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Présidentielle 2007

Rassembler pour aller à l’Elysée

Nicolas Sarkozy lors de son meeting parisien, dimanche 29 avril à Bercy. 

		(Photo : AFP)
Nicolas Sarkozy lors de son meeting parisien, dimanche 29 avril à Bercy.
(Photo : AFP)
Nicolas Sarkozy a organisé à Bercy son dernier grand meeting parisien avant le deuxième tour de l’élection présidentielle. Devant une salle archicomble et un parterre de personnalités de la politique mais aussi du show business, il a appelé «le peuple de France» à se rassembler derrière lui. Nicolas Sarkozy est apparu plus déterminé que jamais à gagner la bataille pour l’Elysée.

Il n’arrête pas de le dire, il ne décevra personne. Alors en arrivant à Bercy dimanche après-midi, Nicolas Sarkozy n’est pas entré directement dans la salle. Il a fait une petite halte à l’extérieur pour saluer tous les gens qui n’avaient pas pu entrer, car les murs ne sont pas extensibles. Histoire de bien les assurer qu’il pensait à eux aussi, qu’ils soient dedans ou dehors n’y changeait rien. Histoire peut-être au passage de montrer aux caméras et au camp adverse qu’il avait fait le plein. Et pour que le message passe encore mieux, il est venu accompagné du chanteur Faudel qui a entonné, devant la foule, son succès du moment : «C’est ici que je suis né !» Le ton était donné.

Pendant ce temps à l’intérieur, les spectateurs attendaient. Enthousiastes, un brin impatients et surtout très nombreux. Pas un siège libre, pas une marche accessible, pas un espace inoccupé. La foule n’était pas toute bleue. Mais elle était là, massive. Quelques drapeaux tricolores flottaient, des jeunes portaient des banderoles, mais sans plus. On sentait que l’heure n’était plus vraiment aux gadgets mais à la ferveur sans fioriture. Il fallait être présents parce que le 6 mai, c’est dans une semaine. Alors les militants sont venus. Les politiques et les stars aussi. Pour ceux qui voulaient soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy, c’était le moment ou jamais.

Villepin, Borloo, Hallyday et les autres

Côté gouvernement, ils étaient tous là. A commencer par le Premier ministre, Dominique de Villepin. Il y avait aussi pêle-mêle Michèle Alliot-Marie, Thierry Breton, Dominique Perben, Philippe Douste-Blazy, Jean-Louis Borloo, François Baroin. Les cadres de l’UMP les accompagnaient : Alain Juppé, Roseline Bachelot, Valérie Pécresse, Eric Woerth, Christine Boutin, Michel Barnier, Pierre Lellouche. Rachida Dati et Xavier Bertrand, les deux porte-parole de Nicolas Sarkozy, étaient eux aussi dans les gradins.

A côté des politiques, on voyait dans la tribune réservée aux invités un certain nombre d’acteurs, de chanteurs ou de sportifs estampillés Sarkozy président. Le judoka David Douillet, la skieuse Marielle Goitschel, la patineur Philippe Candéloro, le joueur de rugby Christophe Dominici, le coureur automobile Alain Prost, le footballeur Basile Boli côtoyaient Johnny Hallyday et madame, l’animateur de télévision Arthur, les chanteurs Gilbert Montagné, Carlos, Henri Salvador, Doc Gyneco ou Enrico Macias (qui n’a pas chanté !). Les acteurs étaient aussi largement représentés : des incontournables Jean Réno et Christian Clavier, à Véronique Genest ou Jean-Marie Bigard…

Certains ont parlé de la tribune, d’autres ont eu les honneurs de la scène. C’est le cas de Simone Veil. Personnalité respectée, ce n’est pas un hasard si c’est elle la seule représentante du monde politique à être venue au pupitre s’adresser à la foule rassemblée à Bercy. Une foule qu’elle a jugée impressionnante : «Je n’ai jamais vu autant de gens réunis ! » Elle a pris la parole pour dire qu’elle apportait son soutien plein et entier à Nicolas Sarkozy et que sa décision avait été prise dès le jour où celui-ci avait été candidat à l’élection présidentielle. Elle a salué son «courage» et a affirmé qu’il était «de beaucoup le meilleur».

Et puis, il est entré. Et la foule a crié. Comme à son habitude, Nicolas Sarkozy portait un costume et une cravate sombre, une chemise blanche. Sobre dans sa mise, inspiré dans sa mine. Ce meeting n’est pas le dernier, mais il marque une étape importante. Nicolas Sarkozy le sait, il l’a donc dit dès son entrée en scène. Il y a d’abord eu le 14 janvier, lorsqu’il a été investi par l’UMP. Et puis, il y a ce 29 avril, dernier dimanche avant le verdict des urnes. Entre ces deux dates, il y a eu la campagne. Elle n’est pas finie. Il y a encore des rendez-vous importants, notamment le débat télévisé face à Ségolène Royal, le 2 mai. Mais Nicolas Sarkozy a tout de même insisté sur le chemin parcouru. Un chemin sur lequel il a «tout donné» car il ne connaît pas «l’avarice des sentiments quand il s’agit de la France et des Français». Et de conclure : «Je ne sors pas de cette campagne comme j’y suis entré ». Le 14 janvier, il avait changé. Le 29 avril, il n’est plus le même.

«La majorité silencieuse»

Les méchantes langues diront : que de métamorphoses. Nicolas Sarkozy, lui, veut dire à quel point il s’est investi. Il ne renie rien des engagements qu’il a pris durant la campagne, ni des thèmes qu’il a abordés. L’identité nationale, elle est au cœur de son combat politique, au cœur de son programme, au cœur de son désir de changement. Il veut une France fière d’elle-même, rassemblée sur des valeurs (travail, mérite, solidarité). Il donne sa vision de la France d’en bas, «la majorité silencieuse», cette France «qui veut construire, qui veut travailler, qui veut s’en sortir et qui n’y arrive pas ». C’est de cette France-là qu’il veut être le candidat, et peut-être le président. Pas de celle qui «casse» ou «qui demande et ne veut rien donner».

Nicolas Sarkozy veut faire table rase de la «pensée unique» post-mai 68. Il veut «tourner cette page» qui a, selon lui, conduit au «relativisme intellectuel et moral» où tout se vaut : «le bien et le mal, le vrai et le faux… » Il veut en finir avec «ces politiciens qui se réclament de l’héritage de mai 68, qui donnent aux autres des leçons qu’ils ne s’appliquent jamais à eux-mêmes». Il attaque ainsi une gauche qu’il juge dévoyée, bien loin de Jaurès et de Blum. Sans citer son adversaire, Ségolène Royal, il la range dans le camp de «l’immobilisme» et de la «repentance», de ceux qui dénigrent «l’identité nationale».

Il en appelle à ceux qui souffrent dans les hôpitaux, les maisons de retraites, les prisons, à tous les exclus. Il veut être le porte-parole des «malheureux que la vie a brisés». Il veut aussi être le président de «la liberté de conscience contre tous les intégrismes…de la liberté d’expression contre les intolérances». A ceux qui n’adhèrent pas à «cette idée de la liberté», il affirme une nouvelle fois qu’ils «ne sont pas obligés de demeurer sur le sol de la République française».

Sur les pas du général de Gaulle

Nicolas Sarkozy a parlé avec ses tripes, avec son tempérament. Il assume ce qu’il est et répond à ceux qui attaquent sa personnalité, qui mettent en doute sa «sincérité» ou sa «probité», que ces accusations «déshonorent davantage ceux qui les profèrent que celui qui les reçoit». Et surtout, il rétorque en assénant que ces mises en cause marquent un grand «mépris» pour les quelque «11,5 millions» de Français qui ont voté pour lui au premier tour. Pas une fois, il n’aura cité le nom de Ségolène Royal, son adversaire du deuxième tour. Pas une fois, il n’aura parlé de François Bayrou, son rival du premier tour. Tous deux étant pourtant ses principaux détracteurs. Quand il évoque le centre, Nicolas Sarkozy s’adresse aux électeurs, aux indécis ou aux élus de l’UDF, dont beaucoup lui ont déjà apporté leur soutien publiquement.

Lui, qui avait multiplié les références dans nombre des ces discours de campagne, a choisi en ce 29 avril plus de sobriété. A l’heure où la course touche à sa fin, il est revenu au fondement de son engagement comme pour boucler la boucle. Il s’est placé dans la continuité du général de Gaulle devant son fils, Philippe, présent dans la salle et dont les yeux marquaient de la bienveillance à l’égard de celui qui évoquait son père en rappelant qu’il avait «sauvé la République deux fois». En rendant hommage au fondateur de la Ve République, Nicolas Sarkozy a voulu montrer à quel niveau il plaçait la barre. Il a expliqué ce que le général lui avait fait comprendre : «Une grande vie, c’est une vie mise au service de quelque chose de plus grand que soi». Sans aucun doute, pour Nicolas Sarkozy, ce «quelque chose» c’est la France.



par Valérie  Gas

Article publié le 29/04/2007 Dernière mise à jour le 29/04/2007 à 12:31 TU

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