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Architecture

Richard Rogers récompensé par le Pritzker Prize

L'architecte britannique Richard Rogers. 

		(Photo : Richard Rogers Partnership)
L'architecte britannique Richard Rogers.
(Photo : Richard Rogers Partnership)
Consécration suprême pour Richard Rogers : l’architecte britannique s’est vu décerner, le 28 mars, le Pritzker Prize 2007, le prestigieux prix américain considéré comme le «Nobel de l’architecture». Un trophée, qui, après beaucoup d’autres et notamment le Lion d’or de la biennale d’architecture de Venise l’an dernier, vient couronner l’ensemble de l’œuvre de Richard Rogers. A 73 ans, l'architecte a imprimé sa marque à de nombreux établissements publics dans des villes d’Europe et d’Asie, établissant en grande partie sa renommée avec le révolutionnaire Centre Georges Pompidou conçu avec Renzo Piano et achevé à Paris en 1977. Richard Rogers est le quatrième Britannique à recevoir le prix Pritzker, fondé en 1979.
Centre Georges-Pompidou à Paris. (Photo : Katsuhisa Kida/ Richard Rogers Partnership)
Centre Georges-Pompidou à Paris.
(Photo : Katsuhisa Kida/ Richard Rogers Partnership)

Neuf ans après son complice du Centre Georges Pompidou, l’Italien Renzo Piano lauréat du Pritzker Prize en 1998, Richard Rogers reçoit à son tour la prestigieuse récompense. Difficile en effet d’éviter la référence à l’œuvre qui a propulsé les deux architectes sur le devant de la scène, il y a tout juste  trente ans : «Le centre Georges Pompidou (…) a révolutionné les musées, transformant ce qui était auparavant des monuments destinés à l’élite en endroits populaires d’échanges sociaux et culturels, au cœur de la ville», a déclaré le jury du Pritzker, en commentant son choix. Il y aura en effet un «avant» et un «après» ce qui est devenu pour les Parisiens «Beaubourg» et qui, objet de violentes polémiques au moment de sa création, est maintenant inscrit au cœur de la capitale française, lieu le plus fréquenté par ses habitants.

La passion de la ville

Car c’est bien là ce qui dès le départ a caractérisé l’architecture de Rogers : construire des édifices dont la forme répond à leurs différentes fonctions, et cela surtout afin que puisse «s’établir une relation entre le bâtiment et le public». Et de regretter, trente après la construction du Centre Pompidou, que la «flexibilité» et la «fluidité» du bâtiment ne répondent pas totalement au souhait initial de ses concepteurs, qui voulaient en faire «une petite ville physique» où il n’aurait pas été nécessaire de payer pour pénétrer, sans séparation entre les entrées de la bibliothèque et celles du musée.

Richard Rogers

«Le building est devenu un grand succès mais j'aimerais voir plus de flexibilité, plus de fluidité, plus de mélange entre le musée, la librairie et les autres départements. Je crois que les choses avancent et c'est ça qui est excitant.»

Toute la philosophie de l’architecture de Rogers est contenue dans ces remarques à laquelle le jury du Pritzker a voulu rendre hommage : «Nous célébrons Richard Rogers, un humaniste qui nous rappelle que l’architecture est l’art le plus social». 

Assemblée Nationale du Pays de Galle. (Photo : Katsuhisa Kida/ Richard Rogers Partnership)
Assemblée Nationale du Pays de Galle.
(Photo : Katsuhisa Kida/ Richard Rogers Partnership)

Pour Rogers, engagement social et engagement architectural vont de pair, et cela s’est traduit tant avec les récompenses reçues en plus de trente ans de carrière que sur les responsabilités qu’il s’est vu confier dans d’importantes institutions. Depuis la création de sa propre agence «Richard Rogers Partnership», ses réalisations ont été couronnées par des dizaines de prix, dont plusieurs «RIBA awards» (prix du Royal Institute of British Architects), et notamment, en 2006 le Lion d’or de la biennale d’architecture de Venise - dont le thème était cette année-là  «Villes, architecture et société» - venu récompenser tout son travail sur les villes. A son tour le Pritzker vient de consacrer en Richard Rogers l’architecte qui «est un défenseur de la vie urbaine et croit à la capacité de la ville à catalyser les changements sociaux ».

Millenium Dome à Londres. (Photo : AFP)
Millenium Dome à Londres.
(Photo : AFP)

Fait chevalier par la reine Elizabeth II en 1981, Rogers a été élevé à la pairie en 1996 avec le titre de «Lord Rogers of Riverside» et siège à la chambre des Lords sous l’étiquette travailliste. En 1998, à la demande du Premier ministre Tony Blair, il préside la Commission urbaine du gouvernement. Actuellement conseiller en chef en architecture et urbanisme auprès du maire de Londres, Rogers jour un rôle important dans l’élaboration de la ville contemporaine. Un rôle qu’il joue également aussi à Barcelone, en Espagne, auprès du Comité des stratégies urbaines.

Une architecture lisible et flexible

Né en 1933 à Florence, en Italie, où sa famille avait émigré avant de revenir en Grande-Bretagne à l’orée de la Seconde Guerre mondiale, Richard Rogers fait ses études à l’architectural Association School de Londres, puis aux Etats-Unis, à l’Université de Yale où il se lie avec Norman Foster. A leur retour en Angleterre, en 1963, ils fondent avec leurs épouses l’agence londonienne d’architecture «Team 4» (l’équipe 4) qui conçoit essentiellement des laboratoires et des bâtiments industriels.

A la fin des années soixante, il travaille avec Renzo Piano avec qui il remporte en 1971 le concours pour le Centre Georges Pompidou, un projet conçu  «entre rêve et réalité», dira Rogers . On connaît la suite….

Lloyd's building à Londres. (Photo : Richard Bryant/ Richard Rogers Partnership)
Lloyd's building à Londres.
(Photo : Richard Bryant/ Richard Rogers Partnership)

Avec la création de son agence, en 1977, l’architecte s’attaque essentiellement à la réalisation de sièges sociaux londoniens, dont l’impressionnante Tour Lloyd’s, achevée en 1986. Pour célébrer l’entrée dans le nouveau millénaire, il conçoit le Dôme du Millénium, un édifice symboliquement construit sur la ligne du méridien de Greenwich, sur une boucle de la Tamise. Parmi ses dernières réalisations, le nouveau bâtiment de l’Assemblée nationale du Pays de Galles, à Cardiff.

Ses réalisations sont également visibles en Espagne, avec l’aéroport international de Madrid-Barajas, ou au Japon, avec l’école Minami Yamashiro, près de Kyoto.

Ecole de Minami Yamashiro au Japon. (Photo : Katsuhisa Kida/ Richard Rogers Partnership)
Ecole de Minami Yamashiro au Japon.
(Photo : Katsuhisa Kida/ Richard Rogers Partnership)

En France, on lui doit notamment le bâtiment de la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg, l’aéroport de Marseille et, plus récemment le siège du tribunal de grande instance de Bordeaux. Sans oublier, bien sûr, le Centre Georges Pompidou, qui lui rendra hommage dans une exposition à partir de novembre 2007. 



par Danielle  Birck

Article publié le 29/03/2007 Dernière mise à jour le 29/03/2007 à 14:54 TU