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Présidentielle 2007

A deux, c’est mieux ?

La candidate socialiste Ségolène Royale et son compagnon François Hollande, premier secrétaire du PS, lors de leur premier meeting commun à Limoges. 

		(Photo : Reuters)
La candidate socialiste Ségolène Royale et son compagnon François Hollande, premier secrétaire du PS, lors de leur premier meeting commun à Limoges.
(Photo : Reuters)
Ségolène Royal et François Hollande se sont retrouvés, jeudi 29 mars à Limoges (centre-ouest de la France), pour leur premier meeting commun de la campagne. La candidate socialiste et le Premier secrétaire ont joué la partition du couple à la ville et à la scène. Chacun dans un rôle précis : lui en flingueur, elle en star. Lui cinglant, elle républicaine. Ils n’avaient utilisé ce scénario en duo que deux fois jusqu’ici. C’était avant le début de la vraie campagne : en novembre dernier, lors du congrès d’investiture de la candidate socialiste et en février, à l’occasion du rassemblement organisé pour la présentation de son discours programme à Villepinte.

Ils ne font plus campagne à part. Ségolène Royal et François Hollande ont choisi, à trois semaines du premier tour de la présidentielle, d’être ensemble en meeting. Cela leur a donné l’occasion d’échanger l’un de ces gestes jusqu’ici quasi-exclusivement réservé à l’intimité : un petit bisou. Sous les flashes des appareils photos et devant quelque 6 000 militants rassemblés au Zénith de Limoges. Le couple socialiste le plus en vue -et pour cause puisqu’il réunit la candidate à la présidentielle et le Premier secrétaire du parti- a réservé la primeur de cette intervention en duo à une région qui est chère à leur cœur à tous les deux. Ségolène Royal a d’ailleurs fait part de son émotion de se retrouver là, dans ce Limousin «terre rebelle, terre d’insoumission dans les campagnes et dans les usines»,… avec François. Elle a évoqué «un jour particulier».

Pas facile de gérer cette situation inédite dans le paysage politique français où les deux membres du couple sont têtes d’affiche et où, en plus, c’est la femme qui mène le combat le plus prestigieux. Comment déterminer la place de l’un par rapport à l’autre ? La question est récurrente et souvent posée aux principaux intéressés qui la balaient d’un revers de main, comme si elle n’intéressait que les autres. Eux, ça fait longtemps qu’ils mènent famille commune et carrières respectives de front. A Limoges, ils ont donc donné l’image de l’harmonie, de la solidarité. Après la publication, il y a quelques jours, du livre de Ségolène Royal intitulé Maintenant, où elle lève quelques voiles sur son intimité et avoue même qu’elle aurait aimé épouser son compagnon à l’été 2006 sur une pirogue polynésienne, cette apparition harmonieuse fait office de réponse aux rumeurs sur leurs dissensions politiques ou même leur séparation dans la vie. Couple atypique peut-être, mais couple quand même.

A chacun son boulot

En tout cas, ils sont en campagne tous les deux. Et ils ont un objectif commun : gagner la présidentielle. Pour y parvenir, chacun prend sa part. François Hollande n’a pas son pareil pour taper sur les adversaires de Ségolène Royal. Le candidat de l’UMP en tête. A Limoges, il s’en est donné à cœur-joie. Il s’est emparé de la polémique sur les incidents entre police et bandes à la gare du Nord pour renvoyer l’ancien ministre de l’Intérieur dans les cordes : «Nicolas Sarkozy a dit hier soir qu’il se plaçait du côté des victimes. Non ! Il est du côté des responsables, c’est différent». Et pas question pour le Premier secrétaire de laisser les attaques du candidat de l’UMP sur le thème de la gauche laxiste qui défend les fraudeurs, sans réponse : «Nous ne laisserons pas dévoyer le débat public et nous ne nous laisserons pas insulter, parce que quand Nicolas Sarkozy dit qu’il est le candidat des honnêtes gens, je veux dire que ceux qui ne voteront pas -et ils sont majoritaires- pour Nicolas Sarkozy sont aussi des honnêtes gens». Et comme il ne faut négliger aucun danger, il a aussi réservé quelques piques à François Bayrou, le candidat centriste qui fait campagne sur le thème ni droite, ni gauche : «Il s’avance dans le flou et dans la brume… C’est un voyageur sans bagages

Quand il a passé le témoin à Ségolène Royal, la place était nette. A charge pour elle de dérouler le programme, d’aborder les questions de fond, de donner sa vision de la société. Celle du «donnant-donnant», où l’allocation autonomie pour les jeunes s’accompagne, par exemple, d’un engagement à fournir du soutien scolaire, où les aides aux entreprises sont conditionnées à des critères d’embauches… Les droits et les devoirs, ça rappelle le discours d’un autre candidat… celui de l’UMP. Mais Ségolène Royal se défend de toute comparaison avec Nicolas Sarkozy. La candidate socialiste a expliqué, de nouveau à Limoges, sa spécificité de femme de gauche : «Je ne suis pas favorable à une société de l’assistanat, la gauche ce n’est pas cela, la gauche c’est la dignité du travail». Sous les mêmes mots, elle revendique de mettre des conceptions différentes. Ségolène Royal est moins décidée que jamais à laisser à Nicolas Sarkozy le monopole des valeurs clefs de la campagne : le travail et l’ordre.

Rendez-vous à Lille

Après Limoges, elle va continuer à battre le pavé pour le dire et le redire. François Hollande aussi, de son côté. Ils ont néanmoins prévu, semble-t-il, un autre rendez-vous afin de le clamer ensemble : à Lille (nord de la France), pour le dernier meeting avant le premier tour.



par Valérie  Gas

Article publié le 30/03/2007 Dernière mise à jour le 30/03/2007 à 15:09 TU

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