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Présidentielle 2007

La presse internationale au lendemain du premier tour

Quelques titres de la presse française ce lundi 23 avril 

		(Photo : RFI)
Quelques titres de la presse française ce lundi 23 avril
(Photo : RFI)
Les journaux français étrangers saluent ce 23 avril la participation exceptionnelle au scrutin et la clarté du résultat, qui «réconcilient les Français avec la politique».

A lire les commentaires de la presse ce matin, on a l’impression finalement, qu’à l’issue de ce premier tour, tout le monde a gagné, à l’exception de Jean-Marie le Pen. «Un beau dimanche pour la démocratie, s’exclame La Voix du Nord. Avant que la bataille pour la victoire finale ne fasse rage, il faut saluer ce score colossal de la participation». «Les vainqueurs du premier tour de la présidentielle sont les Français !», s’écrie La République du Centre qui estime que «le formidable taux de participation de 85% des électeurs est l’indiscutable bonne nouvelle de ce 22 avril qui a voulu gommer définitivement les miasmes d’un funeste 21 avril».

«Il y a déjà un grand gagnant à cette élection présidentielle : c’est le peuple français, renchérit La Tribune. En se portant massivement aux urnes, en donnant à ce premier tour un taux de participation record sous la Ve République, les Français ont signé en fanfare leur réconciliation avec la politique ». De son côté, Sud Ouest remarque que «compte tenu de l’accroissement démographique enregistré ces dernières années, jamais autant de Français ne s’étaient rendus aux urnes. Le spectacle observé toute la journée d’hier fera date». Pour Sud Ouest, «la France a vécu une des plus grandes journées de son histoire politique».

«Sarko favori»

L’autre gagnant de ce premier tour c’est bien sûr Nicolas Sarkozy qui recueille un peu plus de 31% des voix. «Sarkozy favori», tonne France Soir en une, qui estime que le candidat de l’UMP «a résisté à la tempête hostile et tenu le cap à la première place avec une bonne avance». Pour Le Figaro, «Nicolas Sarkozy a les meilleures chances, les meilleures cartes en mains. Ainsi, pour la première fois depuis trente ans, poursuit le journal, un candidat appuyé par une majorité sortante a de bonnes chances de l’emporter». «Sarkozy : un virage à droite réussi, reconnaît Libération, qui constate que conformément à ses espérances et à sa stratégie de campagne, le candidat de l’UMP est sorti vainqueur du premier tour avec une bonne marge d’avance».

«Mais attention», poursuit Libération – et là nous arrivons au troisième gagnant de ce scrutin -, «en dépit d’une campagne incertaine et des poignards venus de son propre camp, Ségolène Royal approche les scores de François Mitterrand au premier tour, ce qui lui laisse tous les espoirs au second, dans cette élection où on la disait mal placée, malhabile, maladroite».  Pour Libération donc, «Royal est à la poursuite de Sarkozy (…) Et la socialiste peut l’emporter le 6 mai».

Bayrou en position de force

«Et si l’autre gagnant de ce premier tour, c’était plutôt le troisième, François Bayrou», se demandent Les Dernières Nouvelles d’Alsace. En effet, pour le Journal de la Haute-Marne, «si Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sortent grands vainqueurs de l’épreuve, François Bayrou n’est pas vaincu pour autant. Avec plus de 18% des voix, il détient un véritable trésor de guerre qu’il va monnayer cher». «François Bayrou est sans conteste l’un des grands vainqueurs de ce premier tour, s’exclame La République des Pyrénées, reste à savoir ce qu’il va faire de cette victoire».

Pour l’instant, le Béarnais n’a rien dévoilé de ses intentions. Mais, comme le souligne L’Est Républicain, «il tient entre ses mains le sort de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal». Toutefois, poursuit le journal, «un élément capital peut orienter les discussions : la question des prochaines législatives et des circonscriptions à conserver, voire à gagner. Et là, remarque L’Est Républicain, l’UMP pèse lourd».  Même analyse pour Le Courrier Picard : «On n’ose imaginer encore les quelques règlements de compte spectaculaires entre l’UMP et l’UDF lors des législatives, si ces derniers renâclent d’aller à Canossa et à rejoindre la puissante armée de la droite».

Les sondages l’avaient prédit…

Ce matin, les journaux n’en parlent pas beaucoup mais il faut bien le reconnaître : les instituts de sondages sortent également gagnants de ce premier tour.  Le Figaro le constate : «les sondeurs avaient prévu le duel du 6 mai». Les résultats du premier tour «correspondent bien à la fourchette des derniers sondages». Cette fois-ci, poursuit Le Figaro, «le procès des instituts de sondages n’aura pas lieu».

A contrario, le procès du vote électronique a d’ores et déjà commencé. «Pour qui voulait faire de cette élection présidentielle la grande vitrine de promotion du vote électronique, c’est carrément loupé, ironise Libération. (…) Grogne, angoisse, cafouillage et surtout de très gros retards». Exemple : au Perreux, en banlieue parisienne, où, à 20h15, souligne Libération, «une centaine de personnes patientaient depuis trois heures pour pouvoir voter».

Et maintenant ? Rassembler !

En tout cas, le suspense reste désormais entier. «Tout demeure possible au deuxième tour», annonce Le Progrès. «Certes, poursuit-il, l’arithmétique gauche/droite désigne Nicolas Sarkozy comme grand favori. Mais le temps est passé des ‘consignes’ pour électeurs dociles. Avant de se reporter sur l’un ou l’autre des finalistes, poursuit le quotidien lyonnais, ils vont s’informer, se passionner, hésiter jusqu’au dernier moment». «Les quinze prochains jours vont sans doute ouvrir une période de forte confrontation entre la droite et la gauche, projet contre projet», prédit Le Télégramme.

Pour Ouest France, «l’alternative est claire, il s’agit d’une confrontation entre deux visions de la France, entre deux manières de faire de la politique. (…) L’un et l’autre vont se montrer aussi rassembleurs que possible, car, après avoir rassemblé son camp, il reste le plus dur : rassembler une belle majorité de Français». Bref, souligne La Croix, «les deux semaines à venir seront passionnantes (…) Les Français ont le sentiment que quelque chose doit changer, peut changer. Tous n’ont pas la même vision de cette rupture nécessaire». Ce sera, conclut La Croix, «le défi de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal, de convaincre, bien au-delà de leurs rangs, qu’ils peuvent porter cet espoir».

Tour d’horizon européen

Les journaux européens à présent. Ils sont tous d’accord sur un point ce matin : la participation à ce premier tour a été très forte et ils s’en félicitent. Ainsi, le Soir de Bruxelles salue, «cinq ans après le 21 avril 2002, le vent d’espoir qui a soufflé hier soir sur la France. Les citoyens par un jour de si beau temps sont venus patiemment faire la queue devant les bureaux de vote», se réjouit le quotidien belge qui estime qu’«après des années de crise, de divorce entre la classe politique et le pays réel, la fracture démocratique a sans doute commencé hier de se réduire». La presse britannique s’étonne de cette forte participation. Pour le Daily Mail, les électeurs français ont donné «une opportune leçon à la Grande-Bretagne». En tout cas, les journaux d’Outre-Manche estime que Nicolas Sarkozy est désormais le mieux placé pour l’emporter. «Il est le plus susceptible, écrit le Daily Telegraph, de comprendre les douloureux changements structuraux dont la France a si désespérément besoin (…) La France a besoin de Sarkozy», titre d’ailleurs le journal. «La France a maintenant la chance de changer, renchérit le Times, aura-t-elle le courage de le faire ?». Et puis pour le Guardian, «Nicolas Sarkozy reste certes, le favori mais il va devoir batailler bec et ongles contre une candidate socialiste renaissante».

En Espagne, le quotidien libéral El Mundo estime que «la France a de nouveau démontré qu’elle roule à droite». De son côté, El Pais note que «face au favori, madame Royal sera condamnée à séduire les électeurs du centriste François Bayrou pour l’emporter». En Allemagne, le Süddeutsche Zeitung pense qu’une «victoire de la candidate socialiste sera difficile mais pas impossible». En fait, observe le Frankfurter Allgemeine Zeitung, «beaucoup dépendra de ceux vers qui se tourneront les électeurs de Bayrou – à moins que, déçus, ils ne restent à la maison». Le Temps, en Suisse, renchérit : «L’enjeu ces prochains jours sera les voix du centre et le ralliement, ou du moins le rapprochement avec François Bayrou».

Un scrutin très suivi en Afrique

«Sarkozy et Royal au second tour» : un titre qui barre la une de l’Express à Madagascar. Un titre simple et informatif que l’on retrouve un peu partout ce matin dans les journaux du continent. Et pour cause, cette élection présidentielle en France est très suivie en Afrique. Et à l’issue du premier tour donc, on fait les comptes, à l’instar du Pays au Burkina Faso : «arithmétiquement, écrit-il, au vu des différents scores et en se situant sur le plan de la fraternité politico-idéologique, on est tenté de croire que Nicolas Sarkozy l’emportera au second tour. Toutefois, poursuit le quotidien burkinabè, rien n’est encore joué (…) Avec un score de 18,8% des voix, le centriste François Bayrou est dans la posture enviable de faiseur de roi. Il sera courtisé comme jamais il ne l’a été par Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal».

Sidwaya, autre journal du Burkina, estime lui aussi que «Bayrou sera le ‘juge de paix’ de cette présidentielle», mais pour le quotidien, Sarkozy est d’ores et déjà «sur la voie royale pour rejoindre l’Elysée». En effet, estime Sidwaya, «la famille de gauche ne pèse pas lourd, incapable de révolutionner son discours qui a des relents de jospinisme et, handicapée par l’absence de leader charismatique. A contrario, poursuit le journal, Sarkozy sort des sentiers battus».

En Algérie, El Watan a une toute autre analyse : «bien qu’arrivé en tête hier, Nicolas Sarkozy n’a pas eu l’avance qu’il voulait pour se détacher au deuxième tour le 6 mai. Le président de l’UMP s’était fixé pour objectif pour le premier tour d’‘arriver en tête avec le plus d’avance possible’ (…) Et bien, poursuit le quotidien algérien, le ‘tout sauf Sarkozy’, porté notamment par les jeunes des banlieues, blessés par les termes de ‘voyous’ et de ‘racailles’ qu’il avait proférés sur la dalle d’Argenteuil après les violences de 2005, le ‘tout sauf Sarkozy’ semble avoir opéré.» Pour El Watan, donc, «Ségolène tient tête à Sarkozy».

Une nouvelle génération

En tout cas, comme le souligne Liberté, autre quotidien algérien, «avec Sarko, 52 ans, ou Ségo, 53 ans, c’est une autre génération qui s’apprête à prendre le pouvoir. (…) Cet affrontement – celui de la gauche contre la droite, d’un homme contre une femme, de deux personnalités opposées, mais manifestant toutes deux une certaine poigne, et une volonté affichée de faire de la politique autrement – cet affrontement, donc, promet de passionner la France».

Au Maroc, Le Matin parle de «relève générationnelle : même âge, même élan et même exigence de bousculer les certitudes, l’une (Ségolène Royal) pour réinventer la République, l’autre (Nicolas Sarkozy) pour accentuer ‘la rupture’». Pour le quotidien marocain, les deux candidats portent tout l’héritage de la Ve République. Et il est «lourd : cohésion nationale, chômage, environnement, Union européenne, monde arabe et Afrique».

Quelle future politique africaine ?

L’Afrique justement, «le continent noir, déplore Le Potentiel à Kinshasa, a été absent dans les discours des douze candidats. Personne n’a évoqué l’Afrique dans sa campagne électorale (…) Elle ne s’est résumée qu’au problème de l’immigration». Et pourtant, souligne Le Potentiel, «dans les années à venir, l’Afrique sera un vrai partenaire. (…) N’est-elle pour l’instant qu’un simple réservoir de matières premières ?», s’interroge Le Potentiel.

Beaucoup d’interrogations également dans Le Soleil au Sénégal. «Quelle orientation, le ou la futur(e) locataire du palais de l’Elysée et de son gouvernement donneront-ils à la politique africaine de la France ?», se demande Le Soleil. «Qu’est-ce que l’Afrique doit attendre de Nicolas Sarkozy avec sa politique d’immigration choisie ?  Que doit-elle attendre de Ségolène Royal ‘favorable à une restriction sur critères’ ?». En tout cas, pour le quotidien dakarois, «le nouveau président français sera invité à prendre ses distances par rapport à la méthode que Jacques Chirac et ses prédécesseurs ont jusqu’ici imprimée avec leurs relations avec le continent (…) Avec la mondialisation, poursuit Le Soleil, la montée de l’Inde et de la Chine et le positionnement américain en Afrique, la France n’est plus la seule tutrice et ne peut plus décider, toute seule, pour les Africains longtemps maintenus dans l’illusion démocratique et le sous-développement».

Enfin, en Côte d’Ivoire, Fraternité Matin estime que ce premier tour de l’élection présidentielle en France est riche d’enseignements pour l’Afrique : «courtoisie, dignité, respect de son prochain», note d’abord le quotidien abidjanais. Autre enseignement : «au lieu de démolir, de saccager ou de tout brûler, en période électorale, l’Afrique, estime Fraternité Matin, ferait mieux de sauvegarder ses proches richesses. Chacun des pays africains, conclut le journal, ne doit pas attendre d’avoir cent ans de multipartisme avant de réussir l’organisation de ses élections».



par Frédéric  Couteau

Article publié le 23/04/2007 Dernière mise à jour le 23/04/2007 à 07:01 TU