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Cinéma

Cannes, année 60

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La Croisette met les petits plats dans les grands. Pour ses 60 ans, le festival de Cannes fera le plein de stars et de paillettes avec en prime, anniversaire oblige, une soirée un peu spéciale le 20 mai prochain autour de 35 réalisateurs, pas moins. Pour autant, le festival évite l’écueil de l’auto-célébration en plaçant cette édition «toute ronde» sous le signe de l’ouverture et de la vitalité. «Nous avons voulu mêler héritage et modernité, grandes signatures et jeunes pousses», affirmait Gilles Jacob, le président du festival, en avril dernier en dévoilant la liste des heureux élus. Et effectivement la course à la Palme d’or place sur la ligne de départ, vieux routiers de la Croisette à l’instar d’Emir Kusturica, déjà vainqueur par deux fois, et metteurs en scène qui font leurs premiers pas en sélection officielle, lesquels sont d’ailleurs plus nombreux : 13 sur 22. Du 16 au 27 mai, la promesse de dix jours entre glamour et cinéphilie.


Comment fêter la 60e édition du festival de Cannes sans se répéter ? Pour les 50 ans, la direction du festival avait convoqué sur la même scène toutes les Palmes d’or. Dix ans plus tard, trente cinq réalisateurs, parmi lesquels des Palmes d’or mais pas seulement, se retrouvent au générique d’un seul et même film, en réalité une succession de courts-métrages de trois minutes chacun ayant pour thème, la salle de cinéma. La salle dans son acception la plus large, ainsi du Canadien David Cronenberg qui a choisi de placer sa caméra dans les toilettes. Non moins facétieux, le vétéran du casting, et même du 7e Art en général, Manoel de Oliveira. Le bientôt centenaire réalisateur portugais a fait le choix du…muet. Chacun son cinéma, titre de cette œuvre collective, réunit également les frères Dardenne, les frères Coen, Lars von Trier, Nanni Moretti, Wim Wenders, Roman Polanski, Gus Van Sant, ou encore, rare femme présente au générique, Jane Campion. Cette prestigieuse affiche est attendue, en chair et en os, sur la Croisette, le 20 mai prochain, date de la projection-anniversaire.

Ouverture à l’Est et aux jeunes

Palme d'or du festival de Cannes en 1995. DR
Palme d'or du festival de Cannes en 1995.
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Mieux qu’une cerise sur le gâteau, ce cadeau réaffirme la primauté de la salle. Et du film d’auteur. En cela, la 60e édition du festival de Cannes ne déroge pas à la règle. Sur les 22 films en lice pour la Palme d’or, 13 sont l’œuvre de cinéastes qui feront leurs premiers pas à pareille altitude. Ce qui s’appelle, pour reprendre l’expression de Thierry Frémeaux, le directeur artistique du festival, «mettre des noms nouveaux sur la carte géographique et esthétique». Et accessoirement faire la preuve qu’on peut avoir 60 ans et demeurer dans le vent. D’où cette audacieuse proportion de sang neuf qui irrigue, par exemple, l’inédite sélection française composée de Catherine Breillat, Christophe Honoré et Julian Schnabel. Trois des cinq représentants de ce que l’on pourrait appeler l’Europe occidentale avec, également pour la première fois dans la cour des grands, l’Autrichien Ulrich Seidl et l’Allemand d’origine turque, Fatih Akin. Car cette 60e édition confirme une tendance qui se dessine depuis maintenant deux ou trois ans : le retour du cinéma «Mittel Europa». Aux côtés du vétéran russe, Alexandre Sokourov et du multi-palmé, le serbe Emir Kusturica, figurent le jeune Russe, Andrey Zvyagintsev, le Hongrois Béla Tarr et le Roumain, Christian Mungiu. Face au bloc européen qui fait la part belle aux nouveaux venus, le meilleur du cinéma américain avec notamment Gus van Sant, les frères Ethan et Joel Coen, Quentin Tarantino, David Fincher et James Gray. Quant au continent asiatique, il sera représenté par la Japonaise Naomi Kawase, les Coréens Lee Chang-dong et Kim Ki-duk et le Chinois de Hong Kong, Wong Kar-wai dont le film My Blueberry Nights – qui verra les débuts au cinéma de la chanteuse Norah Jones – sera projeté en ouverture du festival, le 16 mai. Moins à l’aise en smoking et nœud papillon, le Franco-israélien, Raphaël Nadjari qui défendra les couleurs israéliennes tandis que l’auteure de bande-dessinée Marjane Sartrapi qui a transposé sur grand écran son album, Persépolis, concourra sous la bannière franco-iranienne. Enfin, en guise d’unique représentant du continent sud-américain, le Mexicain Carlos Reygadas, de nouveau sélectionné deux ans après le très controversé Bataille dans le ciel.

Sexy braqueurs et enquêteur de poids

Un des quatre films hors compétition. DR
Un des quatre films hors compétition.
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Cette très officielle sélection ne serait pas complète sans les films projetés «hors compétition». Ils sont au nombre de quatre : Sicko de l’Américain Michael Moore qui avec ce nouveau documentaire sur le système de santé américain endossera le rôle de trublion de service, A mighty heart du Britannique Michael Winterbottom avec la très «people» Angelina Jolie, L’âge des ténèbres du Canadien Denys Arcand, présenté en clôture du festival et, last but not least, Ocean’s thirteen de Steven Soderbergh, la touche indiscutablement glamour de cette 60e édition avec le défilé probablement le plus sexy de l’affiche 2007 : bras dessus-bras dessous, George Clooney, Matt Damon, Brad Pitt et Andy Garcia. Le 24 mai prochain, la Croisette a toutes les chances de verser dans l’hystérie. Braquage de cœurs assuré ! Pour ce qui est des révélations, pas de doute, c’est plutôt dans la sélection «Un certain regard», forte de 20 films dont 7 premiers, qu’il faudra faire son marché. L'invitation vaut aussi pour les sections parallèles. Honneur à la doyenne, la Semaine internationale de la critique, 46e du nom et qui propose 7 longs-métrages et 8 séances spéciales avec comme invité d’honneur, l’acteur mexicain Gael Garcia Bernal qui présentera son premier film en tant que réalisateur, Deficit. Enfin, la Quinzaine des réalisateurs qui depuis trois ans se veut le versant Off du festival propose, pour sa 39e édition, 23 films en compétition.

Les hommes et femmes du président

Stephen Frears, président du jury. (Photo : AFP)
Stephen Frears, président du jury.
(Photo : AFP)

Classique ou inédite, esthétique ou politique ? Quelle sera la tendance de la Palme d’or 2007 ? Une chose est sûre, sur le papier, le jury présidé par le sexagénaire réalisateur britannique Stephen Frears fait saliver. A la fois équilibré et compétent, il réunit, dans un souci de parité exemplaire, 4 femmes et 4 hommes. Au rayon dame, l’actrice et réalisatrice portugaise Maria de Medeiros, la comédienne canadienne Sarah Polley qui vient de passer à la réalisation, la star chinoise Maggie Cheung et l’actrice australienne Toni Colette. Côté messieurs, le réalisateur mauritanien Abdrahmane Sissako côtoiera son confrère italien, Marco Bellocchio, l’acteur et réalisateur français Michel Piccoli et le prix Nobel de littérature, le Turc Orhan Pamuk. Le genre de compagnie dont on attend qu’elle fasse des étincelles, qu’elle surprenne, qu'elle ose. L’espoir est en tout cas permis si l’on en juge par le travail de l’irrévérencieux sujet de Sa Majesté appelé à arbitrer, un Stephen Frears qui, depuis My beautiful Laundrette, n’a jamais manqué une occasion de jouer la carte de la provocation.

Avec pareille affiche devant et sur l’écran, la concurrence s’annonce rude pour le nouveau locataire de l’Elysée qui recevra les clés de la maison présidentielle le 16 mai précisément, jour de l’ouverture du 60e festival de Cannes. Histoire d’être dans le «mood» d’une édition qui réserve une place de choix aux nouveaux venus, il se dit que Nicolas Sarkozy pourrait descendre sur la Croisette pour fêter son premier mandat de chef de l’Etat français.



par Elisabeth  Bouvet

Article publié le 14/05/2007 Dernière mise à jour le 14/05/2007 à 16:47 TU

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