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Présidentielle 2007

A la recherche de l’identité nationale

Les couleurs s'invitent dans la campagne. 

		(Photo : F.Guignard/RFI)
Les couleurs s'invitent dans la campagne.
(Photo : F.Guignard/RFI)
Un ministère pour Nicolas Sarkozy, des drapeaux tricolores aux fenêtres pour Ségolène Royal, les deux principaux candidats à l’élection présidentielle se sont jetés dans la bataille de l’identité nationale. Sous les yeux narquois de Jean-Marie Le Pen pour lequel ce thème est un fonds de commerce depuis des années. Et sous ceux, désapprobateurs, de François Bayrou qui ne veut pas être victime de la «névrose» identitaire.

C’est Nicolas Sarkozy qui avait jeté le pavé dans la mare. En annonçant dans une émission de télévision qu’il envisageait, s’il était élu, de créer un grand ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, il a joué la carte de l’effet de surprise. Bon ou mauvais calcul ? Dans un premier temps, celui qui était encore ministre de l’Intérieur a subi toutes les critiques de la part de ses adversaires politiques de gauche qui l’ont accusé de faire de la surenchère électorale par rapport à Jean-Marie Le Pen. Mais les sondages ont ensuite indiqué que les Français n’étaient pas hostiles à la proposition de Nicolas Sarkozy.

Tant et si bien que Ségolène Royal en est venue, elle aussi, depuis une semaine à parler d’identité nationale. D’abord, en vantant les mérites de la Marseillaise lors de son meeting de… Marseille et en demandant aux spectateurs présents de chanter en cœur l’hymne national avant de se quitter. Ensuite, en appelant les familles à avoir un drapeau à la maison pour le sortir le 14 juillet. Le candidat de l’UMP a donc eu beau jeu de railler, à la première occasion, la position de sa concurrente : «C’est extraordinaire ! Il y a une semaine, François Bayrou et Ségolène Royal disaient que j’avais tort. Mme Royal, avec le sens de la modération qu’on lui connaît maintenant, disait même que c’était ignoble. Et après avoir prononcé ce mot, elle fait un discours entier sur l’identité nationale. Mais je ne lui en veux pas, je trouve que c’est important qu’elle comprenne».

«Le patriotisme du cœur»

Que Ségolène Royal choisisse d’utiliser des symboles de la République pour se positionner sur le terrain de l’identité n’a pas fait plaisir à tout le monde. A gauche, ce n’est pas la tradition d’agiter le drapeau tricolore aux fenêtres. Il n’est pas non plus habituel de choisir un nouveau slogan comme «La France présidente». Olivier Besancenot de la Ligue communiste révolutionnaire, Arlette Laguiller de Lutte ouvrière ou Dominique Voynet des Verts ont d’ailleurs marqué leur désapprobation. Mais Ségolène Royal a pris le parti de ne pas laisser le monopole de cette thématique à la droite, quitte à s’exposer à certaines critiques. Pour y répondre, l’entourage de la candidate socialiste a affirmé que son identité nationale à elle n’avait rien à voir avec celle de Nicolas Sarkozy.

Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a expliqué le week-end dernier : «Quand M. Sarkozy intime l’ordre d’aimer la France ou de la quitter, il véhicule le patriotisme de la peur. Ségolène Royal veut réhabiliter un patriotisme du cœur où ce ne sont pas les origines qui comptent mais les valeurs qui nous rassemblent». Elle a elle-même donné sa définition, devant les étudiants de l'Unef le 25 mars, en affirmant : «L’identité nationale, c’est d’abord une nation qui donne à chacun le droit de vivre cette identité nationale, c’est-à-dire celle qui consiste à ne pas demander d’où on vient mais ce que l’on veut vivre ensemble».

Doubler Le Pen ?

Cette version n’a pas convaincu le challenger centriste de l’élection présidentielle. François Bayrou a affirmé lundi : «Honorer la nation, c’est bien. Mais il ne faut pas sombrer dans la névrose perpétuelle de l’identité». Et le lendemain, il a renvoyé dos-à-dos les candidats du Parti socialiste et de l’UMP : «Tout le monde voit bien ce qui est en train de se passer, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, dans la course à un certain électorat... Je ne participerai pas à cette course-poursuite dont on sait où elle commence et où elle peut aller». Sous-entendu jusqu’à Jean-Marie Le Pen.

Ce dernier est, il est vrai, dans la posture de celui qui avait raison et qui se réjouit de voir les autres suivre le chemin qu’il a tracé parce qu’il estime qu’il peut en tirer un bénéfice. Avec son sens de la formule, le leader du Front national a résumé la situation à la mode enfantine : «Les billes que mes principaux concurrents ont prises dans mon sac, je vais les récupérer, je le sais. Et mon sac sera plus gros. C’est la règle du jeu». A cela Nicolas Sarkozy rétorque que c’est, au contraire, parce qu’on a laissé trop longtemps l’exclusivité de la thématique identitaire à Jean-Marie Le Pen qu’on lui a ouvert des perspectives électorales : «A nous contester le droit de parler de notre identité, nous créons les conditions d’une crise identitaire». Il promet donc de «rompre avec cette façon de faire de la politique» qui a conduit à la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle en 2002. Verdict le 22 avril.



par Valérie  Gas

Article publié le 27/03/2007 Dernière mise à jour le 27/03/2007 à 13:38 TU

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