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Présidentielle 2007

Petite discussion autour d’une élection

Ségolène Royal et François Bayrou ont participé à un débat organisé par BFM TV, RMC et <em>Le Parisien Aujourd’hui en France</em>. 

		(Photo : AFP)
Ségolène Royal et François Bayrou ont participé à un débat organisé par BFM TV, RMC et Le Parisien Aujourd’hui en France.
(Photo : AFP)
Après de nombreux rebondissements, le débat entre Ségolène Royal et François Bayrou a finalement eu lieu. BFM TV, RMC et Le Parisien Aujourd’hui en France les ont réunis à l’hôtel Westin, un palace parisien situé face au jardin des Tuileries. La socialiste et le centriste ont discuté dans une ambiance détendue, face à quatre journalistes qui les ont interrogés sur leurs points de «convergence», et sous l’œil des caméras de la chaîne du câble qui avait accepté d’organiser la rencontre. Un exercice inhabituel entre celui qui rêve d’une troisième force politique en France et celle qui voudrait bien devenir présidente.

Ni allégeance, ni ralliement. Ceux qui attendaient un coup de théâtre en auront été pour leur frais. Ségolène Royal n’a rien promis à François Bayrou. Et celui-ci n’a pas appelé à voter pour elle. Leur objectif à tous les deux était d’engager un «dialogue» sans animosité pour comparer leur point de vue sur les grands problèmes de la France et voir s’il y avait moyen de s’entendre.

C’est cet argument qu’ils ont utilisé pour répondre, en préambule, à Nicolas Sarkozy, qui affirme depuis plusieurs jours qu’un débat télévisé entre les deux tours ne peut être organisé qu’avec les candidats qualifiés pour la finale. Ségolène Royal a évoqué «un événement sans précédent » significatif d’une volonté «de modernisation de la vie politique». Elle a insisté sur la nécessité de «sortir de l’affrontement bloc contre bloc». François Bayrou a réaffirmé que «rien n’est plus nécessaire que de faire bouger les lignes».

Eclairer le choix des électeurs

Cette démarche innovante -c’est la première fois qu’un débat télévisé réunit une candidate qualifiée et un autre disqualifié- ne s’inscrit pas, à les entendre, dans une perspective électoraliste où l’une chasserait les voix que l’autre monnaierait. Chacun des participants a pris soin de rappeler que le fait d’organiser cette rencontre publiquement était une garantie contre les arrangements de couloir entre états-majors de campagne. Il est néanmoins évident que tous deux ont la volonté d’éclairer le choix des électeurs qui doivent se prononcer le 6 mai prochain sur celui ou celle qui remplacera Jacques Chirac à l’Elysée.

La réforme des institutions est leur principal point de «convergence». Le passage à une VIe République n’a pas été évoqué en tant que tel. Mais les deux participants ont expliqué à quel point ils étaient désireux de rénover de la vie politique en réformant les institutions pour augmenter le pluralisme et rendre la parole aux citoyens. Ils sont donc d’accord pour introduire la proportionnelle au scrutin législatif. Même si Ségolène Royal ne dit pas à quelle hauteur, alors que François Bayrou parle de 50%. Ils envisagent aussi de renforcer le rôle du Parlement. Cela représente pour chacun d’eux un moyen de mieux respecter ce que François Bayrou appelle «la voix du peuple» et Ségolène Royal «la démocratie participative». 

Ségolène Royal et François Bayrou partagent aussi l’idée qu’il faut consulter les Français sur un nouveau traité européen, qu’ils voient pour lui comme un «texte lisible», pour elle comme «un texte utile». Pas d’accord en revanche sur la réforme de la Banque centrale européenne (BCE) réclamée par Ségolène Royal pour pouvoir faire baisser l’euro, refusée par François Bayrou. Pas plus de convergence sur l’idée de créer un «salaire minimum» en Europe. Ségolène Royal en fait un moyen de lutter contre les délocalisations. François Bayrou rejette cette option dont il estime qu’elle n’est pas réalisable en raison des disparités économiques et sociales qui existe encore au sein de l’Union.

Ça coince sur l’économie

Dès qu’on aborde les sujets économiques, c’est bien là que la socialiste et le centriste divergent le plus profondément. Leur diagnostic est identique puisqu’ils insistent tous les deux sur le poids de la dette sur les finances publiques. Mais au-delà leurs visions sont différentes. François Bayrou estime que le pacte présidentiel de Ségolène Royal est bien trop cher pour être réalisable. Il critique aussi la méthode qui consiste à donner de l’argent aux Français pour relancer la machine, plutôt que de donner à la France «les moyens de créer, d’innover » et la tendance à mettre de l’Etat dans tout. Ségolène Royal répond que son objectif n’est pas «de convaincre François Bayrou» et que, si elle est élue, elle appliquera son pacte qui vise à réconcilier «compétitivité économique et sociale».

On ne saura pas au bout du compte si Ségolène Royal et François Bayrou ont un avenir commun. A la question d’un journaliste qui demandait s’ils étaient «prêts à vivre ensemble» avant d’ajouter «dans un même parti social-démocrate», les deux participants ont esquivé sur le ton de la boutade. François Bayrou en s’exclamant tout sourire : «Ah ! j’ai eu peur ». Et Ségolène Royal en embrayant immédiatement : «Il s’appelle François mais n’exagérons rien ! » Ces quelques mots ont bien résumé l’ambiance de la discussion : détendue voire amicale par moment. Même lorsque quelques piques ont été lancées, la plupart du temps par le centriste, il n’y avait aucune agressivité. Tout s’est déroulé sur le mode de la bonne entente : tant mieux si nous sommes d’accord -Ségolène Royal l’a d’ailleurs fait valoir à plusieurs reprises-, et ça n’est pas grave si nous ne le sommes pas sur tout. Il s’agit maintenant de savoir quel impact cette rencontre aura dans la campagne et si Ségolène Royal réussira à s’en servir lors du débat télévisé du 2 mai face à Nicolas Sarkozy ?



par Valérie  Gas

Article publié le 28/04/2007 Dernière mise à jour le 28/04/2007 à 13:59 TU

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