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Présidentielle 2007

La presse française juge la campagne

(Photo : RFI)
(Photo : RFI)
Au dernier jour de la campagne, la presse hexagonale consacre l'essentiel de ses colonnes à un bilan - peu flatteur - de l'avant-premier tour.

«C'est un fait indéniable», observe La Voix du Nord, les médias du monde entier se passionnent pour nos élections. Et grâce à Courrier International, l'électeur français peut découvrir une sélection des passages les plus piquants, dans la série «Ségolène Royal racontée aux Grecs, Nicolas Sarkozy expliqué aux Hongrois». Ou encore le centriste béarnais obtenant ce titre dans la presse italienne : «Bayrou bande mou». Et pourtant, relève L'Alsace, dans «cette campagne électorale, la France s'est à nouveau enfermée dans une bulle. Les candidats ont oublié que notre pays est tributaire des autres. Et quand ils parlent d'Europe, c'est pour donner une solution franco-française au blocage institutionnel».

A l'heure des bilans, L'Est Républicain juge la campagne plutôt «décevante». «Agressive sur la fin et assez peu inventive en général. Il faut dire qu'elle est le reflet d'une époque zappeuse, où l'accessoire l'emporte trop souvent sur l'essentiel». Midi Libre évoque aussi la fin de «cette campagne zapping. Ces sauts incessants du coq triomphant à l'âne bâté. Ce fut celle du brouillage des lignes. Entre l'ordre juste de Royal et juste l'ordre de Sarkozy». Selon Les Dernières Nouvelles d'Alsace, ce rendez-vous aurait «mérité plus de clarté». Pour La Croix, il s'agit d'«une élection prometteuse et déroutante». Puisqu'«à 48 heures du premier tour, le scrutin paraît toujours très incertain».

«L'électeur serait même dans le brouillard», d'après l'éditorialiste du Républicain Lorrain. «Une proportion jamais atteinte», souligne France Soir. A ce stade de la campagne, «près de 40 %, soit 17 millions d'électeurs, hésitent encore, et hésiteront peut-être jusqu'au seuil de l'isoloir». Afin de les aider, ce quotidien propose un «grand jeu test» doté de 50 questions, des impôts à la Turquie, permettant de savoir «pour qui voter !». Commentaire de L'Humanité : «On a tout entendu dans cette campagne, et notamment beaucoup d'électeurs dire qu'ils hésiteraient jusqu'au bout parce qu'ils en ont marre de se voir dicter leur choix». Un choix formulé par La Tribune sous ce titre alternatif : «Le cœur ou la raison».

Voter subtil

«Salut à toi, ô électeur hésitant, prince de cette campagne», s'exclame le patron de la rédaction de Libération. Qui incite à se méfier des «coups de billard à trois bandes. (Car, par exemple) si l'on vote Bayrou, c'est qu'on décide, vraiment, de faire disparaître la gauche dès le premier tour pour la deuxième fois de suite, autrement dit, de la rayer de la carte». Le numéro 1 du Monde se prononce également ce vendredi en faveur des «conditions d'une claire et grande confrontation entre deux projets de société. Traditionnellement, ajoute Colombani, dans un scrutin présidentiel, l'adage veut qu'au premier tour on choisisse et qu'au second on élimine. Cette fois, il faut éliminer au premier tour pour être sûr de pouvoir choisir au second. (Et) le seul projet qui s'oppose à celui de Nicolas Sarkozy, et qui s'appuie sur une force politique capable de gouverner, est celui de Ségolène Royal». En effet, note Le Républicain Lorrain, «c'est autour de François Bayrou que se cristallise l'incertitude. Ce candidat peut aussi bien connaître un tassement de dernière minute qu'attirer, au nom du vote utile, tous ceux voyant en lui le seul moyen de battre le président de l'UMP au second tour. Bien malin qui peut livrer aujourd'hui une prédiction». Convergence d'Ouest France, qui conclut : «Tous ceux qui n'arrivent pas dans le duo de tête prédisent une surprise. Et si la surprise, cette fois, était qu'il n'y en ait pas ?».

Le Courrier Picard tient comme certain ce que «disent tous les sondeurs : la clé de l'élection de dimanche se situe chez les indécis. Qui représentaient hier encore le tiers des électeurs». Aussi Nice Matin de comprendre que, «dans ces conditions, les candidats, petits et grands, soient sur des charbons ardents. L'électeur, lui, peut rester calme. Son droit à l'indécision n'est limité que par l'heure de fermeture du bureau de vote». A cet égard, L'Indépendant cite Confucius : «On peut priver une armée de son général en chef, on ne saurait priver le dernier des hommes de son libre arbitre». Le Progrès observe que ce n'est pas si facile de «voter utile. C'est voter subtil. Par exemple donner sa voix à Martin, qui n'est qu'un âne, parce qu'il est le meilleur adversaire de Lambert, que l'on déteste. C'est aussi dire oui au sondeur quand on pense non, histoire d'endormir la concurrence». Bref, si «voter est à la portée de tout le monde, voter utile, c'est autre chose, ça demande des connaissances, et de la réflexion. Ce qui distingue de la plèbe, qui vote selon son cœur, et parfois avec ses pieds».

par Alain  Masson

Article publié le 20/04/2007 Dernière mise à jour le 20/04/2007 à 09:41 TU

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