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Présidentielle 2007

Duel à droite

Jean-Marie Le Pen, candidat du Front national (gauche) et Nicolas Sarkozy, candidat de l'UMP. 

		(Photos : AFP)
Jean-Marie Le Pen, candidat du Front national (gauche) et Nicolas Sarkozy, candidat de l'UMP.
(Photos : AFP)
Entre Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen, le ton monte. Les deux candidats ont entamé la dernière ligne droite avant le premier tour de l’élection présidentielle, le 22 avril, sur le mode de l’altercation. Le leader du Front national (FN) a répondu aux récentes tentatives de son adversaire de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) d’aller le concurrencer sur ses thèmes de prédilection, comme l’immigration et la sécurité, en l’attaquant sur ses origines.

Quand Le Pen tape sur Sarkozy, ça n’est pas du fleuret moucheté. Le candidat d’extrême-droite a plutôt choisi l’offensive à l’arme lourde. Il a ainsi essayé de reprendre la main dans la bataille électorale en mettant en cause la capacité de son adversaire de la droite républicaine, dont le père est un immigré hongrois, à incarner la France. Il a déclaré avec son habituel franc-parler teinté de provocation : «C’est un candidat qui vient de l’immigration, moi, je suis un candidat du terroir». Et d’ajouter par la suite : «Compte tenu de la particularité du chef de l’Etat, je ne suis pas absolument sûr qu’il soit de bon goût de se présenter à ce poste quand on n’est pas représentatif du peuple qu’on prétend représenter». Dans la foulée, Marine Le Pen, la fille du candidat, s’en est même pris à l’épouse de Nicolas Sarkozy, Cécilia, qui aurait selon elle affirmé être «fière de n’avoir aucune goutte de sang français dans les veines». Une phrase jugée «choquante».

En matière d’identité nationale, Jean-Marie Le Pen a donc voulu rappeler au candidat de l’UMP qu’il n’était pas question de se laisser donner des leçons. Une manière de répondre, après coup, à l’idée lancée il y a quelques semaines par ce dernier de créer un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, s’il était élu. Cette proposition inattendue de Nicolas Sarkozy avait, en effet, marqué un virage à droite assez significatif dans sa campagne. D’autant qu’elle avait ensuite été suivie de prises de position très fermes au moment des affrontements entre jeunes et forces de l’ordre à la gare du Nord. Immigration, sécurité, Jean-Marie Le Pen avait d’abord ironisé sur ceux qui voulaient prendre «des billes» dans son sac, affirmant qu’au bout du compte, celui-ci «serait plus gros». Il est maintenant passé à une autre étape, celle de l’offensive.

Attaque-riposte

La stratégie de Jean-Marie Le Pen est claire : il ne veut pas céder une quelconque part de son électorat potentiel à Nicolas Sarkozy. Et il espère même lui en prendre un peu en utilisant ce qui semble être une des faiblesses du candidat de l’UMP : la banlieue. Avant de s’attaquer à l’homme Sarkozy, Jean-Marie Le Pen avait, en effet, organisé, le 6 avril, une visite surprise médiatisée sur les lieux-mêmes où son adversaire avait déclenché, en 2005, une polémique en parlant de «racailles» et de «karcher» : la dalle d’Argenteuil, dans le Val d’Oise. Le candidat du FN entendait ainsi défier l’ancien ministre de l’Intérieur qui souffre d’une image très dégradée auprès des jeunes des quartiers sensibles. Il avait d’ailleurs profité de l’occasion pour asséner à l’intention de Nicolas Sarkozy : «Si certains veulent vous karchériser pour vous exclure, nous voulons nous vous aider à sortir de ces ghettos de banlieue».

Face à ces attaques ciblées, Nicolas Sarkozy a choisi de rétorquer sans surenchère mais de front : «Oui, je suis un enfant d’immigré, fils d’un Hongrois, petit-fils d’un Grec né à Salonique… Mais dans ma famille, Monsieur Le Pen, on aime la France parce qu’on sait ce qu’on lui doit». Il s’est aussi placé dans la posture de celui qui refuse de rabaisser le débat aux attaques personnelles : «C’est un devoir pour chacun d’entre nous (…) de ne pas laisser la porte ouverte à des comportements qui ne sont pas dignes, qui abaissent la démocratie, qui affaiblissent la République». Une manière d’agir qu’il veut à la hauteur de la fonction à laquelle il prétend et dont il a donné encore une fois sa vision : «Etre président de la République, c’est une ascèse (…) et pour bien gouverner les Français, il faut les aimer. ça, M. Le Pen, aimer les Français, il faut le savoir, ce n’est pas donné à tout le monde».

Pour finir, Nicolas Sarkozy a aussi essayé de couper court aux attaques sur sa crainte de se rendre en banlieue. Il a d’abord rappelé qu’il n’était pas en reste en matière de visites dans les quartiers puisqu’il s’y est rendu «209 fois en cinq ans». Mais surtout, il s’est organisé un déplacement sur mesure à Villepinte, le 11 avril, pour assister à une «cérémonie d’entrée dans la nationalité française», sur la place de l’Hôtel de Ville. Décidément en 2007, c’est la campagne de la France aux Français.



par Valérie  Gas

Article publié le 11/04/2007 Dernière mise à jour le 11/04/2007 à 13:37 TU

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