Présidentielle 2007
La campagne devient officielle
(Photo : AFP)
La campagne officielle a démarré ce lundi 9 avril à 00h00, avec l’affichage sur les panneaux installés devant les 85 000 bureaux de vote. Numérotés de un à douze, les panneaux métalliques ont été attribués en fonction du tirage au sort effectué, le 19 mars, par le Conseil constitutionnel. Au nom de «l’égalité parfaite», la réglementation, supervisée par le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) impose à tous les candidats le même temps de parole à la radio et à la télévision. L’instance de régulation a établi, également par tirage au sort, l’ordre de diffusion des clips audiovisuels.
«Face à une gauche molle et une droite dure», l’altermondialiste José Bové, fondateur du mouvement Confédération paysanne, a donné, ce matin, le coup d’envoi de la campagne audiovisuelle officielle, sur la chaîne France 5. A l’instar de leur consœur, les autres chaînes de télévision et radio publiques - France 2, France 3, France 4, RFO (Radio France Outre-mer, radio et télévision), France Inter et RFI - seront tenues de diffuser une fois par jour minimum, deux fois maximum, des clips à durée variable (une minute, 2 minutes et demie et 5 minutes et demie). Au total, chaque candidat disposera, jusqu’au vendredi 20 avril à minuit, d’un temps de parole de 45 minutes pour exposer son programme et donner sa vision de la France. Portion congrue, si l’on songe à l’élection de 1965 où le spectateur avait parfois droit à vingt minutes d’un seul bloc.
Le casse-tête de la stricte égalité
La première conséquence de cette réglementation, la plus stricte d’Europe, concernant la dernière phase de la campagne officielle, est la difficulté pour les télés et les radios à organiser des débats entre les candidats. Quelque 18 millions d’électeurs sur les 44,5 millions d’inscrits se disent encore indécis à deux semaines du premier tour de scrutin. 42% sont donc susceptibles de changer d’avis, selon un sondage CSA, publié hier, dans le quotidien Le Parisien.
Une autre complication réside dans l’horaire de diffusion. Il ne suffit pas seulement de programmer chaque spot une à deux fois par jour. Chaque candidat devra être entendu à égalité aux mêmes heures.
L’égalité aux dépens du débat démocratique
La volatilité de l’électorat s’explique en partie par la multiplication des thèmes de campagne dont les candidats se sont emparés au gré de l’actualité, ce qui ne fait que dérouter un peu plus l’électeur indécis. La préoccupation majeure des Français en 2007 restant le chômage et ses corollaires, pouvoir d’achat et précarité.
Les contraintes du temps d’antenne poussent les partis à investir dans une campagne sur internet, même si un Français sur deux n’est pas connecté au réseau. En outre, la recherche de l’information en ligne suppose une démarche volontaire.
La fin des colleurs bénévoles
L'ouverture de la campagne se traduit aussi par l'apparition des affiches des candidats sur les panneaux officiels, dressés dans toutes les communes de France, à proximité des 85 000 bureaux de vote. Fini le temps des colleurs d’affiches bénévoles. De Jean-Marie Le Pen (Front national) à Arlette Laguiller (Lutte ouvrière), les affiches officielles des candidats à l’élection présidentielle seront collées par la même entreprise, à savoir le groupe américain Clear Channel, numéro un mondial de l’affichage publicitaire. Le financement est assuré par l’Etat. Sur les panneaux électoraux, le tirage au sort a voulu qu’Olivier Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire) arrive en tête des douze prétendants à l’Elysée. Nicolas Sarkozy, le candidat de l’UMP, ferme le ban.
par Françoise Dentinger
Article publié le 09/04/2007 Dernière mise à jour le 09/04/2007 à 16:47 TU