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Exposition

Le manuscrit du Titanic

(Source : Musée des lettres et manuscrit)
(Source : Musée des lettres et manuscrit)
Dans la nuit du samedi 14 au dimanche 15 avril 1912, le Titanic, réputé insubmersible, sombrait en quelques heures au large de Terre-Neuve, après avoir heurté un iceberg. Quelque 700 passagers seulement, sur les 2 200 personnes à bord, réchapperont du naufrage. Parmi eux, une Américaine, Helen Churchill Candee, qui a laissé un récit manuscrit des dernières heures vécues à bord du transatlantique. Un document inédit qui a inspiré le célèbre film de James Cameron et qui est présenté pour la première fois au public dans le cadre de l’exposition Titanic, au cœur de l’Océan organisée au musée des Lettres et Manuscrits à Paris.

Après avoir descendu les marches qui mènent à l’étage inférieur du musée, être passé sous un fronton métallique orné des lettres TITANIC ouvrant sur l’espace dédié à l’exposition, il faut encore écarter une tenture pour pénétrer dans une petite pièce où le scénographe a reconstitué une cabine du bateau et où est exposé ce document de 41 feuillets récemment acquis par le musée, le manuscrit d’Helen Churchill Candee.

«Titanic au cœur de l’Océan»

Page 17 du manuscrit d’Helen Churchill Candee narrant le naufrage du Titanic. C’est à cette page que le navire est heurté par l’iceberg, «<em>Then the shock came</em>». &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Source : Musée des lettres et Manuscrits)
Page 17 du manuscrit d’Helen Churchill Candee narrant le naufrage du Titanic. C’est à cette page que le navire est heurté par l’iceberg, «Then the shock came».
(Source : Musée des lettres et Manuscrits)

«Cette femme de lettres américaine, connue à son époque, et qui séjournait alors à Paris, avait pris place à bord du Titanic, lors de l'escale de Cherbourg, pour rejoindre son fils à New York, qui venait d’être victime d’un accident d’avion, explique Pascal Fulacher, commissaire de l’exposition. Le Titanic entamait, ce 12 avril 1912, son voyage inaugural. Rescapée, Helen Churchill Candee a tout d’abord écrit et publié un livre un peu romancé sur le naufrage, avant de rédiger pour ses proches un récit plus véridique, qui est resté dans les archives familiales avant d’être vendu récemment à Londres, lors d’une vente publique, que nous avons acheté et qui est donc exposé ici pour la première fois».

D’autres documents - une cinquantaine - figurent aux côtés de ce manuscrit, comme une lettre autographe signée de Edward Pomeroy, que ce passager de 1ère classe a envoyée quelques heures jours avant le naufrage à sa belle-sœur (Edie), ou ce télégramme en date du 15 avril 1912, adressé au sénateur de Virginie, James Anthony Hugues, mystérieusement signé «White Star Line» et qui indique que «le Titanic se dirige vers Halifax…» (ce port de la Nouvelle-Ecosse, au Canada, au large duquel plus de 300 corps seront repêchés après le naufrage). Sont également exposés le plan des cabines du Titanic, des coupures de presse ou des journaux de l’époque, des affiches, des objets. Cette catastrophe majeure de l’histoire de la navigation maritime a également inspiré des artistes, notamment des cinéastes : avant le Titanic de James Cameron – dont la mélodie musicale en boucle sert de fond sonore à l’exposition – une affiche rappelle qu’il y eut notamment le film britannique A Night to remember réalisé en 1958, d’après le livre homonyme de Walter Lord publié en 1955. Basé sur les témoignages de six survivants le livre avait eu beaucoup de succès.

Le Musée des lettres et manuscrits

(Photo : D. Birck / RFI)
(Photo : D. Birck / RFI)

L’exposition Titanic au cœur de l’océan est aussi l’occasion de découvrir ce musée, installé depuis 2004 dans une demeure du XVIIe au cœur de Paris, entre la Seine et le Boulevard Saint-Germain. «Seul musée de ce genre en France, souligne Pascal Fulacher, il avait naturellement sa place dans le quartier du livre, des éditeurs, de l’écrit». Quelque 300 documents originaux constituent son fonds permanent : lettres manuscrites d’écrivains, de Voltaire à Jacques Prévert ou Jean Cocteau; de scientifiques, comme Einstein ou Marie Curie; d’artistes, comme Berlioz, Toulouse-Lautrec ou Marie Laurencin; de chanteurs, avec la signature autographe d’Edith Piaf au bas du programme d’un récital; d’hommes politiques, ainsi que des documents historiques de la monarchie jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

Un manuscrit de la peintre Marie Laurencin. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Musée des lettres et manuscrits)
Un manuscrit de la peintre Marie Laurencin.
(Photo : Musée des lettres et manuscrits)

Des documents de différentes provenances, empruntés à des institutions, comme la bibliothèque historique de Paris, des collectionneurs ou des particuliers détenteurs de certains documents. Gérard Lhéritier, fondateur et directeur du musée, étant lui-même collectionneur spécialisé notamment dans les documents sur le siège de Paris en 1870. Rien d’étonnant, donc, à ce que cette période, courte mais particulièrement dramatique, de l’histoire de France soit bien représentée dans les vitrines du musée.

Des «boules de Moulins»…

Une «boule de Moulins». &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : D. Birck / RFI)
Une «boule de Moulins».
(Photo : D. Birck / RFI)

«Paris est assiégée par les Prussiens pendant près de 4 mois. Sans aucune communication possible avec l’extérieur, explique Pascal Fulacher, (…) le problème de la correspondance est très partiellement résolu avec les ballons, une quarantaine va réussir à s’envoler vers la province. Sur deux vitrines sont exposées ces correspondances, des lettres-journaux acheminées par ballon ou dans le sens province/Paris par ce qu’on appelle les "boules de moulins" : une boule métallique dans laquelle on enfermait du courrier et qui une fois soudée et rendue étanche – tout ceci réalisé dans la ville de Moulins – était jetée en amont de la Seine et qui, grâce à un système d’ailettes, suivait le courant et était repêchée par les Parisiens».

… au message «top secret» du général Eisenhower

L'ordre de cessez-le-feu envoyé le 7 mai 1945 par le général Eisenhower. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Source : Musée des lettres et manuscrit)
L'ordre de cessez-le-feu envoyé le 7 mai 1945 par le général Eisenhower.
(Source : Musée des lettres et manuscrit)

«Un document très émouvant du général Eisenhower donnant l’ordre de cessez-le-feu qui va mettre fin à la Seconde Guerre mondiale. Un document top secret parmi les 30 ou 40 envoyés aux états-majors le 7 mai 1945 et qui n’a pas été détruit à sa réception, comme il aurait dû l’être…» et les visiteurs ne peuvent que s’en féliciter.

Des visiteurs dont le nombre est passé de 400 à environ un millier par mois, depuis la création du musée en juin 2004, et cela notamment grâce aux expositions thématiques, de Jean Cocteau à Calamity Jane...



par Danielle  Birck

Article publié le 27/05/2007 Dernière mise à jour le 27/05/2007 à 19:43 TU