Les "qualifiés"
Ségolène Royal
Françaises, Français, mes chers compatriotes…
A vous qui m’avez apporté, si nombreux, vos suffrages aujourd’hui, je vous exprime ma joie et ma profonde gratitude. Un élan civique s’est levé. La très forte participation que j’avais appelée de mes vœux est là. Je mesure la responsabilité éminente et qui m’honore que vous m’avez confiée ce soir. Je n’en tire aucune gloire personnelle. Vous me donnez une responsabilité majeure, celle de porter le combat du changement pour que la France se relève, qu’elle retrouve son optimisme et qu’elle fasse le choix de l’audace et de la sérénité.
Une nouvelle campagne s’ouvre. Dans quinze jours, la France va choisir son destin et son visage. Je lance un appel à toutes celles et ceux qui veulent que la France fasse triompher la république du respect. Parce que nous savons qu’il n’y a pas de liberté sans justice, qu’il n’y a pas d’efficacité économique sans progrès social, nous aurons le 6 mai prochain un choix clair entre deux voies très différentes, et je tends la main à toutes celles et ceux qui pensent, comme moi, qu’il est non seulement possible mais urgent de quitter un système qui ne marche plus.
Mes chers compatriotes, je vous invite à inventer une France neuve, à la fois protectrice et dynamique, une France à la fois fraternelle et conquérante; et qui permet à chacun de construire et de réussir sa vie.
J’appelle ce soir au rassemblement de toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans les valeurs du pacte présidentiel et qui pensent qu’on peut réformer la France sans la brutaliser. Qui veulent faire triompher toujours les valeurs humaines sur les valeurs boursières. Qui veulent mettre fin aux insécurités et aux précarités qui se sont douloureusement creusées au cours de ces dernières années. Qui veulent faire reculer toutes les formes de violences, grâce à un ordre juste et à de nouvelles sécurités durables. Je continue de faire le pari de l’intelligence des Français et je refuse de cultiver les peurs. Il s’agit de mettre la priorité sur l’éducation, de consolider les familles, d’épauler les plus fragiles et notamment nos anciens et les personnes en situation de handicap dont les conditions de vie se sont gravement détériorées au cours de ces cinq dernières années.
J’entends instaurer des règles justes dans la mondialisation, maintenir en France nos centres de décision et notre tissu industriel, refuser la régression sociale qu’entraînerait l’abandon à un libéralisme effréné. Nous ferons de l’emploi, tous ensemble, notre combat principal, et nous le gagnerons avec des entreprises performantes et conquérantes qui respectent les salariés, grâce à une démocratie sociale rénovée.
Je comprends la déception de toutes celles et ceux dont le ou la candidate n’est pas au second tour, mais je voudrais leur dire ceci : je serai la présidente garante d’un Etat impartial, car vous le savez, je suis une femme libre comme vous êtes un peuple libre. Je ne suis l’otage d’aucun clan, d’aucun groupe de pression, d’aucune puissance financière. Nous sommes nombreux et nombreuses aujourd’hui, au-delà du vote du premier tour, à ne pas vouloir d’une France dominée par la loi du plus fort ou du plus brutal et verrouillée par les puissance de l’argent, où tous les pouvoirs sont concentrés entre peu de mains, toujours les mêmes. Avec moi, je vous propose de choisir une démocratie où l’on respire librement, avec un parlement qui délibère et contrôle, un gouvernement qui a des résultats et qui rend des comptes; un Etat sans gaspillage; une justice indépendante; des médias pluralistes et des libertés publiques garanties.
Oui, je veux une république refondée et non garrotée, un Etat exerçant une autorité juste et ferme, des régions dynamiques, des services publics modernisés et performants, avec des citoyens libres, éduqués par notre école, conscients de leurs droits comme de leurs devoirs.
Si vous me confiez la charge de présidente de la République, j’aurais à cœur de défendre les intérêts de la France, en Europe et dans le monde. Le patriotisme républicain trouvera tout son sens dans la construction d’une Europe socialement et économiquement redressée et capable de peser dans un monde multipolaire. Les Français seront appelés à se prononcer par référendum sur le nouveau traité européen, celui-ci ne se fera pas à leur insu. Cette Europe sera au service de la paix. Elle œuvrera au dialogue des Cultures, au co-développement avec les pays du Sud et à la préservation des équilibres de la vie sur la planète.
Avec vous, je vais rendre à la France la fierté de son Histoire, qui renoue avec ses valeurs universelles. Car quand la France rencontre une grande idée, elles font ensemble le tour du monde.
Je veux une France qui renoue avec l’idéal de la république des Lumières, les droits de l’Homme et de la Femme, et de la citoyenneté qui ont fait sa force et sa beauté. Venez, hommes et femmes de France, de tous âges, de tous milieux, de tous territoires et de toutes origines. Venez, forces vives de notre belle nation ! Venez, serrez-vous les coudes, ensemble nous allons rendre le sourire à notre pays. Ensemble nous allons conjurer les mauvais démons de la déprime et du déclin.
Chers compatriotes, rassemblons-nous ! Ce sont nos idées et notre idéal qui vont gagner, car elles sont au service de la France et des Français, de la paix civile et de l’harmonie sociale. J’appelle toutes les énergies et l’espérance à se mettre en mouvement pour une France victorieuse, une France présidente, fière d’elle-même, pour que les Français s’aiment en elle. Notre victoire est possible car l’audace et la générosité sont là. C’est une question de volonté et de cohérence : je les ai. J’ai besoin de vous parce que la France a besoin de vous. Vive la République, vive la France !Article publié le 22/04/2007 Dernière mise à jour le 22/04/2007 à 18:22 TU