Présidentielle 2007
Les premières réformes : économiques et sociales
(Photo : AFP)
Fort de sa victoire, Nicolas Sarkozy, a désormais toute latitude pour engager les réformes économiques promises lors de sa campagne. Le président de la République élu se fixe comme objectif prioritaire d’atteindre le plein emploi d’ici à la fin du quinquennat, soit parvenir en cinq ans à un taux de chômage inférieur à 5%. Celui qui se présente comme l’homme du changement veut remettre la France sur les rails de la croissance. En effet, Nicolas Sarkozy table sur une croissance de 2,25% par an en libérant du travail pour permettre à «ceux qui veulent travailler plus, de gagner plus». Il devrait préparer dès son accession au pouvoir, quatre conférences prévues en septembre avec les partenaires sociaux, sur l’égalité salariale entre hommes et femmes, la réforme de l’assurance chômage, les conditions de travail et la représentativité des syndicats.
Dès juillet prochain, Nicolas Sarkozy fera adopter l’une des mesures phare de son programme, l’exonération de charges sociales et d’impôt sur les heures supplémentaires. Sans abolir la loi sur les 35 heures instaurée par les socialistes, il a promis que les heures supplémentaires seront exonérées de charges sociales (salariales et patronales) et rémunérées au moins 25% de plus que les heures normales. Cette mesure est, selon lui, un moyen de relancer la machine économique tout en donnant un coup de pouce au pouvoir d’achat.
La question cruciale du financement
Dans le domaine social, Nicolas Sarkozy souhaite simplifier le droit du travail, en instaurant un contrat unique pour remplacer les actuels CDD (contrat à durée déterminée) et CDI (contrat à durée indéterminée), avec des droits sociaux progressifs et des procédures de licenciement facilitées. Son objectif est de sécuriser le licenciement pour le chef d’entreprise, tout en réduisant le coût et la période de contestation juridique. La sécurité sociale professionnelle sera également instaurée. Elle devrait permettre un nouvel accompagnement des personnes licenciées économiquement qui seront rémunérées à 90% de leur ancien salaire. Toujours au chapitre social, que ce soit en juin ou en décembre, un autre texte sera inscrit à l’ordre du jour des députés. Celui de l’instauration d’un service minimum pour les transports publics en cas de grève.
Si l’incitation au travail est le premier axe clé de sa politique économique, l’allègement de la fiscalité est l’autre priorité de Nicolas Sarkozy. Pour les particuliers, le futur président de la République prévoit d’abaisser le bouclier fiscal de 60% à 50% des revenus en y intégrant la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Sur l’ISF, les sommes réinvesties dans les PME seront déduites de l’impôt acquitté dans la limite de 50 000 euros. Qualifiant d’«aigu» le problème du logement, le chef de l’Etat prévoit dès son entrée en fonction de mettre en place la déduction de l’impôt sur le revenu des intérêts d’emprunts contractés pour l’achat de sa résidence principale. Il prévoit aussi la suppression des droits de succession pour 90% à 95% des ménages français.
Pour engager ses réformes, Nicolas Sarkozy veut aller vite. Ces premières mesures vont êtres prises dès juillet prochain, probablement sous la forme d’une loi de Finances rectificative. En février dernier, l’UMP a évalué son projet à 31,7 milliards d’euros net sur l’ensemble de la législature, dont 15 milliards d’euros d’allègements d’impôts et de charges déjà actés pour 2008. Ainsi l’exonération des heures supplémentaires est évaluée à 4,6 milliards d’euros. L’abaissement du bouclier fiscal revient à 4 milliards. Le coût de la suppression des droits de succession est évalué à 5 milliards d’euros et la déduction des intérêts des prêts immobiliers à 2 milliards d’euros. Ces baisses d’impôts vont rendre le redressement des comptes plus difficile. D’autant que Nicolas Sarkozy s’est fixé pour objectif de ramener la dette publique sous les 60% du PIB d’ici à 2012. Selon lui, la réponse se trouve dans la réduction des effectifs des fonctionnaires, avec le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux. Mais on peut aussi s'attendre, selon les analystes, à une «pause» dans la promesse de réduction de la dette.
par Myriam Berber
Article publié le 07/05/2007 Dernière mise à jour le 07/05/2007 à 15:00 TU