Politique française
Gouvernement : Sarkozy cherche la «rupture»
(Photo : Reuters)
Nicolas Sarkozy veut un premier gouvernement qui lui ressemble et qui rassemble. Son objectif affiché est d’obtenir la meilleure équipe possible, pas de distribuer des «biscuits» gouvernementaux à tous ceux qui l’ont aidé à accéder à l’Elysée. Il ne veut pas, semble-t-il, refaire l’erreur de certains de ses prédécesseurs, Jacques Chirac en tête, qui ont considéré la formation du gouvernement comme la meilleure manière de récompenser les fidèles. Après avoir prôné la rupture, le nouveau président de la République semble au moins décidé à tenter de changer les habitudes dans ce domaine. Une manière de commencer à réformer le fonctionnement de l’Etat.
Pour y parvenir, Nicolas Sarkozy doit donc d’abord tenir son engagement de ne nommer que quinze ministres, mais aussi de limiter le nombre des ministres délégués et des secrétaires d’Etat qui seront désignés après les législatives. Il doit ensuite distribuer les portefeuilles à autant d’hommes que de femmes. Le respect de ces deux impératifs le forcera donc déjà à sacrifier un certain nombre de ses proches. Mais surtout, Nicolas Sarkozy a pris le parti d’essayer de se réapproprier la problématique de l’ouverture politique au-delà des frontières partisanes, en sollicitant des personnalités au centre, mais aussi à gauche de l’échiquier politique. Et de fait, s’il y parvient, le nombre de postes disponibles pour ses fidèles sera limité d’autant. Ce serait donc la rançon de l’efficacité, car Nicolas Sarkozy a clairement dit aux députés UMP, qu’il a rencontrés il y a quelques jours, qu’il s’agissait de son principal objectif.
Des «surprises»
Depuis son retour à Paris après son escapade maltaise, le nouveau président de la République consulte donc énormément avec l’aide de deux membres de son équipe de campagne : François Fillon, qui devrait selon toute probabilité devenir Premier ministre, et Claude Guéant, qui pourrait prendre le poste de secrétaire général de l’Elysée. Du côté de la majorité présidentielle, certains noms de «ministrables» reviennent avec insistance. Parmi les femmes qui pourraient être retenues, on trouve bien sûr Michèle Alliot-Marie mais aussi Valérie Pécresse, Rachida Dati, Roselyne Bachelot, Christine Lagarde… Pour les hommes, Jean-Louis Borloo, Xavier Bertrand, Alain Juppé… semblent pré-positionnés, de même que des UDF ralliés à Nicolas Sarkozy comme Gilles de Robien ou Hervé Morin.
A gauche, des contacts ont été pris avec Hubert Védrine (ancien ministre socialiste des Affaires étrangères), Claude Allègre (ancien ministre socialiste de l’Education nationale), Anne Lauvergeon (actuelle présidente d’Areva et ancienne conseillère de François Mitterrand), ou Bernard Kouchner (ancien ministre socialiste de la Santé). Certains représentants de la société civile pourraient aussi être sollicités : le président d’Emmaüs-France, Martin Hirsch, ou l’avocat Arno Klarsfeld, par exemple.
Des ministères redécoupés
Au moins quelques-unes de ces personnalités figureront vraisemblablement dans la liste finale, mais on ne peut rien affirmer avec certitude avant l’annonce officielle qui devrait intervenir entre le vendredi 18 et le lundi 21 mai au plus tard. D’autant que l’entourage de Nicolas Sarkozy insiste sur le fait qu’il pourrait y avoir des «surprises». Est-ce sur le «casting» du gouvernement que le nouveau président entend surprendre ? Peut-être. Ou est-ce sur le redécoupage des ministères ? Cela n’est pas exclu. Car Nicolas Sarkozy devrait aussi mettre en œuvre sa «rupture» sur ce plan.
La principale innovation prévue concerne le ministère de l’Economie et des Finances, surnommé Bercy. Il pourrait être scindé en deux, avec d’un côté la Stratégie économique et l’Emploi, et de l’autre les Finances et les Comptes fiscaux et sociaux. Une autre innovation est envisageable : la création d’un super ministère du développement durable. Le détenteur de ce nouveau portefeuille transversal pourrait avoir dans sa compétence l’industrie, les transports et peut-être même l’agriculture. Nicolas Sarkozy a aussi évoqué pendant la campagne la création d’un grand ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. Après la polémique provoquée par cette proposition, nul doute que le choix du détenteur de ce ministère devra faire l’objet du plus grand soin. Encore quelques jours de suspens.
par Valérie Gas
Article publié le 14/05/2007 Dernière mise à jour le 14/05/2007 à 13:20 TU