Présidentielle 2007
Sarkozy-Royal : gagner au centre
(Photos : AFP)
Nicolas Sarkozy n’a pas attendu très longtemps avant de s’exprimer. Une demi-heure à peine après l’annonce des premières estimations qui le plaçaient en tête du premier tour, le candidat de l’UMP est apparu souriant, salle Gaveau à Paris où l’attendaient les militants. Il a fallu attendre une bonne heure de plus pour que la deuxième qualifiée, Ségolène Royal, se présente dans la cour de l’école de Melle, son fief des Deux-Sèvres. Chacun des candidats s’est dit particulièrement satisfait de son score. Nicolas Sarkozy a remercié les quelque «onze millions» d’électeurs qui ont voté pour lui. Ségolène Royal a salué «ses compatriotes» qui ont été «si nombreux» à lui apporter leurs suffrages.
Un candidat de droite, une autre de gauche : les Français ont tranché sans équivoque, au premier tour de l’élection présidentielle. Ils ont voté «utile» en donnant aux représentants des deux grandes formations politiques du pays des scores élevés. Le souvenir du 21 avril 2002 et de la qualification du candidat de l’extrême-droite, Jean-Marie Le Pen, y est certainement pour quelque chose. Après une élection atypique et inattendue, les électeurs ont choisi de revenir aux fondamentaux. Et ils se sont exprimés massivement pour faire ce choix. Ce qu’ils n’avaient pas fait il y a cinq ans. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont d’ailleurs tous les deux salué cette très forte mobilisation des Français.
Rassembler pour gagner
Le candidat de l’UMP est entré dans le vif du sujet tout de suite en déclarant : «Je souhaite un débat d’idées. Les Français l’attendent». Il a ensuite énoncé les «valeurs» sur lesquelles il appuie son projet : «identité, autorité, travail, mérite». Il a encore appelé «tous les Français de bonne volonté» qui rêvent comme lui d’une «France fraternelle» à la bâtir à ses côtés. Ségolène Royal lui a répondu comme en écho. Elle a affirmé vouloir porter «le combat du changement pour que la France se relève». Elle a invité les Français à «inventer une France fraternelle et conquérante». Au moment où s’ouvre «une nouvelle campagne», Ségolène Royal a lancé un appel à ceux qui veulent une «République du respect».
Ces premières allocutions ne sont pas anodines. Chacun des deux candidats doit en effet maintenant aller à la pêche aux voix et convaincre les électeurs qui ont voté pour les dix autres concurrents en lice au premier tour de reporter sur eux leurs suffrages. Donc leur donner des gages. Au vu des estimations disponibles, il semble que le rapport de forces politique penche, pour l’instant, du côté de la droite où les scores cumulés de Nicolas Sarkozy, Jean-Marie Le Pen et Philippe de Villiers dépassent les 40%.
A gauche, les «petits» candidats étaient nombreux mais n’ont pas du tout décollé dans les urnes. Au bout du compte, Ségolène Royal ne devrait donc pouvoir compter que sur un peu plus de 10% de voix supplémentaires de gauche, si les électeurs de ces partis votent pour elle au second tour. Certains candidats comme Dominique Voynet (Verts), José Bové (altermondialiste), Marie-George Buffet (PC) ont d’ores et déjà donné des consignes de vote en faveur de la candidate socialiste. Même Olivier Besancenot (LCR) et Arlette Laguiller (LO), les candidats trotskistes, ont demandé à leurs électeurs de faire barrage à Nicolas Sarkozy en reportant leurs suffrages sur Ségolène Royal. Une position très inhabituelle de leur part.
Bataille au centre
Dans ce contexte, François Bayrou et ses quelque 18% de voix risquent d’être au cœur du jeu de la campagne pour le deuxième tour. Le candidat centriste a lui aussi pris la parole dimanche soir mais n’a pas donné d’indication sur ses intentions. Il a simplement rappelé qu’il y avait environ «7 millions» de Français qui, en votant pour lui, avaient porté «une magnifique idée du changement». Et il a poursuivi en annonçant que toutes les décisions qu’il serait amené à prendre seraient guidées par l’idée qu’il a portée durant la campagne : «l’avenir de la France exige qu’on fasse vivre ensemble les valeurs des uns et des autres». Un message à l’adresse de ceux qui l’ont soutenu mais aussi en direction de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. François Bayrou n’est pas au deuxième tour mais, au soir du premier, il semble être en position d’arbitre. Car c’est certainement au centre que se jouera la bataille finale.par Valérie Gas
Article publié le 23/04/2007 Dernière mise à jour le 23/04/2007 à 22:11 TU