Présidentielle 2007

Sarkozy a du pain sur la planche

Après une courte pause, Nicolas Sarkozy doit former son gouvernement et préparer les législatives.
(Photo : Reuters)

Elu le 6 mai, Nicolas Sarkozy doit entrer en fonction le 16. Entre ces deux dates, le nouveau président de la République a décidé de faire une pause de quelques jours hors de Paris pour s’investir de sa nouvelle mission et préparer la formation de son gouvernement. Une fois qu’il aura une équipe en ordre de bataille, il devra préparer les élections législatives et la mise en œuvre des premières réformes qu’il a annoncées.

D’abord des vacances. La passation de pouvoir entre l’ancien et le nouveau président aura lieu le plus tard possible, la veille du jour où le mandat de Jacques Chirac doit prendre fin. C’est donc seul que celui-ci assistera pour la dernière fois aux cérémonies de commémoration de la victoire contre l’Allemagne, le 8 mai. Nicolas Sarkozy a choisi de se laisser un peu de temps pour souffler. Enfin pour faire la transition de la campagne au gouvernement sans pression, loin de Paris. Peut-être en Corse. Nicolas Sarkozy va profiter de cet intermède pour se mettre dans l’état d’esprit adéquat pour aborder sa nouvelle mission. Mais il va aussi peaufiner avec ses collaborateurs la constitution de son équipe gouvernementale.

D’ores et déjà deux noms circulent comme favoris pour devenir Premier ministre : François Fillon et Jean-Louis Borloo. Au total, le gouvernement ne devrait pas compter plus de quinze ministres et devrait être formé d’autant de femmes que d’hommes. Les critères de sélection seront très simples selon Claude Guéant, le directeur de campagne du candidat Sarkozy. Les ministres devront être «talentueux, capables de gérer» et devront exprimer «un renouveau de la vie politique». On peut donc s’attendre à un mélange de têtes d’affiches et de nouveaux venus. Les ministres délégués et les secrétaires d’Etat ne seront pas nommés immédiatement. Ils ne devraient être connus qu’après les élections législatives, organisées les 10 et 17 juin prochains.

Faire après, tout ce qu’il a dit avant

Cette étape sera bien évidemment déterminante pour le nouveau président de la République. Car pour mettre en œuvre son programme de gouvernement, il aura besoin d’une majorité solide à l’Assemblée nationale. Nicolas Sarkozy a, en effet, prévu d’aller vite pour faire passer un certain nombre de réformes qu’il a annoncées durant la campagne électorale. Lui qui s’est engagé à faire après, tout ce qu’il a dit avant et a fait de sa capacité à faire la politique autrement un argument clef, sera attendu au tournant s’il ne respecte pas ses engagements de campagne.

Nicolas Sarkozy a déjà donné des indications sur ses priorités. Il a affirmé qu’il rencontrerait les partenaires sociaux pour discuter avec eux de l’organisation de quatre conférences au mois de septembre. Elles porteront sur l’égalité salariale entre hommes et femmes, la flexisécurité et l’adoption d’un contrat de travail unique, l’amélioration des conditions de travail et la lutte contre le stress, et enfin la démocratie sociale. Le nouveau président a aussi mis à son agenda, l’établissement du service minimum dans les transports publics. Il a estimé que s’il y avait un accord sur les modalités de mise en œuvre, cette réforme pourrait intervenir très vite. Sinon, elle devrait faire l’objet d’un projet de loi dès l’été.

Les députés seront, en effet, convoqués en session extraordinaire au mois de juillet pour permettre au nouveau gouvernement d’avancer. Ils auront à leur ordre du jour le dossier des réformes fiscales. L’une des mesures phares de Nicolas Sarkozy consiste, en effet, à défiscaliser les heures supplémentaires pour permettre aux salariés de gagner plus en travaillant plus. Il a aussi promis de supprimer les droits de succession pour donner la possibilité aux Français de transmettre à leurs enfants le patrimoine acquis au cours d’une vie de travail. Il devrait de la même manière faire passer une mesure pour permettre des déductions d’impôts sur les intérêts bancaires pour l’achat d’un appartement. Nicolas Sarkozy a affirmé qu’il désirait faire de la France un pays de propriétaires. Les députés auront encore à examiner la nouvelle loi sur l’immigration proposée par Nicolas Sarkozy, qui visera notamment à durcir les conditions d’entrée des étrangers en France et à établir de nouveaux critères en matière de regroupement familial (logement, ressources, maîtrise de la langue française). La lutte contre la délinquance fait partie des sujets définis comme prioritaires par le nouveau président. Il s’est donc engagé à faire passer très vite une réforme instaurant notamment des peines plancher pour les multirécidivistes.

Europe et Afrique, d’abord

Lors de son allocution de dimanche soir, après l’annonce des résultats de l’élection, Nicolas Sarkozy a renouvelé son engagement à faire de la lutte contre le réchauffement climatique «son premier combat». Il devrait commencer à préparer, dès les premiers jours de sa prise de fonction, l’organisation d’un «Grenelle de l’environnement». Cette conférence devrait réunir tous les acteurs importants dans ce domaine (ONG, industriels, partenaires sociaux) pour débattre des enjeux et des politiques nécessaires.

Nicolas Sarkozy n’attendra pas non plus pour s’atteler à la relance de la construction européenne. Il devrait réaliser dès sa première semaine à l’Elysée une visite symbolique de ce point de vue à Bruxelles et à Berlin. Il a aussi annoncé son intention de se rendre en Afrique rapidement. Immigration, développement, Darfour seront les dossiers prioritaires qu’il devra aborder avec les partenaires de la France dans cette région. Nicolas Sarkozy sait qu’il est très attendu sur ces questions.

par Valérie  Gas

Article publié le 07/05/2007 Dernière mise à jour le 07/05/2007 à 10:46 TU