Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Présidentielle 2007

Pas de débat mais des mots durs

L'idée d'un débat à quatre avant le premier tour de la présidentielle fait polémique. 

		(Montege : RFI)
L'idée d'un débat à quatre avant le premier tour de la présidentielle fait polémique.
(Montege : RFI)
La campagne électorale s’anime, à trois semaines du premier tour. Entre les échanges de propos acides de Ségolène Royal avec Nicolas Sarkozy et l’idée d’un débat sur internet qui réunirait uniquement les quatre principaux candidats, lancée par François Bayrou, on est entré dans la phase des piques et autres invectives. Tout est bon pour se tacler entre adversaires. Désormais, il ne faut plus perdre le moindre pouce de terrain, ni sur le fond, ni dans la forme.

Débat ou pas débat ? Si François Bayrou en veut, Nicolas Sarkozy n’en veut pas. C’est la dernière polémique de la campagne. Le candidat centriste a profité de la présentation de son projet présidentiel, le 3 avril, pour inviter ses trois principaux adversaires -Jean-Marie Le Pen, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy- à s’affronter à l’occasion d’un débat… sur internet. Il a estimé qu’il était «nécessaire» de donner l’occasion aux candidats de confronter leurs idées. François Bayrou a évoqué la Toile pour une raison simple : la règle de l’égalité des temps de parole des candidats s’applique désormais aux radios et aux chaînes de télévision. Cela rend, selon le candidat de l’UDF, l’organisation d’un débat à douze un peu compliquée sur ces médias tenus de réaliser un décompte précis.

En proposant une solution de contournement des règles du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) grâce à internet, où les contrôles ne sont pas possibles, François Bayrou se place dans une position un peu ambiguë par rapport à sa principale thématique de campagne. A savoir changer la donne politique en brisant le monopole du parti majoritaire de droite, l’UMP, et de la principale formation de gauche, le Parti socialiste, sur l’exercice du pouvoir. Cela n’a pas échappé à Nicolas Sarkozy qui a répondu lors de son déplacement dans l’ouest de la France : «Il peut y avoir un débat à douze ou pas de débat». Et du point de vue du candidat de l’UMP, le moment n’est pas venu : «Nous sommes à un peu plus de 15 jours du premier tour. Je crois qu’il faut laisser les Français choisir les deux candidats qui seront sélectionnés pour le second et qu’à ce moment, il y aura des débats».

Et les «petits» dans tout ça ?

Nicolas Sarkozy est un peu isolé dans sa posture de refus. Car Ségolène Royal et Jean-Marie Le Pen ont, eux, accepté le principe d’une confrontation selon les termes définis par François Bayrou. La candidate socialiste s’est dite «disponible pour tous les débats». Le candidat du Front national a déclaré au Figaro qu’il y participerait «avec plaisir». Il n’y a eu, pour le moment, que Guillaume Peltier, le secrétaire général du Mouvement pour la France (MPF), le parti de Philippe de Villiers, l’un des «petits» candidats de l’élection présidentielle, pour venir critiquer l’idée de François Bayrou d’organiser une confrontation à quatre. Déclarant que «c’est le petit débat entre grands amis du système», il a ajouté : «C’est absolument inacceptable et anti-démocratique. Il faut que les débats se fassent à douze par tirage au sort pour que les Français puissent choisir entre les douze candidats à la présidentielle».

Pour prendre l’initiative, tout est bon. Pour ne pas la perdre, tout est permis. L’altercation verbale entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy de ces derniers jours en donne un exemple. Tout a commencé quand la candidate socialiste a dénoncé la proposition de son adversaire de l’UMP de créer un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale en déclarant qu’il était «ignoble» de faire l’amalgame entre ces deux notions. Nicolas Sarkozy a alors saisi la première occasion pour lui renvoyer un mot doux en l’accusant de défendre les «fraudeurs» à la suite des incidents entre forces de l’ordre et jeunes, à la gare du Nord, la semaine dernière.

Une attaque entraînant une riposte, voilà les deux favoris de la course à l’Elysée obligés de se traiter de noms d’oiseaux par presse interposée. Ségolène Royal a estimé qu’elle était «insultée», que Nicolas Sarkozy était «un menteur» et qu’il perdait «son sang froid». Lui l’a accusée «d’hystérie». Chacun d’eux prenant garde, à chaque mot dur lâché sourire aux lèvres, de mettre toutes les formes nécessaires pour montrer que c’était à regret, poussé par la nécessité et les attaques injustifiées dont il était victime, qu’il en venait à répondre sans courtoisie. Pas de débat, ça ne veut pas dire pas de coup bas.



par Valérie  Gas

Article publié le 04/04/2007 Dernière mise à jour le 04/04/2007 à 12:46 TU

Dossiers