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Etats-Unis

Hillary et Obama en piste pour la Maison Blanche

Poignée de mains entre Hillary Clinton et Barack Obama (à g.) le 26 avril 2007 à Orangeburg. 

		(Photo: Reuters)
Poignée de mains entre Hillary Clinton et Barack Obama (à g.) le 26 avril 2007 à Orangeburg.
(Photo: Reuters)
A un an et demi du scrutin, la course à la Maison Blanche est déjà bien lancée. Le face à face Hillary Clinton – Barack Obama fait de l’ombre aux autres prétendants. En Caroline du Sud, les candidats démocrates ont courtisé les électeurs noirs dans un Etat où ils pourraient représenter jusqu’à la moitié des électeurs des primaires démocrates.

De notre envoyée spéciale à Columbia (Caroline du Sud)

 «Je suis allée à toutes sortes de meetings politiques, j’ai parcouru le monde… Mais je peux vous dire qu’il n’y a rien de tel que le "stir fry" de James Clyburn…» La remarque d’Hillary Clinton déclenche un tonnerre d’applaudissements. L’événement est certainement étonnant. Une fois par an, James Clyburn, parlementaire noir vedette de Caroline du Sud, organise un pique-nique de poissons frits. «Quand vous verrez un parking, c’est là», vous dit-on.

Effectivement, c’est bien dans un garage que se tient la soirée. Trois poissons en papier pendouillent du plafond. Et pour rajouter à l’ambiance bord de mer, un filet de pêche est accroché au mur, derrière le DJ. Ca danse, ça sent la friture, il y a des bières plein les glacières… Et six des huit aspirants démocrates à la présidentielle de 2008 se sont frayés un chemin dans la foule pour ne pas manquer un événement légendaire dans un Etat clé des primaires démocrates.

Aux côtés de l’ex-First Lady, Hillary Clinton, le sénateur noir Barack Obama avale son poisson frit avec un appétit stupéfiant pour quelqu’un qui sort d’un dîner de levée de fonds. John Edwards, l’ex-colistier de John Kerry est là aussi. Tout comme les sénateurs Chris Dodd et Joe Biden, et le gouverneur du Nouveau Mexique, Bill Richardson, qui, tapis dans les sondages, guettent les faux pas du trio de tête pour s’y immiscer.

Bons candidats

Supporter de Barack Obama. 

		(Photo: Guillemette Faure/RFI)
Supporter de Barack Obama.
(Photo: Guillemette Faure/RFI)

«Vous avez là, sur cette estrade, le prochain président des Etats-Unis», hurle Clyburn dans son micro. Dans le parking, personne n’en doute. Depuis leur victoire aux législatives de novembre, les démocrates sont remontés à bloc. Différence majeure avec la dernière présidentielle : ils aiment leurs candidats. Alors qu’en 2004, les badges et autocollants les plus courants portaient simplement des messages anti-Bush, trois ans plus tard, les vestes des démocrates sont décorées de stickers d’une poignée de candidats ; certains ont enfilé un t-shirt de John Edwards et tiennent une pancarte d’Hillary à la main… «Je n’ai pas encore fait mon choix, parce qu’il y en a plusieurs qui me plaisent», s’illumine Emily Drake, une étudiante moulée dans un t-shirt «les démocrates sont sexy». Quelque 78 % des démocrates se disent satisfaits de leurs candidats, indique un sondage du Wall Street Journal, contre seulement 53% des républicains.

Le scrutin n’aura lieu que dans un an et demi, mais la campagne tourne déjà à plein régime. Invités jeudi au premier débat démocrate, les candidats en profitent pour ratisser la Caroline du Sud. A Charleston, Barack Obama participe à un «town hall meeting», ces réunions électorales où chacun peut poser ses questions. Sur les gradins du gymnase du lycée, dans ce quartier noir de la ville, le public est en liesse. Le sénateur de l’Illinois annonce que les questions ne sont pas filtrées.

La première d’entre elle est «posée» par une dame : «You’re the MAN !» (vous êtes l’homme qu’il nous faut), crie t-elle dans le micro.  «J’espère que les autres questions seront moins dures», répond le jeune sénateur. La salle est sous le charme. Il leur parle des moyens de lutter contre la drogue («pas seulement en Colombie et au Mexique mais en faisant baisser la demande chez nous, et c’est aussi le boulot des parents»), s’inquiète que «notre génération soit la première à laisser à ses enfants une Amérique plus pauvre que celle dont elle a hérité», observe que le réchauffement de la planète va surtout affecter les populations les plus pauvres, félicite le père qui porte un enfant dans ses bras…

Obama a même des mots pour ses fans déçus par sa performance lors du débat organisé la veille entre les démocrates. «On avait droit à des réponses de 60 secondes, et ma femme dit que c’est le temps qu’il me faut pour me racler la gorge». A la sortie, on fait la queue pour s’inscrire sur les listes des bénévoles de sa campagne.

Froideur

«Je suis étonnée par le nombre de gens qui sont venus avec leurs enfants parce qu’ils avaient le sentiment de les emmener à un événement historique», raconte Gretchen Barbatsis, une des bénévoles ayant préparé l’événement. La veille, elle a suivi le débat des démocrates retransmis à la télévision. «Hillary Clinton était bien meilleure», admet-elle, «mais elle ne provoque pas la même frénésie». A côté d’elle, Jennifer Kemp est du même avis : «Tout ce qu’elle dit est écrit, c’est une actrice» dit-elle, reprochant comme beaucoup à la sénatrice son manque d’authenticité.

Mo Elleithee, un des porte-parole d’Hillary Clinton, balaie les critiques sur la froideur prêtée à sa candidate. «En 2000 déjà, on disait qu’il y avait des gens qui la détestaient et qu’elle ne pourrait pas être élue. Elle a été élue sénatrice. Et puis réélue haut la main…!»

Les premières primaires n’auront lieu que dans neuf mois et, déjà, les candidats ont la voix éraillée. «Comme on dit au Texas, Hillary n’en est pas à son premier rodéo. Mais les autres, quelle sera leur résistance à ce rythme ?», s’interroge une ancienne membre de l’équipe de John Kerry.

Pour le moment, le dernier sondage de NBC News place Hillary Clinton en tête avec 36 % des intentions de vote des électeurs des primaires démocrates, suivi d’Obama avec 31 %. Mais l’avance de la sénatrice de New York se réduit : son rival a gagné trois points quand elle en a perdu quatre depuis février. Derrière eux, John Edwards est à 20 %, les autres sont à 3 % ou moins.

par Guillemette  Faure

Article publié le 01/05/2007 Dernière mise à jour le 01/05/2007 à 09:40 TU