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Présidentielle 2007

Le PS dans tous ses états

 Plusieurs «éléphants» du Parti socialiste reprochent à Ségolène Royal d'avoir mené une campagne personnelle. 

		(Photo : AFP)
Plusieurs «éléphants» du Parti socialiste reprochent à Ségolène Royal d'avoir mené une campagne personnelle.
(Photo : AFP)
L’annonce de la victoire de Nicolas Sarkozy sur Ségolène Royal a immédiatement sonné l’heure du bilan au Parti socialiste. Cette troisième défaite en trois présidentielles repousse encore d’une échéance électorale la perspective d’une alternance pour la gauche. Une situation que les ténors du Parti ont commenté sans attendre. Ils ont fait part de leurs critiques à la fois sur la campagne, la candidate, la stratégie du PS. Chacun essayant de se présenter comme une alternative. Mais Ségolène Royal n’a visiblement pas l’intention de s’effacer. Elle a annoncé, au contraire, qu’elle entendait rester sur le devant de la scène politique pour entretenir l’élan qu’elle a créé. La préparation des législatives s’annonce mouvementée.

Battue à 20 heures, Ségolène Royal a pris la parole à 20h03. La candidate socialiste a donc choisi de s’exprimer immédiatement. Elle ne l’a pas fait sur le mode de la contrition. Elle est arrivée face aux caméras à la Maison de l’Amérique latine, très souriante et apparemment détendue. Son allocution a été brève. Juste le temps de remercier les électeurs qui lui ont fait confiance et de se positionner pour la suite. Ségolène Royal ne conçoit visiblement pas son parcours de candidate comme une fin mais plutôt comme un début. Elle a, en effet, annoncé à ses partisans qu’elle continuait sur sa lancée : «Mon engagement et ma vigilance seront sans faille au service de l’idéal qui nous a rassemblé, qui nous rassemble et qui va j’en suis sûre nous rassembler demain pour d’autres victoires».

A ceux qui auraient espéré à gauche qu’elle laisse le flambeau, elle a donc répondu par avance qu’il n’en était pas question. Ségolène Royal a aussi indiqué dans quel sens elle désirait orienter son action : «Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières». Décidément, après avoir mené une campagne controversée dans son camp, la voilà qui continue à prendre l’initiative tous azimuts.

Strauss-Kahn tacle Hollande

Le contexte a néanmoins changé au soir du 6 mai. Ségolène Royal n’a pas à rougir de son parcours face à Nicolas Sarkozy même si l’écart entre les deux candidats est important (6 points). Elle n’a pas réussi son pari d’ouverture vers le centre pour séduire les électeurs de François Bayrou entre les deux tours (ils ont été moins nombreux à voter pour elle que pour Nicolas Sarkozy), mais elle parvient tout de même à se retrouver pratiquement sur les mêmes bases que Lionel Jospin face à Jacques Chirac en 1995. Celui-ci avait obtenu 47,4% des suffrages exprimés contre 52,6. Elle peut aussi s’enorgueillir d’avoir contribué à provoquer l’engouement des Français pour cette élection où la participation a été massive. Mais aussi à mobiliser un grand nombre de nouveaux adhérents pour le Parti socialiste.

C’est peut-être pour toutes ces raisons que l’attaque sans concession de Dominique Strauss-kahn, dimanche soir, ne l’a pas prise pour cible directement mais s’est plutôt adressée à son conjoint, François Hollande. Il a déclaré : «Jamais la gauche n’a été aussi faible et pourquoi (…) Parce que la gauche française n’a toujours pas fait sa rénovation». A l’entendre, depuis la défaite de Lionel Jospin en 2002, le Parti socialiste n’a pas repris son souffle. Et Dominique Strauss-Kahn n’a pas caché que la responsabilité en incombait essentiellement, de son point de vue, au Premier secrétaire du PS. Dans la foulée, il a indiqué qu’il était «disponible» pour mener le renouveau dans le sens de la social-démocratie qu’il a toujours appelé de ses vœux.

Laurent Fabius n’a pas été en reste dans l’exercice du bilan critique. Mais il s’est, pour sa part, plutôt concentré sur la candidate malheureuse. L’ancien Premier ministre, qui avait lui aussi posé sa candidature à l’investiture socialiste pour la présidentielle, a déclaré : «Je dis toujours que la victoire ne peut être que collective, que la gauche c’est le ‘nous’ pas le ‘je’ ». Une manière d’attaquer la campagne très personnelle menée par Ségolène Royal. Il a lui aussi appelé à une «refondation et un rassemblement». Mais il a mis en garde : «Il ne faut pas confondre sa gauche et sa droite».

Des confrontations en perspective

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Parti socialiste ne sort pas indemne de cette élection et que la préparation des législatives du mois de juin ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. François Hollande directement mis en cause a réagi en affirmant qu’il ne tolérerait pas de «règlements de compte». Il a reconnu qu’il y avait «sans doute des décisions à prendre» tout en précisant que ce n’était pas le moment. La question qui est donc posée maintenant est de savoir qui va mener la campagne pour les législatives et sur quelles alliances les socialistes vont tabler. Choisiront-ils le centre ou la gauche plurielle ? Comment le Parti socialiste va-t-il se positionner par rapport au Mouvement démocrate, la nouvelle formation centriste dont François Bayrou a annoncé le lancement prochain ? Aucune de ces questions n’est tranchée pour le moment. Mais à n’en pas douter, il y aura de rudes confrontations de points de vue au sein de l’état-major socialiste.

par Valérie  Gas

Article publié le 07/05/2007 Dernière mise à jour le 07/05/2007 à 15:48 TU

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