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Guinée

Première tournée internationale

Le Premier ministre guinéen Lansana Kouyaté conduit du 14 au 22 avril une mission gouvernementale officielle en France et en Belgique. 

		(Photo : Reuters)
Le Premier ministre guinéen Lansana Kouyaté conduit du 14 au 22 avril une mission gouvernementale officielle en France et en Belgique.
(Photo : Reuters)
Le nouveau Premier ministre, Lansana Kouyaté est à la tête d’une délégation ministérielle pour sa première visite officielle en France et en Belgique. Le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Ousmane Doré, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération, de l’Intégration et des Guinéens de l’extérieur, Abdoul Kabélé Camara et de nombreux autres techniciens font partie de la délégation. Outre le président de la République française, Jacques Chirac et son Premier ministre Dominique de Villepin, la délégation guinéenne rencontrera les milieux d’affaires français et les décideurs européens.

Pour sa première sortie internationale, le Premier guinéen Lansana Kouyaté a choisi de se rendre en France et en Belgique à la rencontre des décideurs et des institutions économiques et politiques européennes. A Paris, il rencontrera les responsables de l’Agence française de Développement (AFD) puis ceux du patronat français. Lansana Kouyaté et ses ministres se rendront ensuite, le 18 avril, à Strasbourg, dans l’est de la France, au siège du Parlement européen, avant de rencontrer le président de la Commission européenne, José Manuel Duardo Barroso et Louis Michel, le Commissaire européen au développement, le 20 avril. Le Premier ministre guinéen retrouvera, ce même jour, ses compatriotes à Saint-Denis, près de Paris, pour clore sa mission européenne aux accents plus économiques que politiques.

Après avoir procédé à un bref état des lieux dans son pays, le Premier ministre Lansana Kouyaté a axé son action sur le redressement économique tout en cherchant à améliorer le cadre de vie des Guinéens. Il n’a pas oublié que les revendications sociales du début de l’année 2007 sont à l’origine de la profonde crise politique que traverse la Guinée. Les actions prioritaires affichées par le gouvernement sont, au minimum, la fourniture de l’eau et de l’électricité dans les grandes agglomérations du pays. Les programmes d’adduction d’eau sont élaborés et vont s’ajouter à un effort voulu par l’Etat en faveur des denrées alimentaires dont les prix ont connu, ces derniers mois, des envolées exponentielles. C’est le cas du riz, aliment de base en Guinée, dont le prix du sac de 50 kg est passé d’une moyenne de 40 000 à plus de 180 000 francs guinéens (plus de 31 euros) en quelques mois. La tendance est aujourd’hui à la baisse et le sac de 50 kg de riz se négocie actuellement autour de 135 000 francs guinéens.

Renégocier les contrats

Pour financer ces efforts en faveur de la relance de la consommation, l’Etat guinéen a besoin de liquidités. Et, le Premier ministre s’est souvenu des recettes minières de l’Etat en dépôt dans les banques suisses. Pour l’instant, un transfert de ces fonds, 160 millions d’euros, a été ordonné vers une banque française pour aider au financement de l’importation du riz et pour l’achat de fioul, devant participer au programme d’électrification des grandes agglomérations. L’importation du riz qui incombait à des opérateurs privés est désormais pris en charge par l’Etat guinéen qui contourne ainsi les filières établies, faisant des anciens importateurs de simples distributeurs. Ces derniers dénoncent déjà l’Etat commerçant qui se substitue à eux en instaurant à son tour un monopole.

Le gouvernement guinéen, sur la lancée, a également entrepris la révision de fond en comble de tous les contrats d’affaires avec les firmes internationales qui exploitent ses ressources minières. L’objectif est de tirer des profits directs de l’exploitation des ressources minières, au lieu de se contenter uniquement des placements en banques. Ces recettes, jusque-là servaient au remboursement de la dette extérieure guinéenne et au financement de programmes de développement. Par ailleurs, les nouvelles autorités guinéennes ont découvert que certains contrats étaient négociés en dépit du bon sens, parce que certaines personnes y trouvaient un intérêt particulier. La Guinée, premier exportateur de bauxite, qui exploite également l’or, le diamant, le fer et le nickel, tirait des profits annuels de l’ordre de 500 millions de dollars avec des contrats signés sous l’ère du premier président Sékou Touré. Ces contrats ont été révisés en 1997 et n’ont produit, en moyenne annuelle, qu’une centaine de millions de dollars de revenus, alors que l’exploitation du bauxite est, durant la même période, passée de 9 milliards à quelque 17 milliards de tonnes par an. Le gouvernement guinéen fait donc de la révision des contrats d’exploitation minière une de ses priorités.

Le nouveau gouvernement guinéen veut réviser tous les contrats «s’il le faut à l’amiable ou à défaut en saisissant des cabinets d’avocats pour défendre les intérêts du pays», a prévenu Justin Morel Junior, le ministre de la Communication. La visite officielle de l’importante délégation guinéenne en France et en Belgique, dans les milieux d’affaires et politiques, procède de cette volonté de rompre avec les pratiques anciennes.



par Didier  Samson

Article publié le 17/04/2007 Dernière mise à jour le 17/04/2007 à 17:23 TU