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Serbie

Un ultranationaliste à la tête du Parlement

L’ultranationaliste Tomislav Nikolic, du Parti radical serbe (SRS), a été élu président du Parlement serbe par 142 voix sur 250 députés, après plus de quinze heures de débats houleux. Le chef des ultranationalistes disposait des 81 voix de son parti qui, arrivé en tête aux législatives du 21 janvier, est la première formation représentée au Parlement. Tomislav Nikolic a reçu le soutien du Parti socialiste de l’ancien président Slobodan Milosevic, mais aussi celui du Parti démocratique de Serbie (DSS) du Premier ministre sortant, Vojislav Kostunica. Ce nouvel épisode est la suite logique de l'échec des réformateurs pro-européens à former un nouveau gouvernement.


Tomislav Nikolic, le candidat ultranationaliste serbe.  

		(Photo : Reuters)
Tomislav Nikolic, le candidat ultranationaliste serbe.
(Photo : Reuters)

Lors de son élection à la présidence du Parlement serbe, Tomislav Nikolic portait un badge au revers de sa veste à l’effigie de Vojislav Seselj, le président du Parti radical serbe, jugé à La Haye, par le tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie pour crimes de guerre. Numéro deux de son parti, Tomislav Nikoli, vient de remporter une nouvelle victoire symbolique. Il avait déjà réussi à faire de son parti la première force politique du pays lors des élections de janvier dernier. Aujourd’hui, il devient la deuxième personnalité serbe en importance en obtenant la présidence du Parlement face à Milena Milosevic, la candidate du Parti démocratique (DS) du président pro-européen Boris Tadic. Elle n’a obtenu que 99 voix.

Dans ses premières déclarations, juste après son élection, Tomislav Nikolic s’est voulu rassurant, affirmant «qu’il n’était pas un danger pour la Serbie» et qu’il ne souhaitait «aucunement participer au gouvernement». Il a précisé que le soutien dont il a bénéficié de la part du parti du Premier ministre sortant, Vojislav Kostunica, ne concernait que son élection à la présidence du Parlement.

Pourtant, l'accession à la tête du Parlement de Tomislav Nikoli suscite l’inquiétude de l'Union européenne (UE) Le commissaire européen à l'Elargissement, Olli Rehn, voit dans cette élection un «signe inquiétant», et a appelé le premier ministre sortant Vojislav Kostunica à «faire un dernier effort pour former un gouvernement, parce que c’est la volonté des électeurs», a estimé le responsable européen.

La Serbie traverse une profonde crise politique. Plus de trois mois et demi après les élections législatives, le 21 janvier dernier, qui n’ont pas permis de dégager une majorité claire, le pays n’a toujours pas de gouvernement. Et pourtant, il reste à peine quelques jours aux différentes forces politiques pour se mettre d’accord pour la formation du futur exécutif. En effet, le 14 mai prochain est la date limite fixée par la Constitution pour la formation du nouveau gouvernement, sans quoi un nouveau scrutin devra être organisé.

Le président, le Premier ministre et le TPI

Un bras de fer oppose le Premier ministre sortant Vojislav Kostunica, un nationaliste modéré, au président pro-européen, Boris Tadic.Les négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement ont échoué le week-end dernier et les deux hommes se rejettent la responsabilité de cet échec.

Les négociations achoppent sur le problème de la coopération avec la justice internationale, question-clé pour l’intégration de la Serbie à l’UE a déclaré vendredi le président Tadic. «Cela fait un an qu'il n'y a pas de négociations avec l'Union européenne (...) en raison du manque de coopération avec le tribunal de La Haye», a-t-il  souligné en rejetant la faute sur le précédent gouvernement. «Je ne laisserai pas (le procureur du TPI) Carla Del Ponte gouverner mon pays», lui aurait répliqué, d’après la presse, Vojislav Kostunica.

De profondes divergences persistent notamment sur la question du contrôle du ministère de l’Intérieur et des services secrets, qui ont pour charge, entre autres, de rechercher et capturer les anciens responsables accusés de crimes de guerre par la justice internationale.

Vojislav Kostunica, qui entend se maintenir au poste de Premier ministre dans le nouveau gouvernement, veut avoir le contrôle de la police et des services secrets, contrairement à la volonté du président Tadic. Vojislav Kostunica a été très critiqué pour n’avoir pas arrêté le général Ratko Mladic, l'ancien commandant de l'armée pendant la guerre de Bosnie (1992-1995), accusé de génocide par le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Pour exercer des pressions sur le précédent gouvernement Kostunica, l’UE avait suspendu, en mai 2006, les négociations de rapprochement avec Belgrade en vue, à terme, de son adhésion.

Le Haut représentant pour la diplomatie de l'UE, Javier Solana, dit avoir tenté une médiation à distance, mais sans succès. La tension politique est à son comble et au Parlement, pendant les longues heures de discussions pour l’élection du président du Parlement, les débats ont très vite dégénéré, avec des insultes fusant de part et d’autre, de «menteur» à «pion de l’Occident».

Pour certains dirigeants politiques serbes, l’élection de Tomislav Nikolic à la présidence du Parlement signifie un retour à l’isolement et au nationalisme des années 1990. Les radicaux qui s’opposent à la volonté du président Tadic d'obtenir l’adhésion de la Serbie à l’UE et à l’Otan, sont les héritiers politiques de l’ancien président Slobodan Milosevic, mort en prison en mars 2006, alors qu’il était jugé pour crimes de guerre et contre l’humanité pour son rôle dans les guerres en Croatie, Bosnie et Kosovo pendant les années 1990.



par Elisa  Drago

Article publié le 08/05/2007 Dernière mise à jour le 08/05/2007 à 15:04 TU