quillerier
Article publié le 23/03/2007 Dernière mise à jour le 23/03/2007 à 16:40 TU