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Réchauffement climatique

La santé va trinquer

Réunis toute la semaine du 2 au 6 avril à Bruxelles, les experts sur l’évolution du climat, traitent de l’impact sanitaire du réchauffement planétaire sur les populations. Les quelque 400 délégués des 190 pays membres du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) doivent négocier, cette semaine, à huis clos, les termes de «leur résumé à l’attention des décideurs». Ce texte synthétisera, pour les décideurs et le public, le rapport élaboré depuis cinq ans par plus d’un millier de chercheurs.
Les perturbations dues au réchauffement climatique se feront les plus cruellement sentir dans les pays pauvres d'Afrique et d'Asie, où des millions de personnes souffriront de la pénurie d'eau et du recul des terres arables. 

		(Photo : Laurent Correau/RFI)
Les perturbations dues au réchauffement climatique se feront les plus cruellement sentir dans les pays pauvres d'Afrique et d'Asie, où des millions de personnes souffriront de la pénurie d'eau et du recul des terres arables.
(Photo : Laurent Correau/RFI)

Créé en 1988 par l’ONU, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), avait publié en février dernier, à Paris, sa dernière expertise sur le réchauffement climatique : les scientifiques prévoient que, selon toute vraisemblance, la Terre va subir une hausse moyenne des températures de 2°C à 4°C d’ici 2100, par rapport au début de l’ère industrielle. La semaine de travaux porte donc sur les différents impacts sanitaires que ce réchauffement aura, en tout état de cause, sur les populations du Nord et du Sud, au cours des décennies à venir. «La force du diagnostic scientifique [qui constituait, en février, la première étape des travaux] va donner du poids à celui sur les impacts», selon le climatologue français Jean Jouzel, membre du Giec. D’autant, poursuit le chercheur qu’«il y a maintenant une perception du réchauffement : il y a une dizaine d’années, on en parlait comme de quelque chose d’abstrait. Or certains impacts sont déjà sensibles comme en Arctique, en Afrique ou dans les grands deltas».

D’après les experts, c’est toute la santé de la planète qui est en péril. Santé des sols, des rivières, des ressources animales et santé des humains. Les conséquences du dérèglement des températures, déjà effectives, vont se préciser et elles ne seront pas les mêmes pour tous. Ainsi, la fréquence des sécheresses devrait s’accroître de soixante-cinq pour cent et affecter des régions aujourd’hui déjà semi-arides comme, par exemple, le Nord-Est du Brésil ou le Proche-Orient. Les populations pauvres du continent africain devraient souffrir d’une paupérisation galopante liée aux pénuries d’eau pour les cultures, à un recul des terres arables et à une raréfaction de l’eau potable. A l’opposé, le Bangladesh, par exemple, devrait probablement pâtir d’élévations catastrophiques du niveau des océans, tandis qu’une multiplication de tempêtes va, selon les climatologues, «gravement perturber les transports dans le golfe du Mexique, sur les côtes atlantiques et dans le Nord», indique le rapport.

Anticiper plutôt qu’agir dans l’urgence

Les populations les plus démunies et les plus vulnérables seront les plus exposées. Ainsi, le continent africain et les régions arctiques, où le réchauffement sera d’une amplitude supérieure à celle observée ailleurs, remettra en cause les modes de vie et de culture, et impliquera des migrations des populations. En Afrique, les experts prévoient une augmentation de la mortalité liée au choléra, une augmentation des zones de dengue et de paludisme et un allongement de la saison de propagation de ces maladies. Mais, les populations du Nord ne seront pas pour autant épargnées : les villes des pays industrialisés devraient, par exemple, enregistrer un nombre croissant de décès liés à des maladies respiratoires car la chaleur favorise la pollution à l’ozone et la rétention des particules dans l’air.

Globalement, hormis quelques effets bénéfiques dans quelques régions, notamment une diminution de la mortalité liée au froid et un recul de certains parasites au-delà d’un certain seuil de températures et de précipitations, les climatologues estiment que les impacts sur la santé seront avant tout négatifs. Et, parce qu’il vaut mieux anticiper que de chercher des solutions dans l’urgence, les scientifiques entendent bien aider les gouvernements à définir des politiques préventives : «La question n’est plus de savoir si le réchauffement climatique a lieu, mais ce qu’il faut faire pour y remédier», estime Achim Steiner, directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

Début mai, des propositions concrètes seront faites, en ce sens, par le troisième groupe de travail qui doit se réunir à  Bangkok. La synthèse du 4e rapport sera adoptée, lors de la 27e session de l’organe, en novembre, à Valence (Espagne).

Au moment où les experts du Giec commençaient leur semaine de travaux, la Cour suprême américaine rendait un avis sur les changements climatiques. La Cour affirme que l'Agence (américaine) de protection de l'environnement et l'administration Bush ont tort de ne pas considérer les gaz à effet de serre comme des polluants.  



par Dominique  Raizon

Article publié le 02/04/2007 Dernière mise à jour le 02/04/2007 à 16:31 TU

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(Photo: EUMETSAT 2002)

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