Les "qualifiés"
Nicolas Sarkozy
«Mes chers compatriotes, ce soir le peuple de France s’est exprimé avec clarté. Après tant de scrutins marqués par la montée de l’abstention, ce premier tour est une victoire pour notre démocratie. En se rendant massivement aux urnes, les Français ont exprimé leur volonté de ne laisser personne décider à leur place. En me plaçant en tête de ce premier tour, et en plaçant Madame Royal en deuxième position, ils ont marqué clairement leur souhait d’aller au bout du débat entre deux idées de la nation, deux projets de société, deux systèmes de valeur, deux conceptions de la politique. Ce débat, nous avons la responsabilité, Madame Royal et moi, de faire en sorte qu’il se déroule dans la clarté, dans la sincérité, dans le respect des personnes. Nous avons le devoir de donner à travers ce débat une image de dignité qui soit à hauteur de la dignité de la fonction présidentielle. Pour ma part, je ne changerai pas de ligne de conduite. Je veux dire à Madame Royal que je la respecte, que je respecte ses convictions, et que je souhaite que le débat du second tour soit véritablement un débat d’idées. Les Français l’attendent depuis trop longtemps, les Français le réclament avec trop de force pour que ce débat d’idées soit dénaturé.
Alors aux onze millions d’électeurs qui ont voté pour moi au premier tour, parce qu’ils se sont reconnus dans les idées que j’ai exprimées, je veux dire merci, et un merci qui vient du plus profond de mon cœur. Ils m’ont fait confiance, et je veux leur dire que je ferai tout pour être digne de cette confiance.
Tout au long de cette campagne, j’ai souhaité m’adresser à tous les Français, bien au-delà des partis. J’ai voulu parler à ceux auxquels on ne parlait plus. J’ai voulu parler aux travailleurs, aux ouvriers, aux employés, aux artisans, aux agriculteurs, à la France qui donne beaucoup, et qui ne reçoit jamais rien. A la France qui est exaspérée et qui souffre. Celle des banlieues en difficultés, des bassins industriels en déclin, des cantons ruraux abandonnés. J’ai voulu mettre au cœur de la politique des valeurs qui me sont chères : l’identité de la Nation, l’autorité, le travail, le mérite. J’ai voulu parler de morale. J’ai proposé la revalorisation du travail, l’école de l’excellence, la moralisation du capitalisme financier, la révolution du développement durable. J’ai dit que ma priorité était de donner à chacun le moyen d’accomplir ses rêves, de réaliser ses ambitions, de réussir sa vie. Ces principes sont le fondement de mon projet politique. Quels que soient les obstacles je n’y renoncerai jamais, je ne les renierai jamais, parce que je suis profondément convaincu que l’avenir de la France, sa prospérité, sa place dans le monde en dépendent, comme en dépend le bonheur des Français.
Alors dans les quinze jours qui restent avant le second tour, je veux dire à tous les Français qui ont peur, qui ont peur de l’avenir, qui se sentent fragiles, vulnérables, qui trouvent la vie de plus en plus lourde, de plus en plus dure… Je veux dire à tous ces Français que je veux les protéger. Je veux les protéger contre la violence, Je veux les protéger contre la délinquance, mais je veux les protéger aussi contre la concurrence déloyale, contre les délocalisations, contre la dégradation des conditions de travail, contre l’exclusion… Je veux redonner aux Français le goût d’entreprendre, innover, le goût de l’aventure, et pourquoi pas le goût du risque… Je veux pouvoir parler aux Français de protection sans être accusé de protectionnisme. Je veux pouvoir parler de la nation Française sans être accusé de nationalisme. Au fond, je veux parler à tous ceux que la vie a brisés, je veux parler aux accidentés de la vie. Je veux parler à ceux de nos compatriotes que la vie a usés, à ceux qui sont dans la détresse. Je veux parler aux malades, aux handicapés, aux personnes âgées, à ceux qu’une pression trop forte a épuisés, à tous ceux qui ont trop souffert. Eh bien moi je veux leur redonner l’espérance. A chacun, ils ont le droit à l’espérance. Je veux leur dire que la France dont je rêve, c’est une France qui ne laissera tomber personne, une France qui est comme une famille, où le plus faible, le plus vulnérable, le plus fragile, a le droit à autant d’amour, autant de respect, autant d’attention que le plus fort.
Une France où même à celui qui n’a plus de forces on reconnait la dignité de l’homme et du citoyen. Je veux m’adresser à tous les Français, pour leur dire que la société du plein emploi est un moyen parce que l’objectif, c’est la société de la pleine citoyenneté. Au fond, mes chers compatriotes, je ne souhaite qu’une chose : rassembler le peuple français autour d’un nouveau rêve Français. Un rêve français qui est celui d’une république fraternelle où chacun va trouver sa place, où personne n’aura plus peur de l’autre… Où la diversité sera perçue non comme une menace, mais comme une richesse.
Cette France fraternelle dont je rêve, c’est la France qui m’a vu naître et c’est celle qui m’a tout donné. Je lui doit tout. Eh bien il est venu le temps pour moi de rendre à la France qui m’a tout donné de lui rendre tout ce que je peux lui donner moi-même. Cette France fraternelle, ce rêve français, j’invite tous les Français de bonne volonté, quellles que soient leurs origines, quelles que soient leurs croyances, quels que soient leurs partis, à s’unir à moi, pour qu’ensemble nous puissions la bâtir.
Mes chers compatriotes, oui, je vous le dis du fond du cœur : vive la République, et par-dessus tout : vive la France ! »
Article publié le 22/04/2007 Dernière mise à jour le 22/04/2007 à 18:12 TU