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Présidentielle 2007

Le Pen recule

Jean-Marie Le Pen n’a pas réussi à faire fructifier le potentiel électoral de 2002. 

		(Photo : Reuters)
Jean-Marie Le Pen n’a pas réussi à faire fructifier le potentiel électoral de 2002.
(Photo : Reuters)
Jean-Marie Le Pen est le grand perdant du premier tour de l’élection présidentielle. Avec un score de 10,44% des suffrages exprimés, le candidat du Front national arrive quatrième, derrière Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou. Ce résultat est bien au-dessous de ses espérances et des 16,82% obtenus en 2002. Il marque aussi son premier recul significatif dans une élection présidentielle depuis 1988.

Jean-Marie Le Pen n’a pas réédité son exploit de 2002. Il ne figurera pas au deuxième tour de l’élection présidentielle. Mais surtout, il a perdu environ un million d’électeurs par rapport au scrutin précédent. Une véritable contre-performance pour celui qui n’avait de cesse d’annoncer tout au long de la campagne une nouvelle «surprise» en 2007. Le leader du Front national en a tiré amèrement les conclusions. Il est intervenu très rapidement dimanche 22 avril au soir pour déclarer : «J’ai dû faire une erreur d’appréciation, je croyais que les Français étaient assez mécontents (…) Eh bien, je m’étais trompé. Les Français sont très contents, la preuve, c’est qu’ils viennent de réélire très confortablement, et même un peu plus, les partis au pouvoir. Je crains que cette euphorie ne dure pas très longtemps».

Jean-Marie Le Pen n’a pas réussi à faire fructifier le potentiel électoral de 2002. On peut même dire qu’il a été l’une des principales victimes du vote utile. Un argument mis en avant au Parti socialiste, mais aussi à l’UMP. Nicolas Sarkozy a, en effet, mené une campagne destinée à convaincre les électeurs tentés par le vote Front national de se ranger derrière lui parce qu’il était «inutile» de choisir Jean-Marie Le Pen. Le candidat de l’UMP a fait siens les thèmes de l’immigration, de l’identité nationale, de la sécurité, fonds de commerce du leader du Front national. Il a effectué un travail de longue haleine en annonçant ses objectifs et semble avoir ainsi réussi à marcher sur les plates-bandes de Jean-Marie Le Pen.

Une campagne de trop ?

Ce résultat pose plusieurs questions. D’abord sur la capacité de Jean-Marie Le Pen à mener une nouvelle campagne à près de 79 ans. Le candidat du Front national est allé très peu sur le terrain -il n’a fait que 6 meetings-, privilégiant les interventions dans les médias traditionnels (radio, télévision, presse écrite) et sur internet. Doyen de cette élection présidentielle, il a peut-être voulu se présenter une fois de trop, alors que face à lui se trouvaient essentiellement des candidats plus jeunes. Et notamment son rival de droite Nicolas Sarkozy.

La stratégie de la campagne, élaborée par sa fille Marine, peut aussi être mise en cause. Le Le Pen version 2007 a essayé de donner une image plus respectable, moins extrémiste. Ça n’était peut-être pas une bonne idée puisqu’il s’est, en fait, placé sur le terrain de Nicolas Sarkozy. On a d’ailleurs noté que sur la fin de la campagne, Jean-Marie Le Pen est revenu à plus de virulence. Par exemple, en attaquant les origines hongroises de Nicolas Sarkozy. Mais trop tard. Cela ne lui a pas permis de reprendre la main pour pouvoir jouer un rôle de premier plan dans le scrutin. Marine Le Pen a eu beau claironner que cette élection marquait la «victoire des idées de Jean-Marie Le Pen», cela semble être une bien maigre consolation pour un candidat qui avait au moins l’ambition de figurer une nouvelle fois dans le duel final.

Consigne ou pas consigne ?

Malgré son recul, Jean-Marie Le Pen est tout de même le quatrième homme de la présidentielle et il a un peu plus de 10% d’électeurs dans sa besace. Le leader du Front national a annoncé qu’il donnerait sa consigne de vote pour le deuxième tour le 1er mai, à l’occasion du rassemblement que son mouvement organise chaque année pour la fête de Jeanne d’Arc. Sa fille Marine a, quant à elle, affirmé que les électeurs du FN «ne se vendront à personne». Même si Jean-Marie Le Pen a déclaré, il y a quelques semaines, que Nicolas Sarkozy était un homme avec qui on pouvait «parler», cela ne signifie donc pas pour autant qu’il va appeler à voter pour lui. D’autant que le candidat de l’UMP ne lui a pas laissé beaucoup d’espoir d’entente électorale ou gouvernementale, puisqu’il sait pertinemment, qu’avec ou sans consigne, une majorité des électeurs du FN reportera ses voix sur lui. La marge de manœuvre de Jean-Marie Le Pen est bien réduite.

par Valérie  Gas

Article publié le 23/04/2007 Dernière mise à jour le 23/04/2007 à 14:54 TU

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