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Guinée Bissau

Un gouvernement de sortie de crise

Carte de Guinée-Bissau 

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Carte de Guinée-Bissau
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Le nouveau Premier ministre, Martinho N’Dafa Cabi, a annoncé, mardi 17 avril, la formation de son gouvernement, qui compte 29 portefeuilles, dont 11 attribués au Parti pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC, ex-parti unique de 1975 à 1998) et au Parti de la rénovation sociale (PRS), les deux partis à l’origine de la crise institutionnelle qui secoue le pays depuis un mois. Le président Joao Bernardo Vieira a, pour sa part, nommé des proches aux postes-clés des Affaires étrangères, Intérieur, Finances et Justice. Seuls deux ministres du précédent exécutif ont été reconduits : Issuf Sanha, ex-ministre de l’Economie, nommé aux Finances et Joao de Barros, maintenu au secrétariat d’Etat à la Communication sociale. En revanche, les ministères-clés de la Défense et des Ressources naturelles ont été confiés à Marciano Silva Barbeiro et Soares Sambu, du PAIGC.


«Rigueur, discipline et transparence dans la gestion des finances publiques», voilà ce qu'a promis le nouveau Premier ministre bissau-guinéen, lors de la cérémonie d’investiture de son gouvernement mardi soir à Bissau. Et, ce mercredi, il est passé de la parole aux actes. Le premier décret du nouveau chef du gouvernement «détermine le gel des comptes bancaires du Trésor public, ministères et secrétariats d’Etat et de toute autre entité en relation directe ou indirecte avec des institutions publiques». Le document impose également au cabinet sortant de présenter un rapport financier sur les versements et les retraits depuis le 19 mars, date du vote de la motion de censure par le Parlement qui a provoqué la chute du gouvernement de Aristides Gomes, un proche du président Nino Vieira. Le nouveau Premier ministre a aussi décidé de lever le secret bancaire des comptes de l’Etat et de centraliser les comptes du Trésor public.

Martinho N’Dafa Cabi a également promis la régularisation des salaires des fonctionnaires, impayés depuis plusieurs mois et s’est engagé à «travailler pour la création d’un environnement favorable aux affaires et investissements», alors qu’un rapport de la Banque mondiale publié cette semaine souligne le peu d’investissements étrangers et d’aide au développement dont bénéficie le pays (79 millions de dollars en 2005, l’équivalent à 50 dollars par habitant). La Guinée-Bissau, l’un des pays les plus pauvres au monde, figure à la 172e place (sur 177) du dans le rapport 2006 de l’indice de développement humain (IDH) établi par le programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Au centre des préoccupations du nouveau Premier ministre figure aussi l’organisation de la campagne de commercialisation de la noix de cajou. Considérée comme l’or de la Guinée-Bissau, la noix de cajou est la principale ressource du pays, représentant 85% des recettes d’exportation du pays. Ce secteur lourdement touché par la baisse des cours mondiaux est au centre d’une polémique, après la création, en 2006, par le gouvernement, d’une entreprise de commercialisation de la noix de cajou qui, d’après ses opposants, fait concurrence aux investisseurs étrangers.

Sur le plan politique, dès sa nomination, le nouveau Premier ministre a défini comme priorités : le dialogue avec toutes les sensibilités politiques du pays pour avoir un «large consensus sur les grandes questions» et l'organisation des élections législatives en 2008, insistant sur la nécessité de créer les conditions pour «garantir la transparence des scrutins».

La crise institutionnelle

Nommé le 9 avril pour diriger un gouvernement de consensus, Martinho N’Dafa Cabi, 48 ans, est un cadre dirigeant du PAIGC (ex-parti unique) dont il devient vice-président et un ancien ministre de l’Energie et Ressources naturelles (2004). Il a également été ministre de la Défense (d'avril à octobre 2005). Il a été choisi pour le poste de Premier ministre par le président Joao Bernardo – «Nino» - Vieira dans une liste de trois noms proposée par les partis signataires d’un «pacte de stabilité», en vue de la formation d’un gouvernement de consensus.

La dernière crise institutionnelle qui secoue le pays depuis un mois a éclaté le 19 mars dernier. A la suite de la signature d’un pacte politique, les trois partis signataires – PAIGC, PRS et Parti uni social démocrate (PUSD) – soutenus par le Forum de convergence pour le développement (FCD) ont présenté une motion de censure au Parlement qui a amené à la chute du gouvernement d’Aristides Gomes, un proche du président Nino Vieira.

En fait, la crise politique couvait depuis longtemps. Dès l’élection présidentielle en juillet 2005, marquée par le retour au pouvoir de Nino Vieira, la cohabitation du chef de l’Etat et du gouvernement issu des élections législatives de mars 2004 était devenue très tendue, en raison de l’animosité entre Nino Vieira et Carlos Gomes Junior, Premier ministre de l’époque et président du PAIGC. En novembre 2005, le chef de l’Etat avait décidé de remplacer son rival, Carlos Gomes Junior, par Aristides Gomes, chef de file de l’aile dissidente du PAIGC, qui avait soutenu la candidature de Nino Vieira à la présidentielle.



par Elisa  Drago

Article publié le 18/04/2007 Dernière mise à jour le 18/04/2007 à 17:37 TU