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Présidentielle 2007

Royal à Charléty : liberté, égalité… amour

Devant plusieurs dizaines de milliers de personnes réunies à Paris au stade Charléty, Ségolène Royal a souhaité «<i>la victoire de la France présidente</i>». 

		(Photo: AFP)
Devant plusieurs dizaines de milliers de personnes réunies à Paris au stade Charléty, Ségolène Royal a souhaité «la victoire de la France présidente».
(Photo: AFP)
Ségolène Royal a choisi le stade Charléty, à Paris, pour organiser son plus grand meeting de campagne. Un meeting aux allures de concert car de nombreux artistes ont défilé sur la scène avant et après la candidate. Parmi eux Yannick Noah, Michel Delpech, Benabar… A cinq jours du deuxième tour de l’élection présidentielle, Ségolène Royal a montré qu’elle pouvait, elle aussi, rassembler les foules dans la capitale. Plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient présentes.

Un meeting et des chansons : c’est le concept que Ségolène Royal a choisi ce 1er mai. La candidate socialiste a essayé de placer son dernier grand rassemblement de campagne à Paris sous le signe de la convivialité et de la musique. Après la démonstration de force de Nicolas Sarkozy deux jours plus tôt dans la salle du Palais omnisports de Bercy, où de nombreux artistes étaient venus le soutenir, elle a répondu en organisant un concert avec l’aide des chanteurs qui se sont engagés à ses côtés.

Pendant plus de deux heures avant l’intervention de la candidate, on a vu défiler notamment Leny Escudero, Michel Delpech, Grand Corps Malade, Skaï, Disiz la Peste, Cali… Après le discours, les spectateurs ont pu écouter d’autres artistes parmi lesquels Benabar, Jacques Higelin, Renaud ou Yannick Noah. L’humoriste Yvan Le Bolloch avait revêtu pour l’occasion le costume de Monsieur Loyal et présentait les chanteurs. Comme pour un vrai concert. Parmi les spectateurs, d’autres artistes ou personnalités avaient pris place : les acteurs Jane Birkin, Jean-Pierre Daroussin, Danielle Evenou, l’organisatrice du concours des Miss France Geneviève de Fontenay, des politiques comme François Hollande, Dominique Strauss-Kahn, Jack Lang, Bertrand Delanoë, Robert Hue…

Une entrée de rock-star

Dans un stade rempli -beaucoup de monde est d’ailleurs resté à l’extérieur faute de place-, le rassemblement a vite pris des airs de fête assez bon enfant. On en aurait presque oublié qu’il s’agissait de politique et même de l’élection présidentielle. Presque, car les affiches à l’effigie de la candidate brandie par les jeunes militants regroupés près de l’estrade et les petites pancartes violettes -c’est la couleur de campagne de Ségolène Royal- dispersées dans la foule venaient rappeler pourquoi tous ces gens étaient réunis en un après-midi ensoleillé au stade Charléty. La montgolfière gonflable promenée par deux jeunes gens sur la pelouse et sur laquelle on pouvait lire «Fiers d’être socialiste» et «Ségolène Royal présidente», aussi.

Quand Ségolène Royal a fini par apparaître, la politique a repris ses droits sur la musique. Quand elle a commencé à parler, sous la clameur des spectateurs, il n’était plus question d’autre chose que de la campagne électorale. Même si elle a fait une entrée de rock-star -Ségolène Royal a traversé la pelouse du stade pour rejoindre l’estrade dans une allée tracée par les jeunes socialistes au milieu de la foule en marchant lentement, en serrant des mains, en saluant au son de sa musique de campagne-, c’est bien une candidate qui a pris la parole. Et une candidate particulièrement déterminée et affûtée.

«Aimons-nous les uns les autres !»

Son discours a, en effet, été très incisif. Ségolène Royal a attaqué sans détour son adversaire, Nicolas Sarkozy. Elle n’a eu de cesse de décrire sa France, celle des valeurs universelles «liberté, égalité, fraternité», par opposition à celle du «candidat de la droite». La France de la «paix sociale», pas celle de la «brutalité». La France rassemblée, pas la France divisée. La France «des progrès humains», pas celle de la «précarité». La France du «dialogue social», pas celle de «la guerre à la fonction publique». La France du «respect», pas celle du «passage en force».

Ségolène Royal s’est aussi efforcée de montrer sa différence avec Nicolas Sarkozy en mettant en avant sa personnalité et son rapport privilégié avec les Français. Elle a affirmé : «Mon projet, c’est vous !» Elle a parlé «d’amour» à plusieurs reprises. Elle a même lancé à la fin de son discours dans un élan d’enthousiasme : «Aimons-nous les uns les autres !» Comme un cri de ralliement. Elle s’est décrite comme la seule à proposer un projet de société pacificateur «sans brutaliser, avec intelligence, dans le dialogue». Une manière d’expliquer que Nicolas Sarkozy en est incapable. Elle a même estimé que la façon dont son adversaire voulait mener les affaires publiques pouvait «mettre en danger la paix sociale» dans le pays. Elle a pourtant nié avoir attaqué personnellement Nicolas Sarkozy dont elle a dit qu’il se posait «en victime perpétuelle». Mais elle s’est enorgueillie d’avoir mené «un débat de valeurs et d’opinions».

Barre à gauche

Les valeurs, c’est bien son terrain de prédilection. Ségolène Royal a d’ailleurs critiqué avec virulence la vision de la «valeur travail» de Nicolas Sarkozy. Elle a affirmé : «La valeur travail n’est pas un artifice de discours, c’est d’abord payer le travail à sa valeur». Elle a aussi ironisé sur la critique de l’esprit de mai 68 à laquelle s’était livré Nicolas Sarkozy dans son meeting de Bercy : «Quelle mouche l’a piqué. C’était il y a 40 ans !» A cinq jours du scrutin, la candidate a mis la barre à gauche sans ambiguïté. Elle a expliqué le choix de la date du 1er mai pour organiser ce dernier meeting parisien par le symbole qu’elle représente. Elle a voulu rendre hommage aux ouvriers, aux syndicalistes qui ont combattu pour le progrès social, à ceux «qui ont donné leur vie pour que nous puissions manifester». Elle a même affirmé qu’elle voulait une France qui «n’en rabatte jamais sur la conquête des droits sociaux» et dans laquelle la lutte contre le chômage et l’éducation seront des priorités.

Si Ségolène Royal a parlé aux électeurs de gauche d’abord, elle n’a pas oublié ceux du centre dont la position sera déterminante au soir du 6 mai. Elle a évoqué le passage à la VIe République, l’Etat impartial, la nécessité d’avoir «une Europe qui fonctionne», autant de thèmes sur lesquels elle est en accord avec François Bayrou, le candidat malheureux de l’UDF. Avant le débat télévisé qui doit l’opposer à Nicolas Sarkozy, le 2 mai au soir, Ségolène Royal s’est offert un petit bain de ferveur populaire en plein air. Des conditions idéales pour appeler au rassemblement.



par Valérie  Gas

Article publié le 01/05/2007 Dernière mise à jour le 01/05/2007 à 19:07 TU

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