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Présidentielle 2007

Le troisième homme n’a pas dit son dernier mot

François Bayrou n'a pas donné de consigne de vote lors de la conférence de presse. 

		(Photo : Reuters)
François Bayrou n'a pas donné de consigne de vote lors de la conférence de presse.
(Photo : Reuters)
François Bayrou n’a pas donné de consigne de vote pour le deuxième tour de l’élection présidentielle. Le candidat centriste éliminé le 22 avril laisse les Français qui ont voté pour lui «libres de leur choix». Il a annoncé, en revanche, la création d’un nouveau parti «central» : le parti démocrate, qui présentera des candidats dans toutes les circonscriptions aux élections législatives de juin. François Bayrou veut continuer son chemin en donnant vie à cette «troisième force politique» que les Français ont fait «surgir».

Chacun fait ce qui lui plaît. François Bayrou n’appellera pas à voter pour Nicolas Sarkozy ou pour Ségolène Royal. A moins que quelque chose se passe d’ici le 6 mai. Et si c’était le cas, il dirait peut-être alors pour qui lui a décidé de voter. Comme à titre indicatif. Mais pour le moment, il n’en est pas encore là : «Je commence à savoir ce que je ne ferai pas mais je ne sais pas ce que je ferai», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Paris, le 25 avril. Beaucoup de sous-entendus pour stimuler la réflexion des journalistes présents, dont il concède qu’elle a lieu «à intervalles réguliers» -François Bayrou a toujours une dent contre les médias. En version décryptée : le candidat centriste éliminé au premier tour de la présidentielle ne votera certainement pas pour Nicolas Sarkozy, mais il n’est pas encore convaincu de pouvoir mettre un bulletin Ségolène Royal dans l’urne.

Le premier va, selon lui, «par sa proximité avec les milieux d’affaires et les puissances médiatiques, par son goût de l’intimidation et de la menace, concentrer les pouvoirs comme ils ne l’ont jamais été». La seconde «en perpétuant l’illusion que c’est l’Etat qui va s’occuper de tout (…) va exactement à l’encontre (…) des orientations nécessaires pour rendre à notre pays et à son économie leur créativité et leur équilibre».

C’est peut-être du débat auquel il a accepté de participer publiquement avec la candidate socialiste que sortira sa décision finale. François Bayrou a, en effet, répondu favorablement à la proposition de cette dernière de discuter des termes d’une alliance avant le deuxième tour. Tout en regrettant que cette proposition soit intervenue si tard. C’est-à-dire après l’annonce des résultats du premier tour, mais surtout après que Ségolène Royal ait évacué toute possibilité de rapprochement avant le 22 avril parce qu’il était un «homme de droite». Tout en faisant part de ses réserves sur les «changements» soudains de la candidate socialiste, il s’est donc dit prêt à la rencontrer. Ce débat n’aura vraisemblablement pas lieu en fin de semaine devant le Forum de la presse régionale, comme l’avait proposé Ségolène Royal. François Bayrou désire, en effet, qu’il soit télévisé.

Du neuf au centre

A entendre le président de l'UDF, «l’avenir» est plus que jamais au centre. Car il en est sûr, si les Français lui ont donné plus de 18% de leurs suffrages ce n’est pas par hasard. C’est parce qu’ils attendent du neuf dans le paysage politique. «Il y a désormais dans notre pays trois forces politiques, une à droite, une à gauche, et une au centre. Et c’est le centre qui est la force nouvelle». Autrement dit, la voie de «l’espoir».

Et pour battre le fer pendant qu’il est chaud, François Bayrou a donc décidé de créer, dès après l’élection présidentielle, son nouveau parti : le parti démocrate qui «ira loin vers le centre gauche et aussi vers le centre droit». Cette formation sera «une force de contre-pouvoir, libre». Elle présentera des candidats «dans toutes les circonscriptions» aux prochaines élections législatives, qui doivent se dérouler les 10 et 17 juin. Il affirme que la totalité des députés de l’UDF le suivra dans cette entreprise, même ceux qui ont décidé de soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidentielle. La veille encore, l’un d’entre eux, le député-maire de Rouen, Pierre Albertini, a, en effet, annoncé son ralliement au candidat de l’UMP, sans attendre la déclaration du président de l’UDF.

En attendant 2012

François Bayrou se montre très sûr de lui et refuse de considérer comme un danger la proposition de l’UMP de créer des pôles à gauche et au centre. Il range cette tentative au rang des manœuvres «archaïques» dont il affirme qu’elles ne correspondent pas à sa vision de la politique. Dans tous les cas, il accepte «les risques». Le plus gros étant tout de même de voir un certain nombre des députés de l’UDF jouer la sécurité en se rangeant derrière l’UMP en cas de victoire de Nicolas Sarkozy, pour éviter de se retrouver face à des candidats du parti majoritaire dans leur circonscription.

Une chose est sûre, François Bayrou ne se voit pas comme un éternel troisième homme. Et il entend bien utiliser son score de la présidentielle pour creuser son sillon «central» un peu plus profond. Pour labourer en 2012 ? Il ne le dit pas.

par Valérie  Gas

Article publié le 25/04/2007 Dernière mise à jour le 25/04/2007 à 18:12 TU

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